Une autre façon d'envisager le changement climatique
Article rédigé par Jean Flouriot, le 30 septembre 2009

Nombreux sont les journalistes, les hommes publics et les divers commentateurs de l'actualité qui nous prédisent diverses catastrophes à plus ou moins brève échéance en raison du changement climatique. L'histoire et la science montrent qu'une vision positive de la créativité humaine peut orienter le service du bien commun.

Le réchauffement de la planète semble une réalité, son origine reste sujette à hypothèses variées. L'action de l'homme y a certainement sa place mais il y a aussi beaucoup de phénomènes naturels qui y contribuent.

En 1991, l'éruption du volcan Pinatubo aux Philippines a envoyé une telle quantité de poussières et de gaz dans l'atmosphère que le climat de la planète en a été influencé pendant plusieurs années. Le catastrophisme nourrit parmi nos contemporains un pessimisme qui laisse bien peu de place à l'espérance et relance les idéologies de la décroissance (cf. Le Fil, 25 septembre).

C'est sur des bases optimistes, en faisant confiance aux capacités humaines, qu'il faut envisager l'avenir : L'idée d'un monde sans développement traduit une défiance à l'égard de l'homme et de Dieu. C'est donc une grave erreur que de mépriser les capacités humaines de contrôler les déséquilibres du développement , nous dit Benoît XVI dans Caritas in veritate (n. 14).

Les Pays-Bas nous donnent une intéressante leçon à ce sujet. On sait que toute une partie de ce pays se situe au-dessous du niveau de la mer suite à la dernière phase de la transgression flandrienne, contemporaine du début de l'ère chrétienne. Voilà donc deux millénaires que les Hollandais luttent pour reconquérir leur terre sur la montée des eaux marines.

Le 1er février 1953, une tempête très violente, conjuguée avec une grande marée, provoque un relèvement d'environ 5 mètres du niveau de la mer. Des digues sont détruites entraînant une énorme catastrophe : 2 000 morts, 40 000 maisons détruites, 200 000 ha submergés, 100 000 personnes évacuées. Il fallait faire en sorte qu'une telle catastrophe ne puisse plus se reproduire. Le Plan Delta programme alors un ensemble de travaux gigantesques destinés à l'aménagement du delta du Rhin et de l'Escaut. La réalisation du Plan Delta se poursuit jusqu'à la fin du XXe siècle, donnant aux entreprises et aux bureaux d'études néerlandais une expérience exceptionnelle des grands travaux hydrauliques en milieu hostile.

Aujourd'hui, c'est le réchauffement climatique qui menace les Pays-Bas. On anticipe un relèvement du niveau marin de plus de un mètre en 2100 et allant jusqu'à quatre mètres en 2200. Face à cette éventualité, le gouvernement met en place un programme delta dont l'horizon temporel est le siècle. La protection contre l'eau est toujours l'objectif majeur du programme mais des aspects environnementaux et énergétiques s'y raccordent. La gestion des eaux du delta s'est d'ailleurs modifiée au cours des dernières années pour prendre mieux en compte des impératifs environnementaux. Un fonds spécial sera mis en place d'ici cinq ans pour financer  les travaux. Il devrait s'élever à un milliard d'euros par an.

Voilà donc une façon plus dynamique d'envisager l'avenir et lorsque les Hollandais paieront leur taxe carbone ou son équivalent, ils sauront à quel bien commun elle est dévolue...

 

Le Plan Delta (Deltawerken) :