L’école catholique recherche son propre caractère
Article rédigé par Hyacinthe-Marie Houart, le 27 mars 2012 Ecole catholique

Oublié son “caractère propre”, l’école catholique recherche son propre caractère.

Bercé longtemps par l’illusion de pouvoir garder son caractère propre, sans doute n’est-il pas exagéré de dire qu’aujourd’hui l’enseignement catholique l’a perdu. Inexorable dérapage : pas d’enseignement catholique sans professeurs catholiques.  Vous me direz : mais il y en a. C’est vrai, mais, pour de mystérieuses raisons, ils se cachent dans la masse des indifférents. Comme si leur foi (mais est-elle éclairée ?) était une maladie honteuse. On a tellement seriné qu’elle était une affaire privée qu’on a trouvé normal d’en priver les élèves.

On a donc aujourd’hui le tableau d’une école réputée libre, mais liée au système par un contrat de plus en plus contraignant. Toutefois, ce système est encore capable, pour le moment, de prêter plus d’attention aux élèves. C’est à cette attention que se résume souvent, désormais, son “caractère propre”.

Pourrait-on en rester là et faire de ces établissements des  promoteurs du PPCD [1] de la pensée unique ? Triste réduction de l’ambition  d’être à la hauteur de la destinée humaine. C’est pourtant cette ambition qui a inspiré l’Eglise, à travers les siècles, dans la création d’écoles. En répandant la lumière de la foi, c’est l’humanité, l’humanité dans l’homme qu’elle entendait servir. Ainsi a-t-elle construit ce qu’on peut encore oser appeler la civilisation occidentale. Par elle, nous sommes riches de l’héritage de Jérusalem, d’Athènes et de Rome.

C’est hélas trop oublié au bénéfice d’une “culture” post-moderne, une culture “hors sol” à l’image de certains produits de l’horticulture. Ces considérations ne manquent pas d’intérêt. Peuvent-elles encore être utiles ? Après le tournant et le tourment des “contrats”, c’est sans doute trop tard. Ce serait pourtant une bonne base, une base indispensable pour qui voudrait réinventer, pour aujourd’hui, une ONG [2] d’un nouveau genre : une école catholique.

Pour une telle nouveauté, il faudrait tout d’abord rassembler une équipe motivée. Est-ce possible ? On peut le croire, à voir la générosité des jeunes diplômés. Ils s’engagent, pour un temps, au service des collectivités qui s’éveillent. Ils ne sont pas moins attendus par celles qui se réveillent. Dans le marasme de notre système éducatif, la formation de la jeunesse, à tous les niveaux, ne constitue-t-elle pas  la première grande cause nationale ? Et l’on peut y joindre la nouvelle évangélisation, inséparable d’un renouvellement de la culture, après la profonde cassure de la sécularisation. Mais, pas d’erreur, une école catholique n’est pas une école comme les autres assortie d’une information religieuse, elle est une école à la recherche des implications religieuses de toutes les notions profanes. On ne peut découper l’homme en morceaux. Il n’est pas contradictoire de dire qu’une telle école soit ouverte à tous. Il suffit que tous sachent clairement ce qu’on y trouve  avant de s’y inscrire.

À travers la diversité des sciences abordées, leur programme c’est l’épanouissement en chacun de toutes les chances que lui donne sa naissance. Elles affectent toutes les facettes de sa nature, de sa physiologie à sa spiritualité. Une telle formation globale ne peut procéder que de  “maîtres” encore plus attentifs à ce qu’ils sont qu’à ce qu’ils savent.

 

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[1] PPCD : Plus Petit Commun Dénominateur

[2] ONG = Organisation Non Gouvernementale, pour célébrer la séparation de l’éducation et de l’état.