« La Révolution est comme Saturne, elle dévore ses enfants ». Cette phrase que l’on doit au député girondin Vergniaud semble convenir parfaitement à ce que vit une certaine gauche écolo-socialiste en France. Lors d’une manifestation à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres le candidat des écologistes à la présidentielle Yannick Jadot a été pris à parti… Puis lâché par sa comparse Sandrine Rousseau.

« Crevure ». C’est le mot inscrit par des militants écologistes sur le petit véhicule que l’eurodéputé EELV Yannick Jadot avait loué pour se rendre à une mobilisation – interdite- contre des bassines agricoles. De passage pour montrer sa trombine, le candidat à la présidentielle a essuyé les huées des manifestants et a été pris à parti par des « militantes » d’extrême gauche devant les caméras de télévision. Tentant de dire que tout le monde est uni « contre le même projet », il sera rappelé à l’ordre par une jeune « fille » qui ne voulut être appelée ni mademoiselle ni madame. Scène ubuesque qui illustre le bazar mental qui s’empare des héritiers du gauchisme.

 

Frankenstein ne contrôle plus le monstre

 

Scène cruelle pour Yannick Jadot, lui-même apôtre du progressisme. L’affaire ne s’est pas arrêtée là ! Dimanche, sa consœur écologiste Sandrine Rousseau a défendu les militants évoquant une « désobéissance sans violence ». Un mensonge, puisqu’il y a bien eu des violences. En effet, elle a invité Jadot à comprendre qu’il était nécessaire de retrouver une « écologie de combat ». Un constat partagé par Aymeric Carron, ancien chroniqueur télé devenu « Insoumis ». Pas très solidaires, les camarades ; surtout que demain, lorsqu’ils prendront un coup sur le casque par leurs copains black block, leur radicalité de pupitre ne leur sera pas très utile…

 

La maladie de cette sphère gauchiste semble se trouver dans ce double aspect : déni de la réalité et course au progressisme. C’est d’abord le déni de la violence qui existe bien et leur capacité supposée à l’assumer alors même qu’ils crient à la violence d’extrême-droite au moindre drapeau tricolore brandi... C’est ensuite cette course au progressisme qui fait des progressistes d’hier les réactionnaires de demain et accélère la date de péremption des personnalités. Même Simone Veil, avant sa canonisation médiatico-républicaine post-mortem, avait été l’objet d’attaques pour avoir participé à une « Manif Pour Tous ». A cette péremption accélérée s’ajoute une chasse aux sorcières permanente. Les hommes blancs sont des cibles privilégiées, suspectés par principe de harcèlement ; ils tombent ici et là sur l’autel sacrificiel du féminisme de dame Rousseau. Cette croisade permet néanmoins de montrer au grand public que les cadres écolos sont bel et bien de sales porcs (Julien Bayou, Denis Baupin). Demain ce sera Sandrine Rousseau, comme femme blanche privilégiée, qui sera extirpée des manifestations gauchistes…

 

La loi du « plus-disant »

La mécanique en marche est celle du « plus-disant ». Au sein de la Nupes, c’est à celui qui sera le plus radical, le plus provocateur. Ce phénomène ne se limite d’ailleurs pas à la gauche et dans une certaine mesure, les surenchères du candidat Zemmour ont participé de ce type de stratégies faites d’excès et de provocations. Un phénomène qui a permis de recentrer Marine Le Pen et qui, dans le cas de la Nupes, fait passer le gouvernement comme « presque » de droite.

 

Le gouvernement n’est quant à lui pas en reste. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a utilisé le terme d’écoterrorisme concernant les manifestants écologistes des Deux-Sèvres. Un terme qui relève du coup de com’ et du mensonge. Que les manifestants soient, pour partie, des casseurs et des délinquants, cela ne fait aucun doute. En revanche, parler de terrorisme revient à faire une analogie entre un mode opératoire : celui du terrorisme précisément (qui par ailleurs ne fait pas l’objet d’une définition juridique) et un événement qui ne relève pas des spécificités du terrorisme : une mobilisation de zadistes. De même, on peut exécrer et combattre les abrutis qui souillent des œuvres d’art au nom du climat mais les assimiler à des terroristes revient à galvauder la notion à des fins politiques… C’est une forme de récupération.

Le triste spectacle offert par les héritiers de Daniel Cohn-Bendit a le mérite de faire tomber des têtes dont on se passera bien. Le déclin, lui, est bien là et ces agitations politiques à grand retentissement médiatique font perdre de vue les problèmes les plus urgents : la pauvreté qui explose chez nous et le péril qui pèse sur nos agriculteurs mis en cause, souvent à tort, alors que ce sont eux qui remplissent nos assiettes. L’hiver pourrait ramener quelques-uns des agités du climat à un peu de rationalité !

 

« A la Toussaint, le froid revient et met l’hiver en train ».

 

Belle fête de la Toussaint de la part de toute l’équipe de Liberté Politique !

 

Olivier Frèrejacques