Article rédigé par Denis Lensel, le 28 novembre 2013
Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium sur « la joie de l’Évangile », le Pape François veut une Église qui s’expose aux risques de la « sortie », qui ait « le courage de rejoindre toutes les périphéries » pour y apporter la lumière de la foi porteuse de l’amour de Dieu pour les hommes. Il « préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort » d’une « fausse protection ». Une Église de Bons Samaritains plutôt que de bigots hypocrites et égoïstes qui ignorent les blessés de la vie en préférant des habitudes de piété extérieure.
Et le nouveau pape souhaite que prêtres et croyants évitent de parler « plus de la loi que de la grâce, plus de l’Église que de Jésus-Christ » et… « plus du Pape que de la Parole de Dieu ».
Le Pape François rappelle après saint Thomas d’Aquin que « les préceptes donnés par le Christ et les Apôtres au Peuple de Dieu sont très peu nombreux », et il invite à « ne pas alourdir la vie aux fidèles », ni « transformer notre religion en un esclavage ». Un avertissement qu’il renouvelle « au moment de penser à une réforme de l’Église et de sa prédication qui permette réellement de parvenir à tous ».
Cependant, « sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines ne veut pas dire courir vers le monde sans direction et dans n’importe quel sens ». Mais souvent, « renoncer aux urgences pour accompagner celui qui est resté sur le bord de la route ». Et parfois, être comme le père du fils prodigue, qui « laisse les portes ouvertes pour qu’il puisse entrer sans difficultés quand il reviendra ».
Après la « porte » du baptême, l’eucharistie, souligne le Pape François, « n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles ». Et alors que « nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs », l’Église « n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile ». Elle privilégie « les pauvres et les infirmes, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés », les insolvables incapables de rendre…
Et, texte complet et vigoureux, l’exhortation du Pape évoque en profondeur la dimension sociale pacifiante de l’évangélisation, par laquelle l’unité « prévaut sur le conflit ».
Denis Lensel
Pour accueillir la pensée du Pape sans le prisme des commentateurs qui prennent leur désir pour des réalités :
Evangelii Gaudium, le texte intégral
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