Les mobilisations contre la réforme des retraites ont donné lieu à une attention médiatique de tous les instants. Un phénomène de focalisation devenu courant et qui illustre un traitement partial de l’information.
Tout s’arrête !
Une « révolution » contre le voile en Iran et tout s’arrête ; la Russie qui perd du terrain en Ukraine et tout s’arrête ; la bataille des retraites et tout s’arrête !
Le traitement médiatique a quelque chose d’intégral : il s’agit pour les rédactions de ne pas rater un moment censé être possiblement historique. L’exemple iranien est frappant : médias et réseaux sociaux se sont pris de passion pour ce pays qu’ils ne connaissent pas, évoquant une prétendue révolution qui ne s’est pas avérée décisive du tout et qui, de surcroît, ne portait pas sur les sujets fantasmés des rédactions occidentales.
Quant à la guerre en Ukraine, et tout particulièrement le sujet de la centrale nucléaire de Zaporijia, elle revient systématiquement comme pour combler les vides de périodes médiatiques creuses.
Enfin, les retraites, sujet d’importance certes, accapare l’actualité de manière tellement totale qu’on oublierait presque l’inflation galopante et la guerre en Europe.
Le recul et l’action
Ces choix médiatiques connaissent des limites. Les réseaux sociaux et les médias alternatifs ont établi un rapport de force permettant de faire émerger des sujets délaissés. Ces thèmes demeurent néanmoins souvent cantonnés à des faits divers ou aux sujets comme l’insécurité. Comprendre le prisme idéologique médiatique est une chose, envisager le temps de l’information en est une autre. Nous savons en achetant tel ou tel journal ou en consultant tel site d’information quelle sera la sensibilité éditoriale ; en revanche, s’extraire de la focalisation médiatique paraît plus compliqué. Et pour cause, les rédactions sont bien souvent obligées de se plier à une actualité principale commune. Pas nécessairement par mimétisme mais parce qu’elles répondent à une demande du « public ». Savoir extraire le pertinent de l’accessoire est alors crucial pour ne pas tomber dans la psychose entretenue par les chaînes d’information en continu. Il s’agit également de savoir se placer vis-à-vis de l’information. Quel est mon pouvoir d’action face à une guerre à 2 500 kilomètres de chez moi ? Et face à un projet d’autoroute à deux kilomètres de chez moi ?
Sans se désintéresser de la « grande actualité », revenir à ce qui touche notre quotidien et notre mode de vie, modifiant parfois l’homme sur le temps long, semble primordial. Créer une association de riverains pour défendre les intérêts d’un village ou d’un quartier vaudra souvent davantage que l’article guerrier d’un éditocrate parisien.
Olivier Frèrejacques
Délégué général de Liberté Politique
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