Source [Causeur] Le plan « banlieues » proposé par Jean-Louis Borloo fait appel aux mêmes recettes appliquées dans les années 1980 qui ont mené aux émeutes de 2005. Il n’y a aucune raison de penser que ce nouveau recul de l’Etat n’aboutisse pas aux mêmes résultats.
Pour Emmanuel Macron, protéger l’emploi c’est détruire le code du travail et privatiser les services publics. Dans son monde, œuvrer pour la paix c’est apporter un soutien inconditionnel à la gendarmisation du monde par les Etats-Unis et à leurs interventions. En fait, Emmanuel Macron est une sorte de réincarnation de Thatcher et Reagan à lui tout seul. Son monde, c’est celui des années 1980. Et c’est donc naturellement à Jean-Louis Borloo qu’il s’est adressé pour élaborer un plan banlieues, sans doute après avoir hésité à consulter Bernard Tapie ou Roland Castro.
Il faut reconnaître que dans le genre Retour vers le futur, on n’est pas déçu en découvrant les propositions du célèbre avocat d’affaires qui vient de remettre son rapport à Matignon: création d’un fond de 5 milliards d’euros (ça ne coûte rien, dit-il, puisque cet argent sera prélevé sur les bénéfices des privatisations), création de « Maisons Marianne » (associations subventionnées de soutien aux femmes actives dans la vie du quartier), investissement d’un milliard d’euros dans le développement du RER, amélioration substantielle des statuts et salaires des travailleurs sociaux sur place, création d’une « Cour d’équité territoriale » pour punir les dirigeants qui ne feraient pas assez pour les banlieues, financement de « coachs d’insertion par le sport », de campus numériques (pour des raisons restant secrètes, les banlieues auraient « évidemment un avenir numérique majeur » précise l’expert), plans de formation, emplois francs, petits-déjeuners gratuits, « académie des leaders » (sorte d’ENA réservée aux étudiants de banlieue), développement et relance de l’apprentissage, dédoublement de classes à l’école, etc.
Dans cette énumération se retrouvent toutes les vieilles recettes des années 1980 qui ont transformé les banlieues en enfer après les avoir fait passer par la case émeutes en 2005. La question est donc de savoir si nos dirigeants sont aveugles ou de mauvaise foi.
Le premier non-sens de ce plan est son absence de bilan qui aurait dû servir à la formulation d’une problématique, puis à l’élaboration d’une stratégie. Au lieu de cela, on nous sert les misérables tartes à la crème du « retour de la République », de la transformation des territoires perdus en territoires gagnants ou encore de la lutte anti-apartheid (Marc Vuillemot, maire de la Seyne sur mer, incontestable champion avec son imbattable : « Inverser notre réalité et refaire République »). Cette absence de cap, inadmissible à ce niveau de dépenses, se vérifie dans l’éparpillement des mesures préconisées et leur entassement sans objectif ni même une seule direction commune. C’est sans doute une modernité absolue – voire de l’art contemporain – que d’annoncer un plan de 48 milliards d’euros sans énoncer ni constat, ni objectif à atteindre.
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