Après l’affaire Valeurs actuelles / Danièle Obono, Elisabeth Lévy prend sa plume et rétablit quelques vérités
On devrait toujours se méfier de l’unanimité. Le tort supposément infligé à Danièle Obono est l’occasion d’une véritable curée contre Valeurs Actuelles. Comme dans « Les animaux malades de la peste », toute la classe politique et médiatique se réconcilie en faisant haro sur le baudet – ce pelé, ce galeux. Racisme abject, infâme, immonde, torchon, pour laver l’affront fait à la députée, nos grandes consciences ont déversé un torrent d’injures sur l’hebdomadaire. Même Wallerand de Saint-Just, du Rassemblement national, fait son offusqué, ce qui serait comique sans la sale atmosphère de lynchage.
Bien sûr la plupart des accusateurs n’ont pas pris la peine d’examiner le corps du délit.
Il s’agit du septième épisode d’une série de fictions (le mot a son importance) dont le principe est le même : on fait voyager un personnage public, mais dans le temps, façon Les visiteurs, le comique en moins. Après « Zemmour à Waterloo », « Danièle Obono au temps de l’esclavage » transplante la députée insoumise dans l’Afrique occidentale du XVIIIè siècle, où elle est victime d’atrocités perpétrées par des Africains et vendue à un Arabe avant d’être sauvée par un missionnaire. Le texte joue sur la perplexité de la militante confrontée à l’abyssale différence entre l’Afrique réelle et son Afrique fantasmée.
L’objectif de l’auteur (anonyme, heureusement pour lui) est de rappeler que l’esclavage a été pratiqué par des Noirs et par des Arabes (et qu’il a été une norme dans une grande partie du monde). Les historiens n’ignorent rien de ce fait, et le rôle des marchands africains qui livraient les esclaves sur les côtes aux Européens, trop vulnérables à la malaria pour s’enfoncer au cœur du continent, est parfaitement étayé. Mais de cette histoire, les militants de la cause noire et autres indigénistes ne veulent pas entendre parler car elle met à mal toute leur belle construction idéologique. Pour le courant décolonial et le nouvel antiracisme, il faut que l’Europe (blanche) soit l’unique coupable de l’esclavage pour montrer que le racisme est inscrit dans ses gènes. Et exiger qu’elle fasse repentance de mille manières, ce dont elle ne se prive pas.
Il est vrai que ce sont les dessins qui semblent avoir mis le feu aux poudres (ou servi de prétextes à l’indignation surjouée). Sauf qu’il s’agit toujours de fictions qui racontent exactement la même histoire que le texte, raison pour laquelle ils montrent la jeune femme enchaînée. J’ai beau chercher dans le texte, comme dans les images, je n’y vois nulle trace de racisme. L’un et l’autre dénoncent les atrocités de l’esclavage et expriment de l’empathie pour les victimes.
On peut les trouver choquants, de mauvais goût, peut-être maladroits. L’élue (qui a accueilli la nomination de Jean Castex en le traitant de « mâle blanc » et liké le « Je suis Merah » de je ne sais plus qui) parle de « souillure », rien que ça. On peut aussi trouver la parabole (la victime torturée par des Africains et sauvée par des missionnaires avant de finir au couvent) aussi lourdingue et manichéenne que le récit idéologique auquel elle répond. Bref, il y a sans doute matière à discuter.
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