Que tous les citoyens se souviennent à la fois du droit et du devoir qu'ils ont d'user de leur libre suffrage, en vue du bien commun.
Gaudium et Spes, 75-1
COMME CATHOLIQUES, nous sommes appelés à participer à la vie politique de notre nation.
Cette responsabilité nous engage devant Dieu, et pas seulement le jour des élections. C'est l'honneur des chrétiens de faire le bien autour d'eux, quelles que soient les circonstances, y compris les plus difficiles. Par le service du bien commun, clé de voûte de la vie politique, nous travaillons à développer le sens intérieur de la justice (Gaudium et Spes, 73,5). Par notre présence même, nous œuvrons à la vie de la société civile et à l'unité de la communauté politique.
Le vote contribue à l'expression de cet engagement. Il en constitue un élément d'autant plus fort qu'il nous concerne tous, à un moment unique et parfois décisif. Nul ne peut raisonnablement s'y soustraire.
En France, l'élection du Président de la République au suffrage universel revêt une importance particulière. Qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, elle a valeur de symbole, structurant toute la vie politique. Elle crée une dynamique, notamment parlementaire, et construit une logique de situation dont les effets sont durables.
Contrairement aux apparences, voter est un acte difficile, qui mobilise la conscience de chacun à la mesure de la complexité de la réalité politique. Voter en conscience, oui. Mais l'élection n'est pas le lieu de la définition du bien et du mal. La politique est le champ du possible.
À situation nouvelle, priorités nouvelles
Comment harmoniser sa conscience avec le réalisme de la décision la plus sage ? Le dilemme n'est pas nouveau. L'Église n'impose pas de solutions toutes faites, a fortiori uniques, par respect pour l'autonomie de l'ordre temporel. C'est ainsi que les chrétiens sont amenés à explorer plusieurs voies où s'expriment leurs cultures propres et leurs sensibilités, dans leur appréciation des circonstances. Certains privilégient la solidarité et la lutte contre les injustices, d'autres les libertés fondamentales ou le respect de la vie. Mais beaucoup prennent conscience des difficultés grandissantes à demeurer fidèles à la cohérence du témoignage chrétien dans le service politique.
Le dilemme n'est pas nouveau, mais la situation est incontestablement nouvelle.
[Fin de l'extrait] ...
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