[Source: Les 4 vérités]
La chasse au conspirationnisme bat son plein. Récemment, les murs du métro étaient recouverts par le magazine « Society » sous-titré : « Comment le complotisme est devenu l’idéologie dominante ». Le simple fait que l’on parle du complotisme comme idéologie dominante est déjà baroque. Par définition, le complotisme est supposé pourfendre l’idéologie dominante, non la conforter ou prendre sa place.
Mais le plus emblématique de cette situation loufoque est l’enthousiasme juvénile de Najat Vallaud-Belkacem, pour cette moderne croisade. Le 9 février dernier, elle organisait une journée d’étude sobrement intitulée : « Réagir aux théories du complot ». De façon générale, depuis des mois, elle ne semble préoccupée que d’une chose : démonter les théories du complot. À l’entendre, il y aurait une espèce de vaste complot des conspirationnistes pour prendre le contrôle des cerveaux enfantins et saper les fondations de l’Éducation nationale et de la république.
Quant à moi, je ne crois pas que toutes les théories du complot soient nécessairement fausses. Ce n’est pas parce que tout n’est pas complot qu’il n’y a pas de complot du tout. Et il ne me semble absolument pas illégitime – au contraire – de chercher à comprendre d’éventuelles raisons cachées à certains faits. Tout « amalgamer » sous le vocable de « théorie du complot » est une façon commode pour l’oligarchie de dissuader toute recherche de la vérité.
Au demeurant, toute personne qui a, une fois dans sa vie, été sur un site conspirationniste (pour ma part, cela m’arrive, et je trouve cela souvent fort divertissant, parfois même fort instructif, est-ce grave, Docteur Najat ?) aura sans doute été impressionnée par l’extraordinaire érudition de ceux qui y écrivent.
À mon sens, le principal problème que posent les diverses théories du complot, c’est de réduire l’explication du monde à un seul fait (que ce soit le pouvoir des Juifs, des francs-maçons, des Illuminati, de l’Opus Dei ou des jésuites…). Et de ne pas voir qu’au sein même d’une organisation plus ou moins secrète, il existe bien des tendances et bien des oppositions.
Emmanuel Ratier, qui avait consacré sa vie à enquêter sur les causes cachées de la politique française, s’enorgueillissait volontiers d’utiliser majoritairement des sources ouvertes, comme les journaux. Il peut certes exister une passion morbide pour le secret ; mais il y a aussi une passion légitime pour la vérité, qui peut effectivement être largement « non-officielle ».
J’avoue, en outre, que le complot que je crains le plus est celui, énorme, écrasant, de la bêtise. Et, à ce sujet, les absurdités répétées en boucle par les politiciens ou les journalistes sont infiniment plus agressives contre l’intelligence que toute théorie du complot. C’est d’ailleurs parce que nous sommes forcés de constater que nous sommes pris pour des imbéciles que les théories du complot ont un tel succès.
La sympathique croisade de Mme Vallaud-Belkacem n’est ainsi pas seulement une diversion pour détourner le regard du désastre éducatif de son ministère ; elle est aussi la meilleure garantie que le conspirationnisme continue à fonctionner à plein régime !
J’ajoute que, selon toute vraisemblance, nous apprendrons bientôt que, pour éviter la contamination des jeunes esprits fragiles par des théories « dangereuses », internet sera davantage contrôlé par « ceux qui savent »…
J’entends d’ici l’accusation de conspirationnisme. Mais, alors, il faut dire que c’est un complot à ciel ouvert : le complot du pouvoir socialiste contre toute liberté et tout esprit critique !
THIEULLOY (DE) GUILLAUME
- Mayotte, Bethléem… pour Noël, ces chrétiens esp...
- Gouvernement Bayrou : la liste des ministres dé...
- L’Humanité enquête sur les « cathos réacs » : h...
- Feiz e Breizh Noz 2024 : un pèlerinage nocturne...
- L’enfant giflé par François Bayrou en 2002 est...
- Toulouse : le chauffeur de bus insulté par un f...
- Euro numérique, Bitcoin et cryptomonnaies : mai...
- François Bayrou sous pression, réunion au somme...
- La guerre d’Ukraine et la question des frontières
- Sonia Mabrouk: dernier appel avant la catastrophe