“Supercondriaque”, le dernier film satirique de Dany Boon sur l’hypocondrie des malades imaginaires de notre temps, a fait un véritable tabac en France avec plus de 2 millions de spectateurs pour sa première semaine en salles : il s’agit du meilleur « démarrage » de l’année. De quoi faire pâlir d’envie les dirigeants de la classe politique française, dont le cinéma permanent, fait de sketches de valeur très inégale il est vrai, n’attire plus guère les foules. 

L’ivresse des sondages a beau griser encore les personnalités et flatter les ambitions de carrière individuelle, une chose est sûre : le compte n’y est pas toujours en matière de sympathie (Hollande à 17 % dans le dernier sondage TNS-Sofres), et encore moins d’adhésion franchement joyeuse, sans même parler du rire…, même si certains responsables politiques sont de véritables experts de l’humour involontaire, mais en oscillant dangereusement entre le ridicule et l’odieux.

Dans le registre de la recherche ambiguë de popularité, des coups de menton autoritaires, et des regards tantôt furibonds, tantôt séducteurs, le très policé mais ténébreux Manuel Valls tient avec maestria la vedette incontestable parmi l’équipe des ministres de M. Hollande. Cela même si la jeune et féline Najat Belkacem montre des aptitudes communicatives troublantes dans ce style dominateur et conquérant.

Dans un registre plus improbable et baroque, un charivari momentané a été provoqué par un revenant de l’ère Sarkozy, adepte plus ou moins maniaque des enregistrements sous cape d’entretiens confidentiels avec le président du quinquennat défunt : mais un Buisson, même épineux, ne saurait cacher longtemps la forêt épaisse et sombre de l’État-PS.

Délation

Au même moment, une étudiante étrangère – russe, c’est d’actualité – âgée de 18 ans, Anna, en quête de naturalisation dans notre beau pays, déclare avoir été fortement sollicitée par la police française de Versailles, pour espionner les groupes militants de La Manif pour tous qui lutte pour défendre la famille et l’enfance contre les « réformes sociétales » du gouvernement.

Les policiers qui l’auraient incitée ainsi à la délation se seraient comparés… au KGB, mais avec des nuances, sur un ton d’humour grinçant comme les gonds d’une porte de la prison Loubianka de Moscou. Après l’émotion provoquée par un article du Figaro sur cette étrange démarche attribuée à la police… française, le ministre Valls a déclaré précipitamment qu’il allait diligenter une enquête de l’Inspection générale de la police nationale.

Toutefois, les policiers impliqués dans cet entretien très particulier avec l’étudiante russe lui avaient annoncé que leur compte-rendu officiel ne comporterait pas les questions concernant la Manif pour tous…

À la fin de l’époque soviétique en URSS, on appelait ce genre de pudeur très discrète « la loi du téléphone » : celle qui a le gros avantage de ne pas laisser de trace écrite… mais qui n’empêche pas d’adopter un ton très directif, comme celui employé, paraît-il, également au téléphone, par les policiers français vis-à-vis de cette étudiante russe. Des policiers qui ont agi ainsi sur ordre — ainsi qu’ils le prétendent — mais de qui, au fait ?

La France idéale selon Valls et l’État-PS, serait-ce de mettre les uns au garde-à-vous, les autres en garde à vue ? Mais non, c’est sûrement un « fantasme » d’opposant « supercondriaque » !

D. L.

 

En savoir plus :
Le témoignage d'Anna (vidéo)
L'analyse de François-Xavier Bellamy : Affaire Anna : l'oppression au pouvoir

 

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