Article rédigé par Thomas Flichy de La Neuville, le 09 août 2014
Non contents d’être rentrés à Qaraqosh, après avoir massacré les populations chrétiennes, les miliciens de l’État islamique d’Irak ont accru leur pression sur les champs de pétrole du Kurdistan. Ils pourraient toutefois se heurter, au sud du gisement de Kirkouk, aux populations Yézidi, qui viennent de recevoir l’appui des États-Unis.
Après de nombreux massacres de populations chrétiennes, les miliciens de l’EIIL ont pris le contrôle de Qaraqosh, capitale chrétienne de l’Irak, située dans la plaine de Ninive.
La prise de la ville s’explique en raison des erreurs stratégiques des Kurdes, qui assuraient la défense de la ville.
La violence inouïe des miliciens de l’EIIL entraîne actuellement l’émigration massive de 100.000 chrétiens. En proie à un véritable génocide, ceux-ci se dirigent à pied vers les villes du Kurdistan, notamment Erbil.
La manne pétrolière
La région du Kurdistan a des difficultés à faire face à cette situation humanitaire catastrophique. Il lui est également difficile d’assurer son autodéfense. Or l’EIIL accroît aujourd’hui sa pression sur le Kurdistan en raison de ses richesses pétrolières.
L’organisation terroriste revend d’ores et déjà du pétrole kurde à la Turquie mais entend conquérir d’autres installations, actuellement protégées par les peshmergas.
La région d’Erbil, disputée entre les Kurdes et l’EIIL suscite un intérêt particulier. La superposition de la carte des gisements pétroliers du nord de l’Irak et de celle des minorités montre très clairement que le foyer Yézidi situé au sud de Kirkouk, se présente comme un territoire tampon pouvant protéger les gisements pétroliers du nord contre les appétits de l’EIIL (cf. carte, infra).
Cette population de culture et de langue iranienne, qui pratique une religion issue du zoroastrisme, vient de recevoir l’aide logistique et militaire des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Pendant la Première Guerre mondiale, les Yézidis avaient déjà fait la preuve de leurs qualités guerrières en protégeant les chrétiens persécutés par les Turcs dans les montagnes.
Thomas Flichy de La Neuville est professeur à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
Cartes : Atlas des religions, DR.
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