[Source: Le Salon Beige]

Lu dans Présent :

"Depuis le début des primaires et durant toute sa campagne, Donald Trump avait été tenu en suspicion par les pro-vie ainsi que par la droite religieuse qui lui reprochaient ses trois mariages, ses positions ambiguës sur l’avortement, des propos plutôt chaleureux sur le Planning familial, sa courtoisie envers la communauté homosexuelle et l’absence de toute référence à Dieu dans ses discours

 

[...] Cependant, cette hostilité à l’égard d’un homme que l’on refusait, tout de même, de taxer d’athéisme, commença à perdre de sa virulence dès la fin officieuse des primaires, début mai. Les pro-vie et la droite religieuse se rendirent compte alors qu’ils se trouvaient, par la force des choses, devant un choix dramatique :qu’ils le veuillent ou non, le prochain président des États-Unis serait, à l’évidence, soit Donald Trump, soit Hillary Clinton.

[...] Les pro-vie et la droite religieuse ont particulièrement prisé trois initiatives du magnat de l’immobilier. D’abord, il a nommé à un haut poste de son équipe politique, sous les applaudissements des conservateurs, John Mashburn, homme influent et apprécié des divers mouvements bataillant pour la délégalisation de l’avortement. Ensuite, il a répété que s’il entrait à la Maison blanche, il ferait tout son possible pour imposer des juges pro-vie, notamment à la Cour suprême où son plus cher souhait, a-t-il confié, serait de voir un renversement du verdict génocidaire de 1973. Enfin, il a tiré une nouvelle fois le tocsin pour les chrétiens du Moyen-Orient, un geste qui le distingue de ses seize ex-concurrents des primaires, beaucoup plus discrets sur cette tragédie, geste auquel furent spécialement sensibles ici les évangélistes, parmi les plus activistes des protestants.

Ce bout de chemin décisif accompli par Trump en direction de millions de militants et de fidèles revêt pour lui trois avantages. D’abord, il tue dans l’œuf toute polémique, toujours néfaste et même dangereuse, dans la rédaction des articles « moraux » du programme du parti républicain, la fameuse platform que tout candidat se doit de suivre presque à la lettre. Ensuite, il rassemble sous son nom et dans son dispositif de campagne d’innombrables bataillons d’hommes et de femmes dévoués, motivés, combatifs, qui lui seront précieux pour les contacts directs avec l’électeur. Enfin, il bénéficiera du soutien financier – plusieurs dizaines de millions de dollars – d’organismes pro-vie et religieux dont la connaissance du terrain constitue un véritable trésor pour le républicanisme. C’est à eux que Ronald Reagan et George Bush doivent, en partie, leur double victoire. Trump pourrait suivre le même chemin. Déjà, certains ténors de l’évangélisme défendent la sincérité de celui dont la conversion très récente leur avait initialement paru suspecte."

Michel Janva