Source [Conflits] : Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le pape François s’est retrouvé à plusieurs reprises sous le feu des critiques occidentales pour sa diplomatie jugée insuffisamment engagée en faveur du pays agressé. Or, cette attitude mesurée ne doit rien au hasard et exprime le refus du Saint-Siège de la logique des blocs, comme ce fut le cas pendant la guerre froide.
Commençons par rappeler que le Vatican n’attendit pas le brutal réveil des États-Unis en 1946-1947 pour avoir une conception lucide de la menace du communisme. En fait, sa guerre froide contre Moscou commença dès le début des années 1930, avec une intensification en 1937 au moment de la publication de l’encyclique Divini redemptoris, dans laquelle le pape Pie XI définissait le communisme comme « intrinsèquement pervers ». Il faut aussi rappeler que cette offensive doctrinale succédait à une phase de détente avec les Soviétiques, déroulée tout au long des années 1920, durant laquelle Rome chercha à négocier un modus vivendi, et pourquoi pas un concordat, avec le pouvoir moscovite. Le saint-père usa pour cette mission des services du nonce, Mgr Eugenio Pacelli (futur Pie XII), dont l’anticommunisme était pourtant proverbial. Le Saint-Siège était donc, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sans aucune des illusions qui aveuglaient l’administration Roosevelt sur les buts de guerre soviétiques. Pie XII avait toujours vu d’un œil inquiet l’alliance des démocraties avec Staline dont on savait, au palais apostolique, qu’il raflerait la mise sur une grande partie de l’Europe, ce qui se réalisa effectivement, pour le plus grand malheur des peuples de l’Est.
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