Article rédigé par Jérôme Fourquet, le 23 avril 2012
Les urnes ont rendu leur verdict : François Hollande sera opposé le 6 mai prochain au président sortant, Nicolas Sarkozy. En exclusivité pour Famille Chrétienne et l’Association française de science politique, l’IFOP a sondé les catholiques pratiquants afin de savoir quel candidat avait eu leurs faveurs. Voici ces résultats, commentés par Jérôme Fourquet, le directeur adjoint du département opinion publique à l’IFOP.
• 74 % des catholiques pratiquants votent à droite
« Cette tendance n’est pas nouvelle, mais elle se confirme : les catholiques pratiquants votent très à droite : 74 % quand on additionne les suffrages en faveur de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan. Ils votent pour le président sortant à 45 %, soit 20 points au-dessus de la moyenne nationale.
Les catholiques accordent donc une très forte prime à la droite parlementaire. François Bayrou fait un meilleur score chez les catholiques pratiquants (+4 %) mais le candidat de l’UMP incarne la meilleure synthèse du vote catholique, loin devant l’héritier de la démocratie chrétienne. Le survote en faveur du candidat du Modem n’apparaît pas très puissant au regard des voix qui se portaient sur l’UDF il y a 30 ans.
Autre spécificité, le vote des catholiques pratiquants en faveur de Marine Le Pen demeure en retrait par rapport à la moyenne nationale (-3,5 %). Cette tendance, elle aussi, n’est pas nouvelle. Il y a 15 ans, quand Jean-Marie Le Pen obtenait 15 % des suffrages, il en recueillait moins de 5 % chez les catholiques pratiquants.
Cependant, on observe un phénomène propre à 2012 : il n’existe plus d’isolat hermétique entre pratique religieuse catholique et vote Front national. »
• 52 % des catholiques franciliens ont voté pour Nicolas Sarkozy
« Dans les fiefs de la démocratie chrétienne, comme l’Alsace-Lorraine et dans le Grand Ouest, le vote des catholiques pratiquants traduit la permanence des cultures politiques. Les catholiques pratiquants du Grand Ouest ont voté pour François Hollande à 26 % – un score proche de la moyenne nationale – alors que ses résultats plafonnent à 13 % en Ile-de-France et 11 % dans le Grand Est.
Un autre chiffre est à souligner dans cette région : les mêmes catholiques ont voté à 26 % pour François Bayrou (le candidat du Modem recueille en moyenne 13 % chez les catholiques pratiquants) et seulement à 7 % pour Marine Le Pen. Les particularités géographiques et électorales résistent donc au temps.
De même, dans le Grand Est, Jean-Luc Mélenchon obtient 12 % des voix chez les catholiques pratiquants (contre 5% en moyenne). Il faut sans doute voir ici une survivance d’un catholicisme ouvrier et militant.
En Île-de-France, on remarque un survote très net en faveur de Nicolas Sarkozy qui atteint le score de 52 %. Cela peut s’expliquer à la fois par l’âge (le poids des + de 65 ans) et par une sociologie catholique très ancrée, type Versailles. »
• 27 % des catholiques de moins de 35 ans votent Marine Le Pen
« Il n’est pas juste d’affirmer que les catholiques votent à droite parce qu’ils sont vieux. Le critère de la pratique religieuse s’avère déterminant, à âge égal. Prenons quelques exemples : chez les catholiques pratiquants de moins de 35 ans, le survote en faveur de Nicolas Sarkozy existe bel et bien (37 %). Les jeunes catholiques expriment une désaffection vis-à-vis du candidat socialiste qui n’atteint que 15 %.
Une donnée mérite toute notre attention dans cette tranche d’âge : avec 27 % des voix chez les catholiques de moins de 35 ans, la candidate du Front national fait une percée remarquable. Ce chiffre provient de la combinaison de plusieurs facteurs. Ces jeunes ont conscience d’appartenir à une minorité. Ils ont fait le choix d’être catholiques, il s’agit pour eux d’un engagement et non d’une simple tradition. Ils sont donc plus identitaires que leurs aînés. Les discours du Front national trouvent plus d’échos chez eux, ne serait-ce que la thématique de l’islam.
Les seniors catholiques, eux, votent massivement (53 %) en faveur de Nicolas Sarkozy alors que les électeurs sans religion de la même tranche d’âge sont à hauteur de 15 %. Notons aussi que les catholiques de plus de 65 ans sont toujours en réserve vis-à-vis de Marine Le Pen qu’ils placent à 7 %. »
Sondage réalisé du 21 au 22 avril sur un échantillon de 3 007 personnes.
Analyse publiée sur le site de notre partenaire sur ce sondage : Famille Chrétienne
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