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À la droite de Dieu, la Fédération nationale catholique

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À la droite de Dieu, la Fédération nationale catholique
  • Auteur : Corinne Bonafoux
  • Editeur : Fayard
  • Année : 2004
  • Nombre de pages : 658
  • Prix : 32,00 €

De la droite et de la division
par Guillaume Lenormand pour Liberté politique


La Fédération nationale catholique (FNC) et son chef n'ont pas eu de chance. Les historiens de la IIIe République leur ont préféré soit Charles Maurras soit Marc Sangnier.

Pourtant, le mouvement créé par Castelnau fut la seule tentative réussie de regroupement politique des catholiques français.

Après la victoire du Cartel des Gauches, le gouvernement dirigé par Édouard Herriot, radical-socialiste bon teint, avait annoncé son intention d'appliquer la législation laïque en Alsace-Lorraine et de fermer l'ambassade de France au Vatican. C'était, aux yeux des catholiques, une rupture de l'Union sacrée réalisée durant la Première Guerre mondiale.

Dans ce contexte se développèrent des ligues dites "patriotiques", animées par un esprit national certain. À cet état d'esprit s'ajoutait l'antiparlementarisme qui, dès la fin du XIXe siècle, caractérise l'Action française et les Camelots du roi, hostiles aux principes libéraux et aux pratiques républicaines. De surcroît, les anciens combattants, qui veulent apporter dans la vie publique la fraternité des tranchées, suspectent les hommes politiques, dont les querelles provoquent une instabilité ministérielle chronique. De là procède le Faisceau de Georges Valois, qui disparaît à la fin des années vingt, mais aussi les Jeunesses patriotes, fondées par Pierre Taittinger en 1924 lors de la lutte électorale entre le Bloc national et le Cartel des gauches. Il y a aussi les Croix-de-Feu, mouvement dirigé par le lieutenant-colonel de La Rocque, ayant une vision politique d'inspiration chrétienne, conservatrice et légaliste. À ces mouvements s'ajoute la Fédération nationale catholique qui combat l'offensive laïque des " rad-soc ".

Édouard de Curières de Castelnau (1851-1944), pur produit des "jésuitières", est un aristocrate du Rouergue qui a choisi le moment propice pour créer un puissant lobby catholique. Il eu une brillante carrière militaire, première guerre mondiale oblige, suivi de mandats parlementaires.

La FNC représente la dernière tentative en France de bâtir un mouvement " dans l'intérêt de la religion catholique, de la famille, de la société et du patrimoine national ". Peu attentive à la forme du régime (monarchie ou république), la FNC attribue tous les maux de la société moderne à l'absence de Dieu. Bien sûr, elle lutte contre la laïcité au moment de l'offensive du Cartel. Elle n'est pas subversive comme l'est l'Action française ; ni démocrate comme l'est le Sillon. Mais elle voit la politique à travers le prisme du catholicisme.

La FNC sut mobiliser l'électorat catholique pour lequel " le laïcisme est l'erreur capitale qui refuse toute place dans la législation et la vie publique à la religion et aux droits de Dieu ". S'il était violemment anticommuniste et dénonçait l'influence des Loges en politique, Castelnau condamnait aussi le racisme et l'antisémitisme. En excellent militaire, il savait mobiliser ses troupes et ratissait large. Au nombre des dirigeants régionaux figurait un certain Joseph Mitterrand, industriel à Jarnac et père du futur président de la république.

La FNC se prolongera jusque sous Vichy, perdant insensiblement de l'influence. Le 17 juin 1940, Castelnau écrivait à son fils : " Je suis effondré. Dieu nous punit durement du mal effroyable répandu par la révolution française. La France a renié son passé ; elle n'a pas voulu se battre ... "


Corinne Bonafoux est maître de conférences à Lyon. Ce livre, issu de sa thèse soutenue en 2001, retrace l'histoire de ce puissant mouvement catholique de l'entre-deux-guerres, mu par une vision de la Cité héritière du XIXe siècle. Catholique fervent, le général de Castelnau, à droite et républicain très modéré de raison plus que de passion, était inclassable. C'est précisément son caractère atypique qui a conduit les historiens à le négliger. Il n'entrait pas dans les grilles de lecture habituelles. Cet ouvrage comble cette lacune.


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