Article rédigé par Mayté Varaut, le 06 avril 2012
L’enquête diocésaine en vue de la béatification du Professeur Lejeune est arrivé à son terme le dossier est désormais à Rome.
Il aura fallu 5 années d’un travail assidu pour arriver à cette clôture. En effet la fin de l’enquête diocésaine signifie que les documents nécessaires à l’instruction du dossier à Rome ont été réunis.
Ces documents sont de toute nature : dépositions des témoins interrogés devant le tribunal ecclésiastique, ensemble des publications scientifiques et non scientifiques de Jérôme Lejeune, conférences du Professeur, échange de courriers….
Le Postulateur de la Cause, Père Abbé de l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille, et la vice postulatrice, Aude Dugast, les membres du tribunal et les experts ont dû respecter une procédure extrêmement précise garantissant l’exactitude des documents rassemblés et le secret des dépositions.
C’est donc une étape essentielle qui est franchie le 11 avril. D’ailleurs ceux qui suivent l’avancement de la cause en sont bien conscients, puisque dès le moment où la nouvelle a commencé à circuler, nous avons reçu un courrier très important de personnes désireuses de s’associer à notre joie.
Beaucoup ont demandé la prière pour obtenir des grâces.
Ce sont des laïcs ou des religieux, des gens handicapés ou non.
Ce qui est très touchant, c’est que cette demande dépasse largement la France et l’Europe. Elle n’est pas liée non plus uniquement au handicap mental, ni même au domaine de la santé : les demandes d’intercession sont de tous ordres, et il est beau de voir que cette personnalité lumineuse suscite la confiance et l’espérance chez ceux qui souffrent d’une manière ou d’une autre.
Peut être les réflexions qui suivent, plus personnelles, peuvent-elles apporter un éclairage intéressant de la part d’une famille directement touchée par la trisomie 21, puisque cette maladie touche notre fils de 13 ans
Dès sa naissance, nous avons pu consulter des médecins formés à l’école de Jérôme Lejeune, c'est-à-dire que ce sont les premiers qui ont porté sur François un regard à la fois savant et humain.
Savant, car tout ce qui touche à la maladie de l’intelligence de notre fils leur est très bien connu ; humain, car il voyait François derrière son handicap.
Nous avons donc eu la chance de bénéficier d’une équipe qui nous proposait des soins adaptés au mieux, et qui considérait François comme un petit garçon qui - s’il avait besoin d’être plus aidé qu’un bébé du même âge, - n’allait pas tarder à manifester sa personnalité propre.
Nous étions donc passés du mongolien à l’enfant blessé dans son intelligence, l’enfant trisomique 21.
Cette révolution douce et pourtant essentielle, nous la devons à Jérôme Lejeune.
En quarante ans donc le vocabulaire des français au sujet de nos enfants s’est totalement modifié.
Même s’il faut toujours aller plus avant, nous pouvons constater que leur intégration dans les écoles publiques comme dans les écoles privées est devenue courante. Il en est de même dans les clubs de sport, chez les scouts, en colonie de vacances, dans nos paroisses : les parents demandent, ils sont souvent entendus.
Ce qui s’est passé est simple et beau : ce grand professeur a ouvert une brèche dans le mur de nos indifférences et de nos préjugés. Il a montré que le handicap de nos enfants était dû à un chromosome surnuméraire, et que « ni eux, ni leurs parents n’avaient péché ». Ils pouvaient donc sortir de l’ombre. Tous ces enfants si longtemps cachés, si longtemps exclus – combien de témoignages bouleversants n’avons-nous pas entendu de la première moitié du xxème siècle où ils paraissent au dehors le moins possible- retrouvaient la dignité intrinsèque à tout être humain.
La société s’ouvrait, et ces personnes mieux guidées, dont le handicap était mieux connu, pouvaient y prendre leur place. Mieux soignés, ils pouvaient développer leurs talents.
Un grand savant qui forçait l’admiration de ses pairs a consacré sa vie à ses patients maladroits, malhabiles, mais dont le cœur libre de toute entrave lui exprime une reconnaissance infinie.
Mayté Varaut est Présidente de l’Association des Amis du Professeur Jérôme Lejeune