Article rédigé par Yves-Marie Couët*, le 02 avril 2009
En 1991, éclate le scandale du sang contaminé, les autorités françaises à l'époque n'avaient pas divulgué que le Sida se transmettait par transfusion sanguine. 45% des personnes hémophiles étaient déjà contaminée par le virus en 1989 (cf. La Recherche).
Comment expliquer l'extrême violence des propos du ministre de l'Education nationale vis-à-vis du pape : Aller dire en Afrique qu'il ne faut pas utiliser le préservatif, c'est criminel. Cela entraîne des morts tous les jours. Je pense que les propos du pape ont été un peu déformés mais n'empêche : ne pas encourager l'utilisation du préservatif dans des pays en voie de développement, c'est extrêmement dangereux (AFP) ?
Ici peut entrer en jeu une forte culpabilité et une volonté de noyer un énorme problème.
Il est commun dans les établissements scolaires de dire que la propagation du virus du Sida est arrêtée par l'utilisation de préservatifs ; de plus ce message s'accompagne d'une incitation implicite à la multiplication des partenaires. Or les mêmes revues qui ont critiqué le pape reconnaissaient il n'y a pas longtemps les dangers que comporte une confiance absolue dans ce mode de lutte [1]. La tribune du journal le Monde du 25 mars 2009, très agressive contre le pape, reconnaissait que l'utilisation régulière du préservatif permet de réduire de 90 % le risque de transmission du Sida [2].
Aussi, statistiquement, 10 % des 100.000 séropositifs (estimation basse) en France, soit 10.000 personnes, ont contracté le virus à cause d'une mauvaise information qui présentait l'utilisation préservatif comme très fiable.
Voilà pourquoi le message du pape fait scandale. La méthode qu'il propose, c'est la protection totale : abstinence avant le mariage et fidélité dans le couple. Elle a fait sa preuve en Ouganda. Cette méthode n'est pas divulguée par les canaux officiels de l'Éducation nationale car elle s'oppose à l'idéologie soixante-huitarde de libération sexuelle . En fait de libération, c'est un asservissement aux passions. La vraie libération étant la maîtrise de soi, celle-ci entraîne une bonne santé de l'esprit et du corps.
Alors on comprend que les paroles du pape sont des paroles de vérité au service de la cause des personnes en difficultés.
*Père Yves-Marie Couët, curé.
[1] La revue scientifique Lancet, par exemple, disait ces jours-ci que les paroles du pape pouvait avoir des conséquences dévastatrices pour la santé de milliers d'Africains. Pourtant, en 2000, elle écrivait que le préservatif ne suffisait pas à protéger complètement du Sida, car son utilisation lors des rapports sexuels maintenait à 15% le risque de contracter le virus. Quant au Washington Post, très critique aussi des propos de Benoît XVI, il consacrait un article entier en mars 2007 au cas du Botswana, où le nombre de séropositifs continuait d'augmenter dramatiquement malgré la distribution massive de préservatifs, et citait un rapport de 2006 dans lequel des experts du Sida en Afrique du sud, soulignaient que la réduction du nombre de partenaires était la priorité absolue dans la prévention du sida. Une thèse également relayée par la prestigieuse revue Science, dans une étude publiée en 2006 (Radio Vatican, 28/3/2009).
[2] Un chercheur précise que ces échecs sont dus principalement à des accidents matériels ou à une mauvaise utilisation. Comme dans beaucoup de domaines, l'efficacité pratique ne correspond pas à l'efficacité théorique, et ici c'est l'efficacité pratique qui doit être prise en compte dans la protection de la santé.
***