LE 11 FEVRIER 2005, dans sa dernière lettre adressée aux évêques français (à propos de la laïcité), Jean Paul II encourageait les chrétiens à " prendre la parole publiquement pour exprimer leurs opinions et pour manifester leurs convictions ".
Il les engageait à participer aux grands débats de la cité, à interpeller " l'État et leurs concitoyens sur leurs responsabilités d'hommes et de femmes ". Il poursuivait cette exhortation en nommant les domaines qui méritaient en particulier la mobilisation des fidèles. Dans cette liste, que l'on peut considérer comme l'ultime appel du pape polonais aux chrétiens français, figure, après la défense des droits fondamentaux et de la dignité humaine, du raisonnable progrès de l'humanité, de la justice et de l'équité, la... protection de la planète !
Cette dernière recommandation a pu surprendre. Alors quoi, à son tour, Jean Paul II cédait aux discours alarmistes des écologistes ? Ni faiblesse, ni complaisance, le pape profitait de cette nouvelle occasion pour alerter les chrétiens de l'indispensable nécessité de s'engager dans la défense de la Création. Certains peuvent encore en sourire. Et pourtant ! Le pape, tout témoin des grandes tragédies du XXe siècle qu'il était, ne souriait pas à l'évocation de " la crise écologique ", qualifiée par lui-même de " majeure ".
Les principales interventions en faveur de l'environnement
Son maître en ce domaine, comme en beaucoup d'autres d'ailleurs, fut saint François d'Assise. À peine élu, Karol Wojtyla place son enseignement sous son inspiration. L'année suivante, en 1979, il le proclame patron céleste des écologistes. Son " respect authentique et sans réserve pour l'intégrité de la Création " est donné en exemple. En 1982, à l'occasion de la célébration du huitième centenaire de la naissance du Poverello, le Saint-Père n'hésite pas à évoquer publiquement les devoirs qui lient l'homme à la nature. " Les créatures et les éléments ne seront protégés de toute violation que dans la mesure où on les considérera comme des êtres à l'égard desquels l'homme est lié par des devoirs " déclare-t-il alors.
Peu à peu, nourri par la spiritualité du saint d'Assise, méditant sa vie et son œuvre, le pape s'exprime de plus en plus sur les dangers qui pèsent sur la Création. En 1984, il propose aux 5000 jeunes qui l'écoutent à Viterbe de " regarder la nature avec des yeux nouveaux ". Le 18 août 1985, Jean Paul II se rend au siège du Programme des Nations-unies pour l'environnement à Nairobi. Il y proclame que " Dieu est glorifié lorsque sa Création est au service du développement intégral de l'homme ". Le 8 octobre 1987, le professeur Battista Marini-Bettolo présentait aux pères du Synode réunis à Rome un exposé fondamental intitulé Les rapports entre l'homme et son environnement : un cri d'alarme. Un mois plus tard, le 6 novembre 1987, le pape s'adressant à l'Académie pontificale des sciences déclarait : " Ce sujet [la protection de l'environnement] mérite une extrême attention et revêt véritablement une très haute importance au moment actuel de l'histoire et du développement de notre monde moderne. " Dans la lignée de ces travaux, de ces consultations et réflexions, Jean Paul II exprime son " souci écologique " dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis du 30 décembre 1987. Le développement authentique de l'homme et de la société est lié, entre autres, à l'usage juste des éléments de la nature, à la question du renouvellement des ressources, aux conséquences d'une industrialisation désordonnée.
Cependant, c'est en décembre 1989 que le pape publie son premier texte fondamental sur l'écologie, à l'occasion de son message pour la célébration de la XXIIIe Journée mondiale de la paix : La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la Création. Là sont exposées sur la place publique les inquiétudes et les analyses du pape à propos de la crise actuelle. Par la suite il développe, approfondit, reprend les lignes fortes de ce premier grand texte. Notamment dans l'encyclique Centesimus annus (1995). Au cours de son Message pour la célébration de la XXXIIe journée mondiale de la paix (1er janvier 1999), il fait part à nouveau des inquiétudes et des réflexions que lui inspire la crise écologique mondiale.
Enfin, le 10 juin 2002, en compagnie du patriarche Bartholomée Ier, il signe une déclaration commune pour la sauvegarde de l'environnement, déclaration dite de Venise. Le ton de ce document officiel est, une nouvelle fois, alarmant. L'eau, l'air et la terre sont les éléments vitaux les plus touchés par une dégradation générale. La cause ? Un progrès économique qui ne s'assigne pas de limites. Le constat est sans appel : l'homme détruit l'harmonie originale de la Création.
Ainsi, à bien des égards, le pape polonais partage avec les associations écologiques une même inquiétude sur l'état du monde, un même sentiment d'urgence, une même perception d'une catastrophe imminente...
À notre époque, en particulier, l'homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l'environnement de la planète, rendu l'air irrespirable, bouleversé les systèmes hydro-géologiques et atmosphériques, désertifié des espaces verdoyants, accompli des formes d'industrialisation sauvage, en humiliant — pour utiliser une image de Dante Alighieri — ce " parterre " qui est la Terre, notre demeure. C'est pourquoi, il faut encourager et soutenir la " conversion écologique ", qui au cours de ces dernières décennies a rendu l'humanité plus sensible à l'égard de la catastrophe vers laquelle elle s'acheminait .
Le diagnostic
La crise écologique actuelle, répète-t-il, est la traduction d'une crise morale. Elle se manifeste de deux manières. C'est d'une part, l'application sans discernement des progrès scientifiques et technologiques au milieu naturel (écologie physique). C'est d'autre part, l'ensemble des manquements au respect de la vie, de toute vie (écologie humaine).
Ainsi, Jean Paul II distingue, pour mieux les unir, une écologie physique et une écologie humaine . Les atteintes à ces deux ordres résultent d'un mal commun : l'éloignement de l'homme du dessein de Dieu créateur.
La destruction du milieu naturel
Nous l'avons vu, le souverain pontife dénonce à plusieurs reprises les atteintes portées à l'environnement. Il n'hésite pas d'ailleurs à rentrer dans les détails. Ainsi, il s'interroge un jour sur les conséquences de l'effet de serre. Elles
ont atteint désormais des dimensions critiques par suite du développement constant des industries, des grandes concentrations urbaines et de la consommation d'énergie. Les déchets industriels, les gaz produits par la combustion des carburants fossiles, la déforestation incontrôlée, l'usage de certains types de désherbants, de produits réfrigérants et de combustibles de propulsion, tout cela, on le sait, nuit à l'atmosphère et à l'environnement. Il en résulte de multiples altérations météorologiques et atmosphériques dont les effets vont des atteintes à la santé jusqu'à l'immersion possible, dans l'avenir, des terres basses.
Cette crise écologique, explique-t-il dans l'encyclique Centesimus annus, est intrinsèquement liée à la société de consommation. Ceci est fondamental dans la réflexion du pape : " L'homme, saisi par le désir d'avoir et de jouir plus que par celui d'être et de croître, consomme d'une manière excessive et désordonnée les ressources de la Terre et sa vie même. "
Pour comprendre ce point, il faut relire le catéchisme de l'Église catholique, notamment la catéchèse sur la Création. La chute originelle a livré l'homme à une triple concupiscence qui le soumet au plaisir des sens, à la convoitise des biens terrestres et à l'affirmation de soi contre les impératifs de la raison (n. 377). Toutefois, ce qui a changé depuis Adam et Eve et ce qui motive l'inquiétude de Jean Paul II, ce sont les moyens mis à la disposition de l'homme " pécheur ". Le progrès scientifique, économique et technologique décuple la puissance et la capacité de nuisance de " l'homme concupiscent. " De sorte que ce qui est en jeu, ce n'est pas le progrès, ou bien l'intelligence et le génie humain, mais le " style de vie " qui " prétend être meilleur quand il est orienté vers l'avoir et non vers l'être, et quand on veut avoir plus, non pour être plus mais pour consommer l'existence avec une jouissance qui est à elle-même sa fin ".
En cause donc ? Notre société contemporaine, hédoniste et consumériste, toute soumise à la satisfaction et au renouvellement incessant de plaisirs immédiats. Et tant pis pour les dommages qui en découlent, sauf si ceux-là nuisent directement à " ma santé, à mon plaisir, à ma jouissance ".
Dans ce monde , l'homme croit pouvoir " disposer arbitrairement de la Terre, en la soumettant sans mesure à sa volonté, comme si elle n'avait pas une forme et une destination antérieures que Dieu lui a données, que l'homme peut développer mais pas trahir ".
Toute la question est là. Le monde est une Création. Il a un Créateur. Il n'est pas le produit d'une nécessité quelconque, d'un destin aveugle ou du hasard. Si l'on adopte ce point de vue, la perspective du problème est autre. La Terre occupe une place dans l'économie divine. Elle n'est pas sans vocation. L'Écriture et la Tradition ne cessent de l'enseigner , " le monde a été créé pour la Gloire de Dieu ", en vue de la manifester et la communiquer, la Création étant un acte d'amour. De sorte que les créatures ont une part à sa vérité, à sa bonté, et à sa beauté . Rien ici ne justifie les pollutions gratuites, la disparition incontrôlée des écosystèmes, la défiguration sans réflexion des paysages. En 1971, le cardinal Villot affirmait déjà que " toute atteinte à la Création est un affront au Créateur ".
Ce point est une constante dans la rhétorique catholique. La déclaration de Venise y revient en ces termes :
Au début de l'histoire, l'homme et la femme ont péché en désobéissant à Dieu et en rejetant son dessein de création. Parmi les conséquences de ce premier péché figure la destruction de l'harmonie originale de la Création. Si nous examinons attentivement la crise sociale et écologique que la communauté mondiale doit affronter, nous devons constater que nous trahissons encore le mandat que Dieu nous a confié: être les gardiens appelés à collaborer avec Dieu en vue de veiller sur la Création dans la sainteté et la sagesse.
Le contresens écologiste
Jean Paul II, de son côté, insiste. " À l'origine de la destruction insensée du milieu naturel, il y a une erreur anthropologique, malheureusement répandue à notre époque. L'homme qui découvre sa capacité de transformer et en un sens de créer le monde par son travail, oublie que cela s'accomplit toujours à partir du premier don originel des choses faites par Dieu . " La vie, le monde, la nature ne sont pas des dons que l'homme se fait à lui-même. Il les reçoit. Le Catéchisme l'écrit en toutes lettres : " La Création est voulue par Dieu comme un don adressé à l'homme, comme un héritage qui lui est destiné et confié . "
À l'appui de cette affirmation, les récits de la Genèse. Dans le premier texte, Dieu instaure la royauté de l'homme sur la Création. Faits à l'image et à la ressemblance de Dieu, Adam et Eve doivent " dominer " la terre avec amour et sagesse [...] à la ressemblance de Dieu . La Terre est donc confiée à la gouvernance de l'homme. Toutefois, cette faculté ne peut s'exercer que dans le cadre de l'obéissance à la loi divine et donc dans le respect de l'image reçue, clair fondement du pouvoir de domination qui est reconnu à l 'homme .
Dans le deuxième récit de la Genèse, Yahvé installe l'homme dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder (Gn, 2, 15). Et non pour l'exploiter et le détruire.
Nous touchons là un point fondamental pour l'intelligence du débat qui traverse la crise écologique. À bien lire Jean Paul II, on mesure combien la critique par Lynn White (et par le mouvement de la Deep ecology) de la tradition judéo-chrétienne repose sur un contresens. En effet, la domination de l'homme sur la nature voulue par Dieu ne signifie pas tyrannie et exploitation sans retenue du monde ; elle ne se traduit pas par un comportement impérialiste et instrumental. Jean Paul II l'affirme déjà dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis :
La domination accordée par le Créateur à l'homme n'est pas un pouvoir absolu, et l'on ne peut parler de liberté " d'user et d'abuser ", ou disposer des choses comme on l'entend. La limitation imposée par le Créateur lui-même dès le commencement, et exprimée symboliquement par l'interdiction de " manger le fruit de l'arbre " (cf. Gn 2, 16-17), montre avec suffisamment de clarté que, dans le cadre de la nature visible, nous sommes soumis à des lois non seulement biologiques mais aussi morales, que l'on ne peut transgresser impunément .
La première de ces lois est imposée par l'ordonnance du monde, la part et l'utilité de toutes les créatures à l'équilibre et l'intégrité du Cosmos. C'est pourquoi " l'on ne peut impunément faire usage des diverses catégories d'êtres, vivants ou inanimés — animaux, plantes, éléments naturels — comme on le veut, en fonction de ses propres besoins économiques ". De la même manière, les ressources naturelles ne sont pas illimitées. L'homme doit agir en en tenant compte. La Bible et l'enseignement de l'Église expriment donc des impératifs catégoriques auxquels l'homme doit se soumettre s'il veut " dominer " la Création à la ressemblance de Dieu.
D'autre part, recevoir le monde comme un don, dispose l'homme à la reconnaissance et non à la convoitise, à la responsabilité et non à l'égoïsme. Si à cela on ajoute la conviction que la Création manifeste la Gloire de Dieu, le chrétien est porté par tout son cœur et toute son intelligence à s'émerveiller, à s'éblouir, à contempler et à respecter toute la nature. C'est l'un des thèmes récurrents de la littérature chrétienne, des psaumes bibliques à Paul Claudel, en passant par Irénée de Lyon . Les pères de l'Église, les anachorètes, les ordres contemplatifs, les mendiants franciscains, les mystiques syriaques et byzantins, coptes et chaldéens, les startsys russes... La listes est longue de tous les chrétiens qui ont témoigné par leur comportement et leur discours d'une véritable considération et d'un authentique amour pour la Création et les créatures.
Jean Paul II lui-même n'hésite pas à exprimer son émerveillement devant la beauté de la nature et le sens de cette beauté, avec un accent qui n'est pas sans rappeler Saint François :
Ici semblent parler, avec une puissance exceptionnelle, le bleu du ciel, le vert des forêts et des campagnes, l'argenté des lacs et des fleuves. Ici, le chant des oiseaux retentit de façon particulièrement familière, polonaise. Et tout cela témoigne de l'amour du Créateur, de la puissance vivifiante de son Esprit et de la rédemption opérée par son Fils pour l'homme et pour le monde. Toutes ces créatures parlent de leur sainteté et de leur dignité, recouvrées lorsque celui qui fut " engendré avant toute créature " prit son corps de la Vierge Marie .
Et enfin, la Bible et la théologie catholique l'affirment : il y a une étroite solidarité entre la Création et l'homme. Après le Déluge, lit-on dans la Genèse, Dieu établit une nouvelle alliance, non seulement avec Noé et ses fils, mais aussi avec l'ensemble des créatures : " Et moi, voici que j'établis mon alliance avec vous et avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes les bêtes sauvages qui sont avec vous, tout ce qui sort de l'arche, toutes les bêtes de la terre . "
Adam et Eve, par leur péché, avaient détruit l'harmonie édénique. La Terre s'était comme révoltée contre l'homme . Par la suite, " toute la Création fut assujettie à la caducité et, depuis lors, elle attend mystérieusement sa libération pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu (cf. Rm 8, 20-21 ) ", enseigne Jean Paul II . L'apôtre Paul l'exprimait déjà en son temps : la Création n'est pas achevée, elle continue à évoluer, elle " attend avec impatience la révélation des fils de Dieu " ; et toujours dans cette même lettre aux Romains : " La Création, en effet, a été soumise à la vanité – non de son gré, mais à cause de celui qui l'[y] a soumise – toutefois elle garde l'espérance, parce que la Création, elle aussi, sera libérée de l'esclavage de la corruption en vue de la glorieuse liberté des enfants de Dieu . "
La Résurrection du Christ renouvelle toute la Création : en Lui, tous se réconcilient . Le dimanche, pour les chrétiens, est ce temps où ils affirment l'espérance de Pâques, espérance qui concerne toute la Création. C'est le sens de la " messe du monde " de Teilhard de Chardin : le prêtre offrait à Dieu " sur l'Autel de la Terre entière, le travail et la peine du monde ".
Ainsi, nous pouvons donc affirmer que la modernité stigmatisée par les écologistes (l'arraisonnement du monde par la technique, le consumérisme, la réification du monde animal et végétal, le règne sans limite et sans contrainte du marché, le nihilisme) n'est en rien un fruit du christianisme. Elle est, au contraire, l'expression de son rejet .
Un pape écologiquement incorrect ?
Dans l'encyclique Centesimus annus, Jean Paul II résume en une phrase ce qu'il entend par écologie humaine : " Non seulement la Terre a été donnée par Dieu à l'homme qui doit en faire usage dans le respect de l'intention primitive, bonne, dans laquelle elle a été donnée, mais l'homme, lui aussi, est donné par Dieu à lui-même et il doit donc respecter la structure naturelle et morale dont il a été doté . " Au cœur de l'écologie humaine, le respect de la loi naturelle et la défense de la vie. En Pologne, le pape est encore plus explicite :
Il semble que ce qui est le plus dangereux pour la Création et pour l'homme soit le manque de respect pour les lois de la nature et la disparition du sens de la valeur de la vie. La loi inscrite par Dieu dans la nature et qui peut être lue à travers la raison, conduit au respect du dessein du Créateur, d'un dessein qui vise au bien de l'homme. Cette loi établit un certain ordre intérieur que l'homme trouve et qu'il devrait conserver. Toute activité qui s'oppose à cet ordre frappe inévitablement l'homme lui-même .
En s'éloignant du dessein de Dieu, l'homme provoque un désordre qui se répercute inévitablement sur le reste de la Création. Jean Paul II va jusqu'à dire que " si l'homme n'est pas en paix avec Dieu, la Terre elle-même n'est pas en paix : "Voilà pourquoi le pays est en deuil et tous ses habitants dépérissent, jusqu'aux bêtes des champs et aux oiseaux du ciel, et même les poissons de la mer disparaîtront" (Os 4, 3) . "
Or la place de l'homme dans cet ordre est centrale. Dieu l'a installé au centre de toute la Création, sa dignité est inaliénable, son âme immortelle. Fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, l'homme est le sommet de la Création. C'est pourquoi toute atteinte à la vie et à la dignité de l'homme est une atteinte grave à la Création voulue par Dieu. " Comment est-il possible de défendre de façon efficace la nature si l'on justifie les initiatives qui frappent le cœur même de la Création qu'est l'existence de l'homme ? " s'interroge Jean Paul II .
Est-il possible de s'opposer à la destruction du monde, si au nom du bien-être et de la commodité, l'on admet l'extermination d'enfants à naître, la mort provoquée des personnes âgées et des malades et, que, au nom du progrès, l'on conduit des interventions et des manipulations inadmissibles dès le début de la vie humaine ? Lorsque le bien de la science ou les intérêts économiques prévalent sur le bien de la personne, et même de sociétés entières, les destructions provoquées dans l'environnement sont le signe d'un authentique mépris de l'homme. Il faut que tous ceux qui ont à cœur le bien de l'homme dans ce monde apportent un témoignage constant que la norme fondamentale que doit respecter un juste progrès économique, industriel et scientifique, c'est le respect de la vie et, en premier lieu, de la dignité de la personne humaine .
L'écologie humaine entend aussi combattre la pauvreté et l'injustice dans lesquelles vit une partie de l'humanité . Ainsi on comprend pourquoi, dans toutes les interventions récentes du pape ou du Vatican en faveur de la Création, la dénonciation des atteintes à l'environnement est précédée par la stigmatisation des maux qui pèsent sur l'humanité . Et Jean Paul II, logique, a cette formule qui lui aliène définitivement tous les tenants de la Deep Ecology : " Placer le bien de l'être humain au centre de l'attention à l'égard de l'environnement est en réalité la manière la plus sûre de sauvegarder la Création . "
L. L.