Article rédigé par Guillaume de Prémare, le 07 février 2014
Le report sine die du projet de la loi famille constitue un fait politique majeur. Pris entre le marteau de La Manif pour tous et l’enclume de sa majorité divisée, l’exécutif a fermé la porte au projet de loi. Oh certes rien n’est acquis. Il pourrait revenir par la fenêtre et par appartements. Mais les faits sont là, incontestables : c’est une bataille gagnée.
APRES le succès de la manifestation du 2 février, il se confirme que La Manif pour tous constitue probablement, aujourd’hui, la première force de mobilisation populaire en France. Et le retrait du projet de loi famille, dès le lendemain, donne raison à la stratégie politique de LMPT, il rend justice à sa clairvoyance et sa ténacité.
Un tournant majeur
Ce succès donne à La Manif une autorité et une légitimité nouvelles. LMPT affermit son leadership sur l’ensemble du mouvement social : le patron, c’est elle. Et elle acquiert dans le paysage public une stature tout à fait nouvelle. Elle est crédible, elle est crainte, elle compte, elle pèse, plus que jamais.
Mais la leçon la plus significative, c’est probablement que le rapport de force psychologique vient de changer. Les mouches ont changé d’âme, comme disent les commentateurs sportifs lorsqu’ils veulent signifier le tournant du match. À défaut du grand tournant, c’est au minimum un tournant majeur : c’est la première fois qu’une contestation populaire fait reculer concrètement le rouleau compresseur idéologique de la déconstruction anthropologique.
Une résistance anthropologique
Vous noterez que je parle d’anthropologie avant de parler de famille ou des droits des enfants. Si le sens de La Manif pour tous n’était que de défendre le mariage et la filiation, il est probable que le vote de la loi aurait fait rentrer chacun chez soi après le dernier baroud d’honneur du 26 mai.
Mais il s’agit d’une contestation profonde, il s’agit d’un mouvement historique durable de résistance anthropologique, de résistance au « Meilleur des mondes » qui nous est promis si nous laissons faire. Or, nous ne pouvons laisser faire, nous ne laisserons pas faire. C’est pourquoi les contestataires ont adopté ce cri de ralliement : « On ne lâche rien ! » Il ne s’agissait pas d’un “jusqu’au-boutisme“, mais d’une conscience politique aiguë de ce qui était en jeu sur la durée.
Tandis que La Manif pour tous préparait soigneusement sa “saison 2”, les Veilleurs ont admirablement entretenu la flamme dans la rue, et il a suffi de souffler pour qu’elle reprenne toute son ampleur. Et si elle a repris cette ampleur, ce n’est pas par la grâce d’un simple slogan, c’est parce que l’insoumission à la marche folle d’une post-modernité ivre s’est ancrée dans les consciences.
Un leadership confirmé
Cette conscience-là, cette vision politique, les dirigeants de LMPT l’ont depuis le premier jour. Ce ne sont pas de gentils idéalistes bien élevés, ce sont les leaders politiques d’une contestation majeure. Et ces seize derniers mois montrent que ce ne sont pas des manches. Ceux qui en doutaient peuvent aujourd’hui laisser parler les faits, après ce 2 février historique.
C’est l’histoire qui révèle les leaders, et non les commentateurs.
Guillaume de Prémare
Chronique prononcée sur Radio Espérance, le 7 février 2014
© Photo : LMPT/Bonnafont