Résumé : Le caractère propre et spécifique des établissements catholiques est à la fois ambigu et mal défini. Une difficulté qui tient pour une grande part à une mauvaise appréciation des effets du relativisme culturel sur la société, et sur les jeunes en particulier.

 

 

 

 

 

CET ETAT DES LIEUX pourra paraître décapant et il l'est vraiment, mais il voudrait surtout permettre une véritable réflexion de fond sur la situation de notre monde et des jeunes dans notre monde d'aujourd'hui. L'analyse qui suit ne remet aucunement en cause tout ce qui s'est vécu de beau dans l'enseignement catholique depuis des décennies, ni ce qui se vit de merveilleux aujourd'hui dans bien des établissements. Elle veut seulement prendre acte de toutes les difficultés qu'il serait vain de vouloir cacher.

 

I- UN BILAN PROBLEMATIQUE

 

Trois raisons majeures de réfléchir et d'agir

 

Dans notre monde occidental, la perte du sens n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui. Cette perte de sens est liée à une triple impression : le monde nous échappe, la technique nous dépasse, les gouvernances ne font au mieux qu'accompagner des processus largement autonomisés.

Dans ce monde ayant perdu ses repères, trop souvent déboussolé, une triple révolution s'organise autour de la mondialisation rapide d'un capitalisme total, incontrôlable, de la révolution numérique (Internet, etc.) qui envahit tout le champ de notre vie quotidienne et de la révolution biotechnologique (clonage, euthanasie, nouvelle définition de l'humanité, homoparentalité, éclatement de la cellule familiale, etc.).

Ce monde trop souvent inconsistant, instable, impalpable, dont les fondements ne sont plus certains ni assurés, cette impression d'impuissance sur les événements, déroutent nos contemporains. Égarés, pour retrouver un sens, ils n'ont trop souvent que le choix, entre un repli sur soi-même, un consumérisme débridé et absurde qui conduit indirectement à l'agonie de la planète, le fourmillement des sectes, la recherche compulsive de la transe ( rave parties , sexualités débridées...), un repli identitaire pouvant culminer dans la violence.

La sécularisation massive de la société qui pénètre insidieusement l'Église et qu'elle subit dans une ambiance de cathophobie , la crise des vocations, la situation même de notre monde d'aujourd'hui exigent une évangélisation nouvelle à laquelle l'Église appelle avec empressement l'ensemble des baptisés depuis plus de 30 ans (Annoncer l'Évangile, Paul VI, 1975).

Cependant, en dépit de la tentation de pessimisme ou de désespérance devant l'effondrement du christianisme occidental, les foules improbables déplacées par les Journées mondiales de la jeunesse, durant vingt ans par le pape Jean-Paul Il et aujourd'hui par son successeur Benoît XVI, montrent qu'une ardeur missionnaire peut renaître, active et rayonnante, pleine d'espérance au sein même de notre Église multiséculaire.

La présence de l'islam, deuxième religion de France, interroge notre société et ne peut nous laisser indifférents : quels contacts, quel dialogue l'Église peut-elle et doit-elle entretenir avec l'islam ? Sa prédication et son système de pensée multiforme et parfois contradictoire où se mêlent le politique, le social et le religieux, ne sont pas sans questionner vivement nos sociétés occidentales et en particulier française.

La situation des jeunes de la seconde génération d'immigrés est difficile et n'est pas sans conséquences sur notre société d'aujourd'hui. Trop de ces jeunes sont écartelés entre deux mondes ; ils ont perdu les repères de leur culture, de leurs communautés et de leur religion d'origine et se sentent mal à l'aise dans la culture matérialiste, individualiste et souvent antireligieuse que notre société leur impose. Trop de jeunes sont en état d'échec scolaire et social, et sont pratiquement condamnés au chômage, voire à la délinquance. Leur brutale affirmation identitaire durant la crise des banlieues 2005 (apaisée de manière superficielle), manifeste l'impuissance de l'État et des corps intermédiaires, incapables aussi bien de penser clairement que de promouvoir une véritable intégration dans la cité, de donner de justes raisons de vivre à cette jeunesse profondément désemparée et rejetée. Dans un tel contexte, le risque est grand de voir les intégrismes et extrémismes de tous bords servir de catalyseur au désarroi de toute cette jeune génération.

 

Une situation ambiguë

 

Dans ce contexte difficile, nous constatons tous combien le caractère propre et spécifique des établissements catholiques est à la fois ambigu et mal défini et combien trop souvent l'annonce et la proposition de la foi sont pour le moins insuffisantes, fort peu crédibles ou inefficaces et parfois même quasiment absentes de nos établissements.

De même, l'enseignement catholique ne semble pas avoir véritablement pris conscience des conséquences de la profonde déchristianisation qui atteint la majorité des familles — parfois depuis deux ou trois générations — qui confient aux établissements catholiques l'éducation de leurs enfants. Aujourd'hui, dans ce contexte, avant même toute catéchèse, une première évangélisation s'impose donc en priorité ; celle-ci relève d'une démarche tout à fait spécifique trop souvent absente de nos établissements.

[Fin de l'extrait] ...

 

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