Article rédigé par Denis Lensel, le 26 mai 2014
La nature a horreur du vide. La nature humaine aussi. C’est probablement ce qui explique en France, non pas tant le succès – relatif mais réel – du Front national aux élections européennes que l’effondrement du Parti socialiste et l’effritement de l’UMP, dans un contexte de désenchantement général entraînant 57% d’abstentions. Et en Europe, la poussée ici et là de formations politiques extrêmes voire extrémistes, et eurosceptiques, voire nettement hostiles à la « construction » supranationale de ces dernières années.
En France, depuis son arrivée au pouvoir en 2012, l’équipe du candidat par défaut du Parti socialiste, François Hollande remplaçant un DSK disqualifié, a énormément déçu jusqu’à nombre de ses propres électeurs : à part une grande créativité en matière de fiscalité abusive et des réformes sociétales néfastes pour l’avenir de la famille, elle n’a guère obtenu de résultats, face à une situation économique et sociale porteuse de chômage et de déclin de l’industrie, sur fond de bureaucratie et parfois aussi de corruption…
Quant à la droite libérale classique représentée surtout par l’UMP, elle est victime d’un manque d’unité et d’une absence de projet consistant pour l’avenir : les querelles de personnes l’ont désarticulée, la probité n’a pas toujours été aussi épargnée que certains intérêts personnels — sans parler de l'affaire Pygmalion —, et à part quelques cas isolés, la capacité de réflexion lui fait défaut.
À gauche comme à droite, un carriérisme individuel à très court terme cache mal une absence de sens du bien commun et de prévision pour les générations futures.
En Europe, les tribulations de la « zone euro », monnaie unique conçue sans harmonisation préalable des fiscalités nationales, les disparités entre pays et les délocalisations industrielles inquiètent beaucoup de citoyens. En outre, le refus obstiné des dirigeants politiques européens de faire la moindre mention des racines chrétiennes de l’Europe pourtant souvent rappelées par Jean-Paul II traduit de façon sinistre l’absence d’âme d’un « projet » politique dont les motivations ne sont plus que celles d’un matérialisme sordide, trop dominé par des puissances d’argent autopromues.
Le résultat est que le bateau européen est secoué par une tempête sans précédent, refoulé par des vents contraires ou bien ballotté par une houle d’euroscepticisme aux creux qui traduisent un terrible malaise. Jusqu’à la nausée. Et cela quand la violence meurtrière frappe soit aux portes de cette Europe malade, soit à Bruxelles, en plein cœur de sa capitale politique.
À l’heure où le pape François parle de la paix à Jérusalem, cette vieille Europe qui cherche difficilement des voies nouvelles montre aujourd’hui sa fragilité. Elle ne croit plus guère en cet héritage chrétien qui a fait son âme : ses peuples ne croient plus guère en elle…
D.L.
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