Saint Jean-Paul II, pape libérateur

Le bienheureux Jean Paul II sera canonisé le 27 avril, dimanche de la Divine Miséricorde. Qui était ce robuste cardinal polonais qui bouscula les canons de l’ostpolitik ? Retour sur l’action du futur saint dans une Europe orientale toujours en proie aux troubles…

L’action du pape polonais en Europe de l’Est a été guidée par trois idées-forces, surtout de 1978 à 1989, l’année de la chute du Mur de Berlin, puis jusque dans les dernières années de son pontificat, vis-à-vis du monde orthodoxe dans le contexte post-soviétique.

  1. La liberté religieuse est le premier des droits de l’homme fils de Dieu. Donc le combat pour cette liberté suprême est le point de départ idéal d’une reconquête de l’ensemble des libertés humaines menacées par le système totalitaire.
  2. Il faut travailler à la réunification des deux parties de l’Europe, Est et Ouest, de l’Atlantique à l’Oural, par-delà le Rideau de fer, comme au rapprochement nécessaire des deux poumons de l’Église, Occident et Orient, Occident catholique et Orient orthodoxe.
  3. Le communisme n’est qu’une parenthèse de l’histoire de l’humanité : une parenthèse tragique, mais que les hommes peuvent s’efforcer de refermer le plus vite possible, avec l’aide salutaire de Dieu.

Par cette troisième idée, pleine d’espérance quant à la fin du communisme, Jean-Paul II, pape venu de l’intérieur du monde de l’Est, s’est distingué de ses deux prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI : ces deux pontifes, la mort dans l’âme, par un souci de prudence temporelle, avaient adopté une morale politique provisoire de l’acceptation du statu quo dans leur époque. Ils s’étaient estimés obligés de composer avec un système communiste qu’ils pensaient installé pour longtemps sur la planète…

Sur la planète, peut-être, comme le montrent les exemples de la Corée du Nord, et à un moindre degré du Vietnam et de Cuba, ou de la Chine très nationaliste en cours de mutation lente… - Mais pas en Europe de l’Est…, où le Rideau de fer a été découpé dès l’été 1989 (27 juin-10 septembre) en Hongrie, et où le mur de Berlin est tombé dès novembre 1989.

« Un juste espace de liberté » souhaité par Paul VI

En janvier 1978, l’année de sa mort, Paul VI lançait un cri presque désespéré devant le corps diplomatique : « L’évolution historique n’est-elle pas suffisamment avancée pour que certaines raideurs du passé soient surmontées, que soit accueillie la supplication de millions de personnes, et que tous puissent bénéficier du juste espace de liberté pour leur foi ? »

Ce vœu ardent allait être exaucé onze ans plus tard, en novembre-décembre 1989, grâce à Jean-Paul II.

En octobre 1978, le cardinal Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie, accède à la papauté. On l’appelle Jean-Paul II : il est ainsi fait héritier de Jean XXIII et de Paul VI, artisans du concile Vatican II et fondateurs du renouveau de l’Église souhaité par les Papes Pie XI et Pie XII, et pionniers en actes et en paroles de la « civilisation de l’amour » chère à Paul VI qui a créé cette expression, antidote des oppressions matérialistes et totalitaires.

Qui est ce Karol Wojtyla ? Ce n’est pas un natif d’Afrique noire. C’est un robuste Polonais âgé de 58 ans. Il va rester 27 ans à la tête de l’Église.

Fils d’un officier et d’une femme très pieuse d’origine partiellement lituanienne qu’il va perdre très jeune, il va voir aussi mourir un frère aîné médecin, puis son propre père sous l’Occupation nazie de la Pologne. Il échappera de peu deux fois à la mort : renversé par un camion allemand, puis traqué lors d’une tentative de rafle de la Gestapo en tant que séminariste clandestin à Cracovie.

La non-violence comme instrument de libération

Ordonné prêtre en 1946, il découvre très tôt l’œuvre de Gandhi, le précurseur indien de la non-violence comme instrument de libération politique et humaine, Gandhi qui fut un lecteur assidu de l’Evangile pendant ses études d’avocat en Angleterre…

Envoyé à Rome et en France dès 1947, le futur Jean-Paul II découvre le matérialisme pratique occidental naissant – déjà imprégné d’un marxisme abstrait pour rêveurs - mais aussi les richesses intellectuelles du catholicisme français et italien de l’époque. 

De retour en Pologne, l’abbé Wojtyla devient un aumônier d’étudiants exceptionnel, à la fois très spirituel et très sportif, très proche des jeunes, dont il restera toujours un grand ami, jusqu’au triomphe des Journées mondiales de la Jeunesse qu’il organisera comme Pape.

Il crée une grande pastorale du mariage dans une Pologne communiste où le régime cherche à affaiblir la famille pour mieux manipuler les personnes.

Il devient aussi un professeur très aimé de philosophie morale à l’Université catholique de Lublin, une oasis de liberté dans ce pays lui-même resté solidement attaché à son passé chrétien, malgré la séduction que le communisme exerce sur son intelligentsia pendant les années 1945 au milieu des années 50, et grâce au courage héroïque de son clergé et de son peuple, restés unis derrière le cardinal Wyszynsky qui ne cédera jamais sur l’essentiel malgré trois années d’isolement forcé de 1953 à 1956.

La logique efficace du pardon et de la réconciliation

A la fois combatif et plein d’amour, le futur Jean-Paul II gagne plusieurs batailles face au pouvoir, tout en gagnant aussi… l’estime de plusieurs de ses adversaires. Sa règle d’or restera toujours la suivante : il veille à ne jamais humilier ses adversaires du système communiste, en leur laissant toujours la possibilité d’une issue honorable en cas de conflit. Et c’est là qu’intervient la logique efficace du pardon et de la réconciliation, si efficace pour éviter le piège de la haine vindicative.

Devenu archevêque de Cracovie, en union étroite avec la population catholique, il obtient à l’arraché la construction de la grande église de Nova Huta, dans la banlieue ouvrière de Cracovie, que les dirigeants marxistes avaient conçu et prévu comme une cité sans Dieu. Il y a fallu un long bras de fer de plusieurs années, mais sans aucune violence. C’est un combat spirituel.

En 1976, le futur Pape apporte son soutien personnel à la création du KOR, le Comité de défense des ouvriers lancé par des précurseurs laïcs du futur syndicat « Solidarité », alors jetés en prison, Adam Michnik et Jacek Kuron, anciens communistes en rupture avec le régime. Il va ainsi sceller une alliance libératrice entre l’Église de Pologne et des intellectuels laïcs issus du marxisme et… guettés plus tard par un laïcisme et un néo-marxisme revanchard qui en récupèrera plusieurs… après la chute du communisme pro-russe.

Sortir du communisme sans bain de sang

A l’évidence, la méthode de Jean-Paul II s’inspire étroitement de l’idéal de Jésus-Christ :

1.- Il manifeste une intransigeance sans faille pour témoigner de la vérité contre le mensonge et l’utopie, avec la force intérieure des grands témoins de la Foi que sont les martyrs, tels que les a définis le penseur français Pascal, « ces témoins qui se feraient égorger ».

2.- Mais il manifeste aussi douceur évangélique et prudence, et sait enrayer ainsi l’engrenage de la violence en évitant toute provocation.

Cette logique puissante de la fidélité à la fois forte et douce à la vérité va entraîner un phénomène prodigieux en une dizaine d’années, de 1979 à 1989 : faire sortir les Pays de l’Est du communisme sans effusion de sang collective.

Le Pape Jean-Paul II a engagé avec des dirigeants communistes un dialogue sans naïveté devant la dialectique marxiste, mais respectueux des personnes. Il a appelé ses interlocuteurs au sens de leurs responsabilités d’hommes d’Etat, et au dépassement de leur idéologie par le souci du véritable bien commun,

Ses interlocuteurs communistes, du général polonais Jaruzelski après le coup de force du 13 décembre 1981, aux dirigeants de l’URSS Gorbatchev, et même Leonid Brejnev par l’intermédiaire d’une mission du Professeur Lejeune à Moscou, ce dernier contact ayant été pris en 1982 sur le thème du danger planétaire d’une guerre atomique.

Combattre pour une liberté qui ait un sens

Ici, il est utile de rappeler que dans son message de Noël 1955, un grand prédécesseur de Jean-Paul II, le Pape Pie XII, mettait l’Occident en garde contre « un anticommunisme basé uniquement sur la défense d’une liberté vide de sens ». De 1956 à aujourd’hui, l’avenir lui donnera plusieurs fois raisons d’une manière tragique et sanglante : pour combattre efficacement la dictature du marxisme athée, il faut pouvoir lui opposer un idéal digne de ce nom qui donne un vrai sens à la vie, et qui puisse fédérer des peuples autour d’une conception du monde qui soit juste aux deux sens du terme, c’est-à-dire exacte et équitable.

Si on prétend remplacer le marxisme par la « Dictature du relativisme » qu’à la suite de Jean-Paul II, le Pape Benoît XVI a dénoncée avec courage et lucidité, on ne fait que tomber de Charybde en Scylla… Et on en reste dans le marécage matérialiste de l’exploitation de l’homme par l’homme… La belle affaire !

A peine élu Pape, Jean-Paul II lance un premier appel au monde fin octobre 1978 : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! A sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des Etats, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture ! »

Toute l’évolution de l’Europe – encore à venir – est contenue en germe dans cette exhortation, qui invite à confronter la foi chrétienne au matérialisme moderne sous toutes ses formes.

Ni communisme, ni matérialisme pratique

Une remarque s’impose : Jean-Paul II évoquait LES systèmes économiques et politiques au pluriel : il ne visait pas seulement le communisme, mais aussi la culture politique et économique occidentale, marquée par un matérialisme pratique hédoniste et dégradant pour la nature humaine. On l’a vu surtout dans les années 1990 et 2000 dans sa lutte contre tous les aspects de la « culture de mort », notamment l’avortement de masse et l’euthanasie, y compris les premiers symptômes de la redoutable idéologie du « Genre » développée notamment à partir des Etats-Unis ou en France dans des cercles qui utilisent l’homosexualité comme une arme de déstructuration de la société…

Vis-à-vis du Bloc de l’Est, Jean-Paul II va procéder le plus possible par une action apostolique directe : une pastorale de la liberté religieuse et des droits de l’homme qui en découlent nécessairement.

Il va agir, soit par un contact direct avec les foules, comme dans sa Pologne natale en juin 1979 à Varsovie, juin 1983 à Cracovie et juin 1987 à Gdansk ou par le biais de nombreux peuples occidentaux.

– Soit par l’intermédiaire de Radio-Vatican (par exemple en direction de pèlerins tchèques et slovaques rassemblés en 1984 au sanctuaire marial populaire de Levoca, provoquant à la fois la fureur et la perplexité de la police communiste locale qui perquisitionnera ensuite, cherchant en vain des cassettes d’enregistrement là où il n’y avait qu’un poste de radio…)

– Soit au niveau des épiscopats et clergés locaux des Églises de l’Est, sœurs de l’Église de Pologne (par exemple en redonnant courage au vieux cardinal Frantisek Tomasek, ancien prisonnier de conscience, à Prague dans les années 80 malgré des pressions policières très dures…)

Jean-Paul II va globalement soutenir le clergé et les fidèles résistants contre tel élément négatif d’une hiérarchie baillonnée, comme dans la Hongrie décapitée par la neutralisation puis la disparition de l’héroïque Cardinal Mindszenty, arrêté, torturé et victime d’un procès stalinien dès 1949.

Inspirer et soutenir le mouvement de « Solidarité »

Par ses voyages dans son propre pays, en Pologne, Jean-Paul II a inspiré et soutenu le puissant mouvement populaire de « Solidarité », d’inspiration sociale-chrétienne : il va défendre son droit à l’existence et l’aider à revenir au grand jour, après son interdiction par le Général Jaruzelski le 13 décembre 1981, puis à accéder au pouvoir en 1989.

1989 est l’année qui verra se déclencher la libération de tous les pays d’Europe centrale.

Le voyage initial de Jean-Paul II en Pologne en juin 1979 a permis au peuple polonais de mesurer totalement pour la première fois sa quasi-unanimité, sa cohésion et sa force spirituelle et morale.

Un message de liberté qui fait trembler le sol de l’Est

Le Pape y a délivré un formidable message de liberté, en abordant le thème de l’indépendance nationale de son pays, avec pour base son identité de peuple catholique. Ce que personne à l’époque ne contestait.

A propos de ce voyage-souche de juin 1979, le Cardinal Franz König, archevêque autrichien de Vienne, grand connaisseur des Pays de l’Est, a dit ceci : « Un tremblement de terre commence dans le monde communiste, et on ne sait pas où il s’arrêtera ».

Dix ans plus tard, ce sera l’effondrement du bloc politico-militaire du « Pacte de Varsovie » regroupant les Pays de l’Est, avec la Chute du Mur de Berlin en novembre 1989, et deux ans après, en août 1991, l’effondrement du système soviétique, à partir d’un putsch raté d’officiers supérieurs du KGB contre Gorbatchev en plein cœur de Moscou…

Mais on assistera aussi en décembre 1991 à l’éclatement de l’URSS comme conséquence directe d’une révolte sourde du peuple ukrainien et des élites dirigeantes de Biélorussie après la catastrophe de la Centrale nucléaire Lénine de Tchernobyl en avril 1986, avec des déclarations d’indépendance. En Ukraine, elle est approuvée par un referendum massif atteignant 90% des suffrages, et les régions de l’Est russifié du pays votent presque autant dans ce sens que celles de l’Ouest « nationaliste »…

Facteur d’importance majeure, dans la Pologne de juin 1979, la « Théologie de la Nation » développée par Jean-Paul II était adressée non seulement aux Polonais, mais aussi à tous les peuples, notamment les peuples de l’Est, en particulier les Slaves. Avec une espérance prémonitoire, le Pape y a évoqué « l’unité spirituelle de l’Europe chrétienne », appelant à la réunion de l’Est et de l’Ouest : cette œuvre n’est pas achevée, et elle rencontre même de terribles obstacles et des adversaires violents (comme on l’a vu en ex-Yougoslavie de 1992 à 1996 et comme on le voit peut-être encore aujourd’hui en Ukraine dans un contexte particulier mais tragique et… absurde), mais elle a cependant beaucoup progressé.

En janvier 1982, Jean-Paul II se fait plus explicite : il dénonce la déchirure scandaleuse des accords de Yalta arrachés par Staline en 1945, en critiquant la « persistance » des « répartitions en sphères d’hégémonies », dans la mesure où elles « tendent à limiter la souveraineté d’autrui ».

Artisan de paix et de liberté malgré une tentative d’assassinat

Une tentative d’assassinat a lieu contre lui à Rome le 13 mai 1981, date anniversaire des apparitions de Fatima : c’est l’attentat contre ce Pape polonais gênant, commandité par l’intermédiaire d’une organisation terroriste islamiste turque, les « Loups gris », noyautée par le KGB depuis une trentaine d’années pour déstabiliser la Turquie pro-occidentale et éventuellement agir au-delà… Dans cette hypothèse, une explication tient : le régime soviétique redoutait alors, à juste titre, la contagion de la liberté à l’Est…

Miraculeusement sauvé de la mort, malgré le passage d’une balle dans une partie vitale de son organisme, Jean-Paul II va reprendre son travail d’apôtre de la liberté de conscience sans ménager sa santé.

Juste après le coup d’Etat du 13 décembre à Varsovie, depuis Rome, le 1er janvier 1982, il défend le droit à des syndicats libres, et lance un appel au soutien de la communauté internationale à « Solidarité ». En juin 1983, son 2ème voyage en Pologne lui permet de défendre sur le terrain le syndicat dissous, tout en lançant un appel au dialogue social.

En 1987, son 3ème voyage sera l’occasion pour lui de redonner confiance à ses compatriotes guettés par le découragement devant le maintien d’une répression du régime, et aussi de rendre hommage à un authentique martyr de la liberté, le Père Jerzy Popieluszko. Celui-ci, inlassable défenseur du syndicat « Solidarité », avait été assassiné par la police politique en 1984 sur ordre direct de représentants de Moscou installés dans les locaux du Ministère de l’Intérieur à Varsovie. Mais ce crime avait pu être découvert par le chauffeur du prêtre martyr qui avait pu s’échapper des griffes des tueurs et donner l’alerte.

En 1989, encouragé par Jean-Paul II, le dialogue entre l’Église de Pologne et le régime communiste reprend, et des représentants de « Solidarité » y sont admis…

Le Parti communiste polonais va laisser la responsabilité du pouvoir à un croyant, un intellectuel catholique de gauche de Varsovie, Tadeusz Mazowiecki, engagé aux côtés de « Solidarité », qui devient Premier ministre.

1989, une année décisive jusqu’au mur de Berlin

Cette année 1989 a bien été une année décisive : en cette année-charnière, l’évolution des pays voisins d’Europe centrale suit la même direction, celle de la liberté.

En Hongrie, le régime communiste lui-même, en pleine mutation, de plus en plus hérissé dès le milieu des années 80 contre l’arrogance de certains Soviétiques, va détruire matériellement le rideau de fer à la frontière autrichienne dès l’été 1989… ! Ceci moyennant une aide financière de l’Allemagne de l’Ouest et de l’Autriche pour l’aider à rembourser ses dettes contractées après les investissements de sa réforme économique semi-libérale de 1973. Comme le dirigeant post-stalinien hongrois Janos Kadar l’a déclaré au dirigeant soviétique Brejnev, le « Socialisme du Goulasch » vaut mieux que le « Socialisme du Goulag »… Et cela va permettre bien des accommodements sur le chemin de la liberté !

Les Allemands de l’Est, volontiers touristes dans cette Hongrie devenue « la baraque la plus joyeuse du camp socialiste », vont s’engouffrer dans cette brèche dès cet été 89, avant de renverser leur propre régime, pourtant très dur presque jusqu’au bout. En novembre 1989, une série de manifestations géantes pacifiques à la manière polonaise est organisée à partir de rassemblements dans les églises luthériennes de Berlin, de Leipzig et de Dresde.

Des confrontations dangereuses avec la police militarisée des « Vopos » trouvent une issue non-violente grâce à deux facteurs : le caractère massif des manifestations, rassemblant jusqu’à un million de personnes notamment à Berlin, et l’intervention courageuse du clergé, les pasteurs des paroisses protestantes où les manifestants se rassemblaient, un peu à la manière polonaise…, et notamment un évêque luthérien et son adjoint qui s’interposèrent physiquement entre la police et la population un jour où la tension était à son comble. Et, peu après, c’est l’effondrement du mur de Berlin !

La Tchécoslovaquie du dissident Vaclav Havel et du Cardinal Tomasek va procéder à la pacifique « Révolution de velours » à Prague, mais aussi à Bratislava, côté slovaque. Là aussi, le régime communiste tombe sans aucune effusion de sang mortelle, malgré des amorces de répression policière violente.

Cette libération fait suite à une série de pèlerinages mariaux imitant celui de Czestochowa en Pologne, à des rassemblements comme le fameux « Vendredi-Saint de Bratislava » en mars 1988 (où 2000 croyants en prière résistent pendant deux heures à une police déchaînée lâchant des chiens et utilisant des canons à eau) et à des pétitions pour la liberté de conscience et la liberté religieuse (600.000 signatures obtenues de 1986 à 1988 dans cette Tchécoslovaquie peuplée de 15 millions d’habitants, 10 millions de Tchèques et 5 millions de Slovaques) qui font suite au mouvement de la Charte 77 du philosophe chrétien martyr Jan Patocka et de Vaclav Havel.

150.000 pèlerins tchèques et slovaques appellent Jean-Paul II dès 1985

Dès 1985, malgré de nombreux barrages policiers, une foule de 150.000 pèlerins tchèques et slovaques a réussi à se rassembler au sanctuaire catholique de Velehrad, pour célébrer le 1100e anniversaire de la mort de Saint Méthode, co-évangélisateur des peuples slaves avec Saint Cyrille. Méfiant et craintif, le régime communiste a refusé l’entrée du pays à Jean-Paul II. Le Cardinal Casaroli le représente. La foule crie : « Nous voulons le Pape ! Nous voulons des évêques ! », et se met à huer un envoyé du régime quand dans son discours il tente de comparer les évangélisateurs Cyrille et Méthode à des précurseurs du marxisme-léninisme… !

Cinq ans plus tard, au printemps 1990, après avoir rencontré à Prague Vaclav Havel devenu président, Jean-Paul II en personne se rendra à Velehrad devant la foule des pèlerins catholiques pleurant de joie et d’émotion, avec parmi eux quelques gréco-catholiques venus d’Ukraine occidentale avec leur drapeau national bleu et jaune… ! Et puis le Pape partira célébrer la messe sur la piste de l’aéroport de Bratislava, devant un million de personnes, sous la protection des miliciens de la police ex-communiste qui fraternisent à la fin de la cérémonie avec la population catholique qu’ils persécutaient encore six mois auparavant… !

On assiste alors à des scènes surréalistes : des officiers de la milice aux épaulettes rouges s’inclinent devant des religieuses qui les remercient, alors qu’encore six mois avant, les miliciens les empêchaient de sortir de leurs couvents entourés de barbelés, les fameux « couvents de concentration » où beaucoup étaient mortes entre 1948 et 1989…

1er décembre 1989 : la rencontre avec Gorbatchev à Rome

Quelques jours après l’effondrement des dominos communistes d’Europe de l’Est, c’est la rencontre entre Jean-Paul II et Mikhaïl Gorbatchev à Rome le 1er décembre 1989.

« La nouveauté, dit le président de l’URSS, c’est que nous avons renoncé au monopole de la vérité ». Il renonce à tout un discours totalitaire.

Dès 1988, invité du Millénaire du baptême de la Russie organisé par le régime soviétique à la demande de Gorbatchev, le cardinal Casaroli, envoyé de Jean-Paul II, avait pu demander publiquement à Moscou le retour à la liberté religieuse. Le Pape demandait aussi la ré-autorisation de l’Église gréco-catholique d’Ukraine occidentale interdite en 1946 par Staline au prix de 800.000 déportations au Goulag, et le rétablissement de relations diplomatiques entre Rome et Moscou.

Le 1er décembre 1989 à Rome, Gorbatchev s’engage totalement sur le premier point : la liberté religieuse.

Il promet de réaliser le second, en faveur des 4,5 millions de gréco-catholiques qui ont survécu dans la clandestinité, mais payé cher le prix d’une fidélité héroïque.

Et il annonce qu’il favorisera le retour à des relations diplomatiques Rome-Moscou, plus de 70 ans après la rupture due au communisme de Lénine, mais cela sous réserve de négociations avec l’Église orthodoxe russe. Et c’est de là que viendront plus tard les difficultés…

Cependant, ce jour-là à Rome, Gorbatchev annonce une nouvelle législation religieuse et invite Jean-Paul II à Moscou. Une nouvelle législation plus libérale sera effectivement promulguée fin 1990. Mais le voyage du Pape polonais à Moscou n’aura jamais lieu, du fait d’un blocage de l’Église orthodoxe russe…

A l’intérieur même de l’URSS, la Lituanie, pays catholique soviétisé, connait elle aussi une évolution vers la liberté, par-delà un incident tragique où des chars russes écrasent quatorze manifestants patriotes, fin 1990. Et les deux autres pays baltes se libèrent eux aussi.

Les Journées mondiales de la Jeunesse de 1991 à Czestochowa

Le 15 août 1991, le Pape a décidé d’organiser les Journées mondiales de la jeunesse, les JMJ, à Czestochowa : il rassemble un million de jeunes, dont 100.000 jeunes venus d’Union soviétique… Il demande l’intercession de la Vierge-Marie pour la Russie et pour le monde. A la fin de ce même mois, le putsch communiste de Moscou contre Gorbatchev échoue, et c’est Boris Eltsine qui va prend le pouvoir, ouvrant une période difficile mais partant d’une rupture avec le communisme soviétique.

La liberté s’étend de l’Atlantique à l’Oural et même jusqu’à Vladivostok, au moins pour un certain laps de temps…, les années 90.

Le communisme a perdu le pouvoir dans la majeure partie de l’Europe, même si d’insidieuses métastases subsistent ou sévissent, au moins quelques années, çà et là, notamment en Roumanie d’Iliescu et de Petre Roman ou dans l’ex-Yougoslavie de Milosevic, qui va être ravagée par une guerre cruelle de 1992 à 1996.

D’autres facteurs et d’autres acteurs de l’histoire

L’action de Jean-Paul II a-t-elle à elle seule provoqué la chute du communisme ? Non, et il en était lui-même conscient, si l’on en croit les confidences qu’il a faites à quelques proches, comme André Frossard : le Pape était conscient que des peuples assez fortement déchristianisés comme les Allemands de l’Est et les Hongrois ont été fortement attirés par le niveau de vie occidental, s’imaginant qu’ils y parviendraient rapidement.

En outre, à l’évidence, des influences autres que celles de Jean-Paul II ont joué, comme celles de puissances occidentales encore alors très fortes et sereines comme les Etats-Unis de Reagan, celles de réseaux structurés de dissidents, comme les équipes de « Solidarité » en Pologne, suscitées et encouragées par le Pape mais disposant d’une forte marge d’autonomie, ou comme les héros tchèques de la Charte 77 comme Vaclav Havel, rescapé de trois séjours en prison, et une cohorte d’autres martyrs, dans l’ensemble des pays de l’Est, en particulier la Lituanie.

La religion chrétienne a survécu au communisme athée, en grande partie grâce à ce « Pape polonais » que l’Église va canoniser, mais aussi grâce à de nombreux martyrs.

Sans doute, elle a énormément souffert. Dans les pays communistes, de vastes zones ont été radicalement déchristianisées. Mais la flamme de la foi chrétienne a survécu. La croyance en Dieu a survécu, même si elle souffre désormais de l’influence occidentale du matérialisme pratique, que Jean-Paul II désignait en 1990 à Prague en parlant de « virus occidentaux »…

Vers une traversée du désert pour les chrétiens de l’Est

Après ce « Passage de la mer Rouge » qu’a été la sortie de l’asservissement communiste, les Pays de l’Est ont commencé une traversée du désert, avec une série de tentations, comme la tentation biblique de l’adoration du Veau d’or, le culte de l’argent, mais n’est-ce pas à la fois fatal et partiellement excusable, si tant est qu’un Occidental puisse juger des peuples passés par 45 ans de pénurie forcée.

A l’Est comme à l’Ouest, l’Église est confrontée au défi de cette « nouvelle évangélisation de l’Europe » que Jean-Paul II et ses successeurs ont entamée. Cette entreprise se conjugue avec une sorte de course contre la montre, face à de nouvelles adversités, comme la « Culture de mort » dénoncée par Jean-Paul II, toujours présente avec le spectre actuel de l’euthanasie, et l’idéologie du Genre qui étend ses filets sur le monde, et qu’aujourd’hui le Pape François dénonce comme étant une entreprise de nature diabolique contre la Création divine.

La libération du communisme a été comme une aurore soudaine, presque inespérée, comme un éclair dans la nuit. Mais aucune victoire humaine n’est définitive. D’autres combats attendaient l’Église, qui s’y engage déjà. Cependant, l’immense mérite de Jean-Paul II reste d’avoir brandi avec succès le flambeau de l’Espérance.

Une nouvelle entreprise : la main tendue aux Églises orthodoxes

Après la chute du communisme, Jean-Paul II va mener une nouvelle grande entreprise : la réconciliation avec les Églises orthodoxes des pays situés derrière l’ancien Rideau de fer. C’est un effort sans précédent de rapprochement avec le monde orthodoxe, après les premiers pas de Jean XXIII et les initiatives multiples de Paul VI.

Cet effort, Jean-Paul II l’a défini dans son encyclique œcuménique de 1995 « Ut Unum sint », reprenant les mots de la prière de Jésus-Christ, véritable supplication à Dieu le Père, « Qu’ils soient Un, afin que le monde croit ! ».

Le Pape dit que l’Église universelle « doit respirer avec ses deux poumons », le poumon occidental et le poumon oriental. Il reprend ici l’expression d’un intellectuel orthodoxe russe venu en pèlerinage à Rome au XIXe siècle…

« Les murs qui nous séparent ne montent pas jusqu’au ciel »…

Dès le XVIIème siècle, un évêque orthodoxe ukrainien, le métropolite Platon, avait déclaré à propos du schisme de 1054 entre chrétiens d’Orient et d’Occident: « Les murs qui nous séparent ne montent pas jusqu’au ciel. Des hommes les ont édifiés, d’autres hommes pourront les abattre. »

Après la chute du communisme, Jean-Paul II cherche à rencontrer le Patriarche orthodoxe russe de l’époque Alexis II : rendez-vous est pris à deux reprises, en septembre 1997 en Hongrie puis en juin 1998 en Autriche, à mi-chemin entre Moscou et Rome… Mais à chaque fois, le Patriarcat de Moscou annule la rencontre au dernier moment… Deux raisons expliquent cette réticence : une raison culturelle et psychologique : la mésentente historique entre le peuple russe et le peuple polonais dont Jean-Paul II est issu…

Et une raison ecclésiale et elle aussi psychologique : la « querelle du prosélytisme » qui éclate dès 1992 en Russie : les orthodoxes russes accusent l’Église catholique de pratiquer une sorte de « braconnage spirituel » en territoire russe, en y envoyant des missionnaires catholiques… En réalité, Rome a voulu envoyer des prêtres pour s’occuper d’environ 600.000 catholiques issus de familles de déportés de l’URSS de Staline, vivant en Russie mais d’origine polonaise ou lituanienne, ou encore Allemands de la Volga…

Mais derrière cette « querelle du prosélytisme », on discerne deux conceptions différentes de l’appartenance ecclésiale à Moscou et à Rome: du côté orthodoxe, on raisonne en termes de territoire canonique (un bon citoyen de Russie doit être orthodoxe…), du côté catholique, on mise beaucoup plus sur la liberté de conscience individuelle (la liberté de choisir son appartenance confessionnelle est davantage prise en compte).

Constatant la difficulté de rencontrer le Patriarche orthodoxe de Russie, Jean-Paul II décide de partir à la rencontre des autres Églises orthodoxes.

Enthousiasme en Roumanie

En mai 1999, il se rend en Roumanie, auprès du Patriarche Teoctist, dix ans après la chute du dictateur Ceausescu. Alors qu’il s’était lui aussi montré réticent auparavant, le patriarche orthodoxe roumain ménage un très bon accueil à Jean-Paul II à Bucarest. La Presse roumaine unanime est enthousiaste : elle parle d’une heure historique et emploie le mot miracle…

La population assiste en très grand nombre à deux offices religieux, un office orthodoxe, puis une messe catholique, celle-ci célébrée devant 200.000 personnes devant l’ancien palais de Ceausescu au centre de Bucarest. A chaque fois, le Pape et le Patriarche orthodoxe roumain bénissent la foule d’un seul et même geste, sous un soleil radieux. A la fin de la messe, des gens crient : « Unitate ! Unitate ! » En 2002, le Patriarche roumain rendra à son tour une visite publique à Jean-Paul II à Rome, et l’embrassera à deux reprises devant la foule.

En l’an 2000, Jean-Paul II se rend brièvement en Géorgie auprès du Patriarche Ilia II : cette fois, le résultat est assez décevant…   Ce haut prélat orthodoxe ne fait aucune déclaration de rapprochement ecclésial, même s’il le remercie pour son action libératrice vis-à-vis du communisme athée : « Je ne peux pas ne pas mentionner votre contribution personnelle dans le processus qui a fait tomber le système qui rejetait Dieu dans l’ancienne Union soviétique ».

Un passage en Ukraine

En juin 2001, étape difficile, Jean-Paul II se rend en Ukraine, à Kiev, la capitale du pays, parfois appelée « la Jérusalem des Slaves », berceau du baptême de l’an 988, puis à Lviv, en Ukraine occidentale, métropole régionale des Gréco-catholiques, où il sera acclamé.

En Ukraine, depuis 1993, après l’indépendance de 1991, il existe trois Églises orthodoxes séparées, rivales, la branche ukrainienne de l’Église orthodoxe russe et deux Églises orthodoxes nationales ukrainiennes.

À Kiev, lors d’une rencontre interreligieuse autour de Jean-Paul II, on remarque l’absence du représentant local de l’Église orthodoxe russe, le métropolite Vladimir Sabodan, à la suite de déclarations défavorables du Patriarcat de Moscou… En revanche, le Grand Rabbin de Kiev appelle les représentants du monde entier à écouter les appels de Jean-Paul II au respect de la vie des enfants à naître et à la moralité…

En définitive, malgré quelques manifestations de désapprobation antérieures à la visite du Pape, une nette majorité se dessine au sein de la population et au sein des médias pour déclarer que cette venue de Jean-Paul II est un honneur pour l’Ukraine et lui apporte une reconnaissance sur la scène internationale…

Accueil triomphal au Kazakhstan

En septembre 2001, au Kazakhstan, ancienne république soviétique et ancien Goulag (où fut détenu Soljénitsyne), la visite de Jean-Paul II a lieu onze jours après les attentats du 11 Septembre à Manhattan. Malgré un contexte international jugé très dangereux, le Pape n’a pas annulé sa visite : il est accueilli avec reconnaissance et cordialité par le chef d’Etat local, Noursoultan Nazarbaiev, ancien haut dirigeant de l’ex-URSS issu d’une famille musulmane dans un pays de tradition soufite modérée, et hostile aux extrémistes talibans.

Nazarbaiev lui offre une immense icône de la Vierge Marie et une magnifique étole de prêtre. Une messe a lieu devant 5000 catholiques et une délégation de 600 orthodoxes venus de tout le pays et de plusieurs anciennes républiques soviétiques voisines, malgré les réticences réexprimées par le Patriarcat de Moscou. Des groupes catholiques sont venus de Sibérie, avec des banderoles invitant Jean-Paul II… Celui-ci évoque l’idéal évangélique du mariage devant des centaines d’étudiants et d’intellectuels qui lui font une ovation à l’Université d’Astana, la nouvelle capitale de ce pays d’Asie centrale.

En Bulgarie, « un message libérateur et purificateur »

Enfin, en mai 2002 en Bulgarie, le dernier voyage de Jean-Paul II en terre orthodoxe se traduit à son tour par un grand succès, malgré ou plutôt en raison de l’épuisement physique accru du Pape. Cette visite a été organisée à la suite d’une pétition de 80 intellectuels bulgares, dont l’ancien président de la république bulgare, l’universitaire Jéliou Jélev.

Dès son arrivée à l’aéroport, le Pape a apaisé certaines craintes en déclarant qu’à ses yeux, l’hypothèse de la « filière bulgare » dans l’attentat perpétré contre lui le 13 mai 1981 – plus de vingt ans auparavant – n’a jamais compté… Le journal « Troud » (« Le Travail ») publie ce titre à la Une : « Jean-Paul II, notre frère. »

Malgré une hésitation initiale due à des pressions répétées de la hiérarchie de Moscou toujours sur ses gardes, le vieux Patriarche orthodoxe Maxime vient à la rencontre de Jean-Paul II. Celui-ci se rend dans le sanctuaire national, le monastère de Rila dont le supérieur, l’higoumène Ivan Dragovitski, qui le connait depuis… le Concile Vatican II où il était observateur invité par Jean XXIII, s’exclame en latin : « Benedictus qui venit in nomine Domini - Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! ». 

A Sofia, à la fin d’un concert œcuménique de chants grégoriens et byzantins qui dure deux heures, 4000 intellectuels bulgares se lèvent et, les larmes aux yeux, font une ovation à Jean-Paul II, en psalmodiant l’acclamation slave traditionnelle : « Mnogaïa liéta ! », c’est-à-dire  « Longue vie ! Ad multos annos ! »

À la fin de ce voyage poignant, où Jean-Paul II a béatifié trois martyrs catholiques, des prêtres fusillés en 1952, le ministre des Affaires étrangères de Bulgarie, Solomon Passi, docteur en philosophie de l’Université de Sofia, dit publiquement ces mots : « Cet homme nous a donné une leçon de courage et de force d’âme. Il a apporté un message libérateur et purificateur à toute une génération. »

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Certes, après un millier d’années de séparation, les difficultés n’ont pas toutes été aplanies entre catholiques et orthodoxes. Mais après le baiser de paix de 1964 à Jérusalem entre Paul VI et le Patriarche de Constantinople Athénagoras, malgré des réticences persistantes, Jean-Paul II a effectué des pas décisifs.

Depuis, Benoît XVI a poursuivi cet effort œcuménique indispensable comme signe de paix dans un monde menacé par la guerre. Le Pape François est venu à son tour : il a déjà rendu hommage à la richesse de la tradition spirituelle orthodoxe. Tout effort de rapprochement conçu dans un esprit de fidélité et d’ouverture va dans le sens de la volonté de Dieu. Artisan de paix et de liberté, Jean-Paul II a été un des principaux acteurs de la réconciliation des chrétiens, après avoir été un grand serviteur de la libération des hommes face à un monde matérialiste.

 

 

Denis Lensel a publié Le Passage de la mer Rouge, le rôle des chrétiens dans la libération des peuples de l’Est (Fleurus, 1991) et « Nous lui devons la liberté », la main tendue de Jean-Paul II à l’Est (Salvator, 2008).

 

 

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