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Les Hauteurs béantes de l'Europe

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Les Hauteurs béantes de l'Europe
  • Auteur : Roland Hureaux
  • Editeur :
  • Nombre de pages : 0
  • Prix : 0,00 €

le 30 septembre 1999

 

Une des grandes leçons du XXème siècle est que rien ne fait plus de mal que les mauvaises idées . L'idéologie, dans sa version dure : marxisme-léninisme, national-socialisme, a été décrite par les penseurs libéraux (Raymond Aron, Hannah Arendt, Alain Besançon).

Elle exerce son attraction par une vision simplifiée des choses, la promesse millénariste de lendemains qui chantent, le prestige de la modernité fondée sur l'idée d'un sens de l'histoire. Elle se propose d'amener le monde à la perfection par l'abolition des différences. Elle est antidémocratique et intolérante. Surtout, elle a toujours les effets inverses de ce qu'elle promet : au lieu de la prospérité, la misère, au lieu de la paix, la guerre, au lieu du paradis, l'enfer (toujours pavé de bonnes intentions, comme on sait).

 

Ses projets sublimes n'aboutissent à rien : ce sont les "hauteurs béantes" dont parlait Zinoviev. Le monde en a-t-il fini avec l'idéologie depuis la chute du communisme ? Je pense que non. L'idéologie est plus présente que jamais dans le paysage politique et social. Mais nous sommes passés des idéologies dures aux idéologies douces, vendues non plus en bloc mais en pièces détachées : la justice, l'éducation, les conceptions morales sont imprégnés d'idéologie. Le terrorisme du politiquement correct est de nature idéologique.

 

L'idéologie a surtout contaminé la construction européenne, bonne chose au départ mais dont le fond est de plus en plus antidémocratique. Son idéal est aussi l'avènement d'une ère nouvelle fondée sur l'abolition des différences, nationales en l'occurrence. Elle présente déjà des effets pervers de type idéologique : bureaucratie, corruption, chômage, éclatement des Etats et même risque de guerre. Peut-on gouverner les hommes, et donc faire l'Europe, sans idéologie ? Je le pense, à condition de suivre la voie du général de Gaulle, qui, après d'autres, nous a offert l'exemple d'une politique sans idéologie. (Roland Hureaux)