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Souvenirs et Polémiques

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Souvenirs et Polémiques
  • Auteur : Léon Daudet
  • Editeur : Robert Laffont
  • Année : 2015
  • Nombre de pages : 1400
  • Prix : 32,00 €

Léon Daudet était, paraît-il, imposant. Souvenirs et Polémiques est à l’image de son auteur. Il s’agit d’un recueil de quatre ouvrages dans lesquels il raconte notamment son passage du camp républicain à celui de la contre-révolution, son expérience à la députation de Paris, ou encore les fréquentations du salon de son père. Ses descriptions font mouche, et l’écriture de ce polémiste prolixe est un vrai délice.

Comme le rappelle Bernard Oudin dans la préface de la première édition, « nul n’a su comme lui faire le portrait au vitriol de ses contemporains, esquisser une silhouette en quelques traits mordants, décerner des surnoms qui collent à la peau, trouver la formule assassine qui étend raide l’adversaire, décrire avec une verve prodigieuse les ridicules d’un salon, d’une académie, d’une assemblée parlementaire, d’un tribunal, évoquer l’ambiance hallucinante des hôpitaux de sa jeunesse. Tout un monde, toute une époque, ressurgissent sous sa plume, avec les couleurs de la vie même ».

Ainsi, quand il évoque un livre consacré à une amie de son père, « doucereusement perfide, empoisonné, puis glacé au sucre ». Ou quand il rhabille un journaliste pour l’hiver : « Albert Wolff était grand, flasque, spirituel et portait, sur son corps en plusieurs segments mous, une trogne de vieille du ghetto, glabre, aux yeux pochés, gélatineuse, horrible. » Émile Zola n’est pas épargné non plus, avec ses tics de langage : avec son cheveu sur la langue, il s’est approché un soir d’une dame de haute compagnie « avec une fatuité zézayante et burlesque : “Moi, madame, je suis un chafte.” » L’argument n’a, semble-t-il, pas eu l’effet espéré.

Le jeune Léon ayant profité des relations de son père, devint un fin connaisseur du petit milieu littéraire, politique et journalistique de l’époque. On déguste ce livre par morceau, car il serait indigeste en une seule fois. Mais ces petites tranches de vies, ces portraits si bien croqués sont un vrai plaisir. Et montrent aussi que la liberté de ton de l’époque n’est plus qu’un pâle souvenir aujourd’hui. Si l’on ne regrette pas l’antisémitisme parfois primaire du fils d’Alphonse, porté par son tempérament fougueux qui lui a fait multiplier les duels, on pleure son insolence mordante.

 

Fr. L.

 

 

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