Nos coups de coeur
Islamophobie, intoxication idéologique
Il ne se passe désormais plus de semaine sans qu’un acte terroriste ne survienne sur le territoire français.
A chaque fois, dans la presse, nous assistons à un cortège de déclarations convenues, sur le caractère « psychiatrique » du geste criminel, ou encore, sur la nécessité de ne pas céder à « l’islamophobie » pour qualifier les faits. Dans un essai clair et précis, Philippe d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS, s’attache à démonter les mécanismes de manipulation politique et médiatique par le langage, qui empêchent d’attaquer le mal du fondamentalisme musulman avec les bonnes armes.
Avec méthode, il analyse les lieux les plus inattendus où vient se nicher le travestissement de la réalité implacable de l’islam mortifère : la manipulation des enquêtes d’opinion, réalisée de manière à faire ressortir un prétendu racisme des Occidentaux, et à les culpabiliser, tout en érigeant les musulmans en modèles d’ouverture et d’intégration, ou encore la diffusion de mythes tenaces, comme celui de la soi-disante discrimination des immigrés à l’embauche, qui ne résiste pas à l’étude froide des chiffres et des faits, car la réalité est toujours beaucoup plus complexe que la simplification idéologique. Le discours ambiant sur l’islam en vient à construire un monde imaginaire, avec ses règles, ses codes, ses figures du bien et du mal, et son inversion volontaire du réel : la construction d’une contre-société islamique devient une simple question de liberté individuelle et d’exercice de droits religieux, l’anti-occidentalisme est délibérément déconnecté des enseignements de l’islam ; enfin, la connexion entre terrorisme et islam devient le signe ultime de la haine des musulmans entretenue par l’Occident.
Ces choses sont connues : le mérite de l’ouvrage de Philippe d’Iribarne est de les coordonner dans une démonstration d’ensemble simple et très cohérente, et met le doigt sur une ambiguïté essentielle et profondément destructrice : le discours de l’islamophobie entretient les musulmans dans l’illusion qu’ils pourront « un jour être traités comme des semblables tout en continuant à s’affirmer différents. » La résistance ne peut se faire qu’au travers d’une double exigence de vérité, pour l’Occident d’abord, pour les musulmans ensuite.
