Nos coups de coeur
À quinze ans, elle décide de se consacrer à Dieu, mais sans prendre l'habit. Laïque consacrée, en quelque sorte : une princesse étonnamment moderne. Aujourd'hui, elle serait nouvelle évangélisation . Et pas bégueule, avec ça. Mais son destin en fera une martyre des Lumières, et une lumière pour tous ces prisonniers et ces condamnés qui, le soir dans leur cellule ou dans leur camp, récitèrent sa prière : Que m'arrivera-t-il aujourd'hui, Ô mon Dieu, je l'ignore...
Orpheline à l'âge de trois ans, Madame Elisabeth, la petite soeur de Louis XVI, la dernière de la famille, bénéficie pourtant d'une instruction complète. Sportive, passionnée d'équitation, excellente en mathématiques et en dessin, vive, active et rapide, elle étonne son entourage par la diversité de ses talents et la fermeté de son caractère. Avec sa maison princière et ses amies, elle forme une petite cour au milieu de la cour, y faisant régner la piété et la paix.
Elle ne se marie donc pas, n'entre pas au couvent. Son frère Louis respecta sa vocation, qui lui valut d'avoir auprès de lui, dans les temps difficiles, une sœur qui fut un roc, une bénédiction pour la reine et leurs enfants.
Dans les dernières années de l'Ancien Régime, comme avertie de la tragédie, elle se prépare pour les secourir. À partir de 1789, elle les assiste et les réconforte. Refusant de les abandonner, elle quitte avec eux Versailles pour les Tuileries, et les Tuileries pour la prison du Temple.
Après le roi et la reine, elle est guillotinée. Le régime ne veut pas l'épargner. Elle est populaire, elle est son ennemie. Elle a toujours vu dans la Révolution un mensonge et une illusion. Elizabeth a souvent déploré la faiblesse de son frère, et n'a jamais pu y remédier.
Ange consolateur, grande figure de la résistance spirituelle à la persécution antichrétienne, elle est aussi l'exhortatrice. Elle encourage ses amies à la perfection chrétienne. Dans la voiture du retour de Varennes, elle convertit Barnave à la cause du roi. Sur le chemin de l'échafaud, elle exhorte à la mort ses compagnons de supplice. Puis elle quitte ce monde sans regret, tout à l'espérance de se retrouver dans le sein de Dieu avec sa famille .
Qui se souvient aujourd'hui de Madame Élisabeth ? Merci à Jean de Viguerie de ranimer les braises de sa mémoire, la mémoire d'une princesse française qui fait honneur à la fille aînée de l'Église.
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