LGBT : bienvenue chez les fous

Source [Atlantico] Pourquoi LGBTQ+ pourrait devenir GBTQ+Au cours de la Bradford Pride qui s'est tenue samedi dernier, des lesbiennes ont manifesté sous le slogan "lesbians don't have penises", réclamant le droit de choisir leur partenaire en fonction du sexe et non de l'identité de genre.

Atlantico : Selon certaines lesbiennes, les organisations LGBT ne défendent ni ne représentent le groupe L (Lesbian). De quoi ce conflit interne au groupe LGBT est-il le symptôme ?

Nicolas Moreau : Les militantes lesbiennes du mouvement “Get the L out” (« Sortez le L ») ont manifesté pour la première fois à Londres en 2018 contre le mouvement LGBTQ. Elles se sentent effacées et trahies par un mouvement qui prétendait les représenter, et qui a été détourné de manière hostile par les transactivistes (T), les queers (Q), et leurs alliés, dont les intérêts sont opposés aux leurs.

La philosophie du mouvement transgenre avance par exemple qu'un homme peut s'identifier lui-même comme « lesbienne » (ce qui en fait une lesbienne à pénis…), et considère que les femmes lesbiennes qui refuseraient d’avoir des relations sexuelles avec ces hommes seraient transphobes.

Cette même philosophie réclame l’ouverture aux femmes transgenres (mâles biologiques) des espaces réservés aux femmes, comme les vestiaires et les refuges pour femmes battues. Or l’idée pour ces femmes lesbiennes de se retrouver nez à nez avec un pénis dans les espaces réservés aux femmes est loin de faire l’unanimité, d’autant que des dérives ont pu être constatées.

(Ces thématiques ne concernant que peu les hommes gays et les hommes transgenres, pour des raisons de gabarit physique. Si les femmes lesbiennes peuvent légitimement se sentir menacées par des femmes transgenre de 30kg et 30cm de plus, les hommes gays le seront nettement moins par des hommes transgenre beaucoup plus légers. La question se pose également dans le cadre de compétitions sportives où des femmes transgenre, gavées de testostérone depuis leur puberté, écrasent leurs opposantes).

Les intérêts de ces lesbiennes se heurtent ainsi de plein fouet à ceux des transactivistes, ce qui provoque des frictions au sein du mouvement LGBT.

Ces frictions sont le symptôme de trois grandes tendances :

  • Des dérives du progressisme d’abord, et de cette course à l’acceptation des minorités qui se fait par le truchement du conflit, de la course au plus opprimé, et de l’attaque personnelle.

Les accusations de phobie permettent de mettre la pression sur des influenceurs soucieux d’afficher leur vertu, ou simplement soucieux de ne pas être accusés à leur tour. Ces accusations ont aussi l’avantage de clore tout débat et d’effacer toute nuance. Les demandes de reconnaissance et de droits particuliers s’en trouvent grandement facilitées.

Ces attaques sont portées sans mesure, ni retenue. La méthode est comparable à celle des syndicats les plus radicaux, persuadés qu’une intransigeance et un refus de tout compromis permettent d’en obtenir toujours plus que par la négociation.

 

Fort logiquement, les accusations en transphobie se multiplient pour des raisons analogues.  L’intransigeance des transactivistes les pousse à attaquer quiconque ne reconnait pas pleinement l’ensemble de leurs revendications. Les lesbiennes refusant de coucher avec des hommes se disant femmes et lesbiennes, mais arborant un pénis, ne sont pas épargnées par ces accusations, menaces et agressions physiques.

 

  • De l’effondrement des approches de convergence des luttes ensuite, car les intérêts des uns et des autres finissent toujours par entrer en conflit. Dans ce cas, les moins intransigeants sont ceux qui perdent du terrain en premier, par les concessions qu’ils acceptent quant à leurs revendications. Les femmes étant souvent les premières à être sommées de céder, la cause féministe recule globalement. Le cas des femmes mises en danger par l’accès à leurs refuges à des hommes se disant femmes, en est un exemple frappant. Pour faire progresser la cause transgenre, la cause féministe est sommée de plier.

 

  • D’une fragmentation continue de la société, enfin, lorsque que la culture de ce qui différencie les individus efface la culture de ce qui les rapproche.

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