Source [Valeurs actuelles] Le Journal du Dimanche croyait, en révélant les coulisses de la rupture entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, brosser le portrait d’un Président fin stratège en matière de diplomatie. A l’inverse, c’est celui d’un amateur pataud qui est apparu.
Le déclenchement des hostilités à l’initiative de Vladimir Poutine a transformé celui-ci, aux yeux de nombreux observateurs occidentaux, en paria, en impérialiste belliqueux n’hésitant pas à entraîner le monde au bord du gouffre pour parvenir à ses fins. C’est sur cette base que le Journal du Dimanche a espéré flatter les talents de diplomate d’Emmanuel Macron, en décrivant un chef d’Etat responsable, face à un homologue russe en pleine dérive. Une lecture pour le moins fautive… analysée en trois points :
Première erreur d’Emmanuel Macron : le fait que le maître du Kremlin ait décroché son téléphone pour informer le président français de ses intentions vis-à-vis des deux Républiques auto-proclamées de Donetsk et Louhansk était une opportunité diplomatique exceptionnelle. Emmanuel Macron a été incapable de la saisir. Il n’a vu que la rupture des accords de Minsk dont il a fait un casus belli (accords qui n’ont d’ailleurs jamais été respectés de part et d’autre). Il est allé jusqu’à menacer son interlocuteur de « conséquences très lourdes ». En agissant ainsi, il s’est rangé du côté des opposants à Poutine et a perdu son statut d’intermédiaire. Un intermédiaire devrait craindre comme la peste les postures psychorigides ; or, Emmanuel Macron est l’incarnation de ces postures : limogeage du CEMA, affaire Benalla, Gilets jaunes, passe vaccinal, les exemples ne manquent pas…
Deuxième erreur : n’avoir pas compris que durant la séquence ante-bellum, Poutine n’a jamais cherché à le manipuler. D’ailleurs si, dès l’origine, l’objectif du Kremlin avait été la guerre, quel aurait été le bénéfice d’une telle manipulation ? Poutine a été durant cette séquence – tout comme il l’est aujourd’hui – en recherche de légitimité politique. C’était son intention en reconnaissant les deux proto-Républiques ; c’était son intention en ouvrant la porte des négociations avec Kiev à l’issue de la première journée de combats ; c’était son intention en négociant en sous-main à la frontière du Bélarus. Lors de la phase diplomatique comme lors du coup de fil de la dernière chance, Vladimir Poutine a cherché à s’appuyer sur Emmanuel Macron et non à le tromper ; il a cru en sa capacité à débloquer un verrou géopolitique.
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