L’ascenseur social de l’école française en mauvais état
Article rédigé par Denis Lensel, le 06 décembre 2013

L’école française n’est plus un moyen de promotion sociale. La démagogie et l’utopie « pédagogiste » l’ont mise en situation d’échec. L’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) menée tous les trois ans par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) donne de mauvaises notes au système scolaire français…

REALISEE dans 65 pays, elle constate que l’état de l’école en France s’est encore globalement « dégradé », et qu’il y a « beaucoup plus d’élèves en difficulté » par rapport aux années passées.

« Le système d’éducation français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était neuf ans auparavant et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006. » Les élèves issus d’un milieu défavorisé, notamment de l’immigration, « n’obtiennent pas seulement des résultats nettement inférieurs, ils sont aussi moins impliqués, attachés à l’école, persévérants, et beaucoup plus anxieux par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE ».

Pour un expert de l’organisation, « on a l’impression d’une fatalité »… Les résultats identiques entre 2000 et 2012 « masquent une augmentation significative » de l’écart entre les élèves très performants (passés de 9 à 13%) et les élèves peu performants (passés de 15 à 19%). Les inégalités démarrent dès la maternelle. En lecture, en 2009, la France faisait partie des pays où l’écart entre les élèves les plus forts et les plus faibles était le plus important. Et cet écart avait déjà augmenté de 5% entre 2000 et 2009. Depuis longtemps, environ 20 % des élèves arrivant en sixième ne savent pas réellement lire un texte, en en comprenant bien le sens, ni en écrire un clairement.

Un mal profond

Réflexe politicien, l’actuel ministre de l’Education nationale Vincent Peillon met en cause la politique menée ces dix dernières années par les « gouvernements de droite »… En réalité, au-delà même des critères de l’enquête PISA de l’OCDE, le mal de l’école française est plus profond : les racines en sont notamment la désastreuse méthode globale imposée dès le début des années soixante pour enseigner la lecture, le mythe de la « pédagogie non-directive », et le bourbier commun du « collège unique », que François Bayrou qualifia de… « collège inique » avant de… ne rien changer, collège unique où les meilleurs élèves s’ennuient et où les plus faibles sont noyés, et où les professeurs ne savent plus guère où diriger leurs efforts.

Autres causes du naufrage, le sabordage de l’enseignement du latin, langue-mère du français, par Edgar Faure en septembre 68, la fin de nombreux exercices de mémoire comme les récitations de poèmes, le saccage répété de l’enseignement de l’histoire dès les années soixante, l’omission de grands auteurs classiques. Et aussi la mise à mal du respect des professeurs.

En proie aux démons de la démagogie et de l’irréalisme, la République a gravement détérioré son ascenseur social, l’école qui avait fait sa valeur et sa fierté à bien des égards des années 1880 aux années 1950. Il faudra beaucoup d’efforts pour remonter la pente. Et d’abord, rendre aux parents la liberté du choix de l’établissement scolaire de leurs enfants.

Denis Lensel

 

 

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