TAURUS, 23 mai 2007, 23h50. De longues traînées de condensation blanche striaient en haute altitude le ciel nocturne. Les rugissements des moteurs des B 52 se rapprochaient distinctement sans qu'on puisse pour autant déterminer précisément leur direction... Fiévreusement, les hommes du 1er bataillon de la brigade commando de Kayseri avaient, toute la soirée, aménagé la position.

Leurs ordres étaient simples, il s'agissait, par une série d'actions retardatrices le long de la chaîne du Taurus, d'interdire le plus longtemps possible l'accès de la plaine de Konya et du plateau anatolien aux colonnes blindées ennemies. Quatre systèmes antichars Milan et deux canons de 106mm braquaient vers l'entrée du défilé leurs tubes menaçants, chaque homme disposait en outre d'un RPG. Tapis dans leurs trous les soldats turcs retenaient leur souffle... Et soudain, du contrebas, leur parvint nettement le cliquetis caractéristique des chenilles des M1A2 Abrams et des Bradley, immédiatement recouvert par le bruit assourdissant des hélicoptères d'attaque Kiowa.

— Feu ! L'ordre jaillit de la poitrine du chef de bataillon et se répercuta en écho dans la montagne .

 

***

 

C'est sur ce déferlement mécanisé de feu et d'acier sur les contreforts de l'Anatolie que Burak Turna fait débuter dans son roman de politique fiction, Metal Firtina (Tempête de métal), l'invasion de la Turquie par les États-Unis. Avec 450 000 exemplaires écoulés et plus de neuf rééditions successives, Tempête de métal s'impose comme le grand succès de librairie turque de cette année 2005. Véritable condensé de toutes les craintes réelles ou supposées qui hantent le psychisme turc (obsession de la conspiration, complexe de déficit de souveraineté), ce livre perce à jour le malaise d'une nation qui depuis 1923 et la fondation de la République n'a jamais cessé de vivre dans la peur d'une menace sur son intégrité politique, territoriale voire spirituelle.

Le 23 mai 2007, dans la région de Kirkouk, une section de reconnaissance d'infanterie de marine turque est victime d'une provocation américaine. C'est le début de l'opération Tempête de métal . En une nuit, les unités turques stationnées en Irak dans le cadre d'une mission de protection de la minorité turcomane, sont anéanties par l'emploi d'une nouvelle version encore plus destructrice de la Daisy cutter (faucheuse de marguerites). Aussitôt, les troupes américaines font mouvement vers la frontière syrienne qu'elles franchissent après avoir au préalable passé un accord avec l'armée syrienne, celle-ci restant cantonnée dans ses casernes sans être inquiétée, et laissant s'effondrer l'État baasiste. Suivant un axe de progression Ceyhan-Adana-Tars, les colonnes blindées américaines franchissent le Taurus, et en moins de six jours, sont aux abords d'Ankara. Une semaine plus tard, tandis que le Kurdistan se soulève, elles investissent Istanbul. En dépit d'un acharnement proprement héroïque, l'armée turque apparaît complètement dépassée par les événements.

Mais rapidement la résistance se regroupe autour de l'Ergenekon.

 

[Fin de l'extrait] ...

 

Pour lire le texte complet, commandez Liberté politique n° 38 en cliquant ici

 

Nous vous remercions de votre confiance et de votre compréhension.