Article rédigé par François Martin, le 23 janvier 2012
Dans toutes les compétitions sportives, l’entraîneur qui perd ses matches est viré, quelles que soient ses qualités par ailleurs. Pourquoi en serait-il autrement en politique ?
On doit bien admettre que l’entraîneur de droite, aujourd’hui en charge de l’équipe, a perdu presque tous ses matches : éducation, industrie, compétitivité, dialogue social, chômage, exportation, régulation financière, dette, fiscalité, Euro, rapports avec l’Allemagne, politique étrangère (révolutions arabes), sécurité, immigration, vision stratégique, pédagogie, popularité, etc… Le seul discours qui peut lui rester, c’est de dire qu’il a « mouillé la chemise » et tenu la barre. Il a ouvert beaucoup de dossiers que ces prédécesseurs avaient tenus soigneusement fermés. (C’est vrai), qu’il a fait du mieux possible, et que d’autres n’auraient pas fait mieux (ce n’est peut-être pas faux). Mais comment cela pourrait-il suffire ? Par quel miracle les supporters voudraient-ils le garder ? Jamais un entraîneur n’a pu justifier son maintien par le fait qu’il a fait « le mieux possible » s’il a perdu le championnat.
Pour l’entraîneur postulant de gauche, quelle que soit la sympathie qu’il inspire à certains, visiblement, il semble bien qu’il n’a pas le niveau. Outre le fait qu’il est ficelé par ses amis, les meilleurs d’entre eux ne manquant pas une occasion de lui planter un poignard dans le dos chaque fois que possible (2017 se prépare déjà…), lorsque les supporters, à l’approche de l’échéance, vont se demander REELLEMENT s’il est capable de gagner le championnat, on peut douter que la réponse soit positive. Ceci risque d’apparaître, au fur et à mesure, de plus en plus manifeste.
Les entraîneurs apprentis d’extrême gauche et d’extrême droite en fait n’en sont pas. Ce sont plutôt d’habiles commerçants, qui vendent des maillots aux abords du stade. Ils tentent de donner le change, mais en réalité le championnat ne les intéresse pas. Seule compte la bonne opération commerciale qu’ils pensent faire. Pour cette raison, ils mettent beaucoup de couleurs, sur leurs produits pour qu’ils plaisent à leur clientèle. Il n’est pas dit qu’il soit forcément mauvais (c’est-à-dire que les questions posées le soient), mais cette stratégie a une limite, celle de leurs segments de marché respectifs. Ils peuvent perturber les choses, bien entendu, mais il y a forcément un plafond à leurs ambitions, et à leurs possibilités.
Par ailleurs, en France, la notion d’homme providentiel (ou de femme !), seul(e), prophétique et de caractère, sauvant le pays dans une période troublée, a une forte valeur dans l’inconscient collectif. Notre Histoire, en effet, ne manque pas de tels personnages : Sainte Geneviève, Charles Martel, Jeanne d’Arc, Henri IV, Bonaparte, Joffre, Charles de Gaulle… et les français les adorent. Ceci tend à minimiser la crainte, pour un candidat, de manquer d’appareil. C’est même plutôt considéré comme une force, la preuve de son indépendance. De plus, la vie politique est si verticalisée chez nous, et en même temps devenue, récemment, si poreuse, que si un troisième homme s’infiltre entre les deux favoris et leur dame le pion, on sait bien que d’une part, il n’aura, à gauche ou à droite, aucun mal à trouver les talents et les appuis pour gouverner, et d’autre part, que la recomposition se fera, au moment des législatives, sans aucune difficulté.
Compte tenu de tout cela, il est bien possible que l’on assiste, dans les mois qui viennent, à l’un des plus beaux hold up de la Vème République…
A la chasse aux canards, de bon matin, le béarnais est parti. Des deux oiseaux qui volent en tête, il suffit que l’un s’effondre pour que ses chances de ramasser la mise soient très grandes. Lequel des volatiles prendra-t-il le plomb le premier ? On le saura bientôt…