En 2017, l'arrivée d'Emmanuel Macron montrait une forme de renouvellement dans le paysage politique français. En conciliant les centre gauche et droit derrière une bannière libérale-progressiste, le président cassait le tabou de "l'UMPS", c'est-à-dire de la porosité idéologique entre nombre de membres des deux pôles ayant formé la vie politique française depuis plusieurs décennies. D'un projet d'apparence résolument tourné vers le futur, le président en est réduit, cinq ans plus tard, à invoquer à demi-mot l'austérité pour les Français.
Un renouvellement d'appareil
L'avènement du parti présidentiel En Marche, devenu La République En Marche puis Renaissance, est un événement majeur de la vie électorale de ce premier quart de siècle. Alors que les observateurs politiques parlaient sans cesse du cordon sanitaire entre le Front National et la droite parlementaire, Emmanuel Macron a, lui, rompu le cordon sanitaire entre les éléments les plus centristes de la droite et de la gauche. Cette nouvelle voie politique faite de progressisme et d'opportunisme est un coup de maître tactique. Pour vendre son projet politique, le président proposait en 2017 de « libérer les énergies » et d'ouvrir la voie à ceux qui veulent entreprendre. Cinq ans plus tard, le discours a diamétralement changé.
La France au pain sec et à l'eau
En Conseil des ministres mercredi, le premier de cordée a évoqué une « grande bascule, un grand bouleversement [que] nous vivons » et la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance. Notons ici que le terme « abondance » fera grincer des dents les quatre Français sur dix qui ne partent pas en vacances et autres Gilets Jaunes qui peinent à payer l'essence leur permettant d'aller travailler.
Un monde qui change sous le coup des changements climatiques notamment, de la guerre en Ukraine d’autre part, mais qui, « en même temps », pour reprendre la formule présidentielle, changeait déjà. Cette « fin des évidences » dont parle Emmanuel Macron confirme l'austérité à venir après les dépenses massives liées à la crise et dans une perspective d'explosion du prix de l'énergie.
Une fin des évidences qui devrait être l'occasion pour ce président très sûr de lui de faire preuve d’un peu d'humilité… alors que pour l’heure, elle semble plutôt le confirmer dans ses certitudes.
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