Article rédigé par Entretien avec Le Figaro, le 18 mars 2005
Le 17 mars 2004, Le Monde publiait un "Manifeste pour l'égalité des droits" en faveur du mariage homosexuel. Un an plus tard, Thibaud Collin, membre du comité de rédaction de Liberté politique, publie en guise de réponse Le Mariage gay, les enjeux d'une revendication (Eyrolles).
Un essai qui décrypte la dialectique révolutionnaire du lobby homosexuel. Nous diffusons le texte de l'entretien qu'il a accordé à Laurence de Charrette pour le Figaro.
Vous êtes l'auteur du premier livre engagé contre le mariage gay. Pourquoi ?
Quand Dominique Strauss-Kahn s'est prononcé en faveur du mariage gay et que le PS l'a suivi, j'ai compris que le sujet était politiquement mûr. Le débat est dorénavant bel et bien ouvert. Ce que je souhaite, c'est que chacun décide librement. J'ai voulu faire un travail critique de fond, analyser les écrits, souligner les sophismes. Beaucoup de gens ne perçoivent pas toutes les implications d'une telle revendication. Ils croient qu'accepter le mariage gay ne serait qu'octroyer un droit supplémentaire. C'est une erreur. Les militants du mariage gay veulent beaucoup plus, ils veulent changer tout le système.
Expliquez-vous...
Les défenseurs du mariage gay disent se battre pour "l'égalité des droits", alors qu'en réalité ils veulent la fin de ce qu'ils appellent "l'hétérosexisme", c'est-à-dire la fin de la sexualité humaine fondée sur la différence des sexes liée au corps humain. Ils voudraient que la sexualité soit indéterminée. Leur combat va beaucoup plus loin que le simple fait de vouloir vivre librement son homosexualité, ce qui est bien sûr possible aujourd'hui. L'enjeu pour lequel lutte le lobby gay, c'est une révolution dans la conception de la sexualité.
Vous comparez l'analyse des défenseurs du mariage gay avec le système marxiste...
Oui, je note que ces militants reprennent le schéma marxiste dominant-dominé pour l'appliquer à un domaine auquel Marx n'avait pas pensé... Les dominants sont ceux qui imposent les catégories et affaiblissent les minorités. Nous serions donc victimes du modèle ambiant, de nos préjugés. C'est ainsi que le tour est joué. Au passage, le lobby gay surfe sur un très fort sentiment démocratique : la recherche de l'égalité et de la tolérance.
Mais en quoi le fait d'instaurer le mariage homosexuel concerne ceux que, justement, il n'intéresse pas ?
Si l'on votait une loi en faveur du mariage gay, cela changerait profondément la société. Il y aurait un coût humain important, cela ébranlerait les fondements des relations humaines. On ne vit pas de la même façon dans une société où la différence des sexes est facultative.
N'en est-il pas ainsi de chaque évolution de la société ? Le divorce était banni, aujourd'hui les familles recomposées sont nombreuses et la loi s'adapte...
Quoi qu'on en dise, le divorce est toujours vécu comme un échec. Il a un coût dans la société. Son existence même fragilise le mariage et les individus. Si l'on instaurait le mariage gay, la société se recomposerait à long terme avec un coût qui, selon moi, n'est pas souhaitable. Surtout, cette revendication est la face émergée d'un iceberg vers lequel nous filons, insouciants.
© Le Figaro, 18 mars 2005, propos recueillis par Laurence de Charette.
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