Les catholiques, ou du moins certains d’entre eux, ont-ils encore le droit de s’exprimer en toute liberté, pour rechercher la vérité ? Le monde catholique n’est-il pas atteint par le politiquement correct, qui impose que les débats ne soient possibles que s’ils ne dérangent pas, et ne soient donc ouverts qu’entre gens consensuels ? Débattre, voire s’opposer, mais seulement entre personnes qui pensent la même chose, cela n’est-il pas devenu le nec plus ultra d’un nombre important de « débatteurs catholiques » ?

Il en est ainsi, hélas, sur bien des sujets fondamentaux, parmi lesquels deux sujets majeurs, conditionnant l’avenir de l’Europe, de la France, de nos familles, de nos enfants et petits-enfants : l’immigration-invasion de notre continent, et son islamisation accélérée, sujets sur lesquels s’expriment à jet continu l’Eglise et les papes successifs, depuis des décennies.

Un grand nombre de catholiques considère que l’Eglise ne peut être contredite, et le pape  encore moins : erreur dramatique, aux conséquences incalculables. En effet, si les dogmes sont évidemment non discutables pour un catholique, les positions « mondaines » de l’Eglise et du pape sont très légitimement analysables et critiquables. Ceux qui en doutent pourront lire ou relire avec profit le très exceptionnel saint Thomas d’Aquin, d’une lumineuse clarté sur le sujet ! Or, sur l’islamisation du monde comme sur l’immigration débridée, qui sont des sujets hautement politiques, le débat n’est pas seulement autorisé : il est nécessaire, et le refuser est une erreur et une faute. Car la « correction fraternelle » des éventuelles erreurs « mondaines » de l’Eglise et des papes n’est pas une option : c’est un devoir pour tout catholique.

Pour le démontrer, il suffit de se poser une question simple : si deux papes, sur le même sujet, prennent des positions contradictoires, ou si le même pape se contredit lui-même à quelques années d’intervalle, quelle position retenir in fine ? Or, l’histoire de la papauté révèle à l’envi que des positions papales successives pouvaient être contradictoires : en ces cas, où est la vérité, où est l’erreur ? Le devoir de tout catholique est alors d’ouvrir, sur les fondements de la tradition et de la doctrine de l’Eglise, un débat authentique, et de se livrer à des analyses approfondies et argumentées sur de telles contradictions. Ce qui implique de refuser de surfer sur des communications émotionnelles et superficielles, devenues l’alpha et l’oméga de la vie intellectuelle actuelle, même dans les milieux catholiques. Ce qui veut dire que le risque de la communication instantanée, sous le feu des projecteurs, est hautement dangereuse, fut-elle livrée dans un avion, à 10 000 mètres d’altitude.

Laurent Dandrieu est un intellectuel reconnu, doté d’une vaste culture. Il vient de publier un livre de réflexion fondamental qui, à n’en pas douter, fera date, et s’intègre donc dans les ouvrages à lire et méditer (Eglise et immigration - Le grand malaise - Presses de la Renaissance). Chacun pourra évidemment en penser ce qu’il voudra, à condition de l’avoir lu, pour ne pas se ranger dans la catégorie « Alain Juppé », grand spécialiste autoproclamé  de l’islam … qui a avoué n’avoir jamais ouvert un coran. Immigration et islamisation peuvent aboutir à la disparition très rapide de l’Europe chrétienne historique : Laurent Dandrieu l’explique avec lucidité et courage,  et n’hésite pas à bousculer l’Eglise, qui favorise depuis des dizaines d’années ce double mouvement, à bien des égards suicidaire. Correction fraternelle oblige…

Ceux qui savent tout cela lui sauront reconnaissants d’avoir exprimé publiquement une parole nouvelle, libre, à la recherche de la vérité. Ceux à qui il aura ouvert les yeux également. Ceux qui sont en opposition avec lui devront le remercier d’avoir ouvert ce débat essentiel, et donc de leur avoir permis d’affiner leurs positions. En bref, la lecture de ce livre ne peut que profiter à tous, ou plutôt à presque tous, puisque certains, peu nombreux espérons-le, le critiqueront dans un réflexe tout juppeïste : dire sans savoir, maladie très répandue de nos jours, et dénoncée en son temps, de façon magistrale, par Benoît XVI !

François Billot de Lochner,

président de la Fondation de Service politique,

 de Liberté politique et de France Audace