Source [Le Figaro] Emmanuel Macron, une fois encore, affirme vouloir briser le moule qui l’a façonné, lui, son cabinet et une grande partie de son gouvernement.
Puisque tout marche de travers, supprimons l’ENA! La proposition avait été faite quand la crise des «gilets jaunes» n’en finissait pas de finir ; elle refait surface au milieu du troisième confinement de l’interminable crise du Covid. L’ENA, certes, a bien des défauts - pensée univoque, primat de la mécanique intellectuelle sur la force du caractère -, mais effacer ces trois lettres pour les remplacer par ISP (Institut du service public) n’abolira en rien la dérive bureaucratique.
Quand les Français critiquent l’ENA, le politique montre la haute administration, mais l’opinion, elle, regarde les élus ou les gouvernants. Les seuls énarques qu’elle connaît sont ceux qu’elle voit sur la scène du pouvoir. Soit une infime minorité des anciens élèves de cette école. Ce qui alimente la défiance, c’est que ces figures politiques peuvent passer une vie à courir de mandats en élections avec l’assurance, en cas de défaite sévère, de retrouver bureau, fauteuil, traitement. Comme s’il existait une théorie des deux corps du haut fonctionnaire: le premier, vulnérable, exposé à la vie publique ; le second, immunisé: le corps d’origine. Quel crédit donner ensuite aux discours prônant le «risque», la «flexibilité», l’«adaptation», quand ils viennent d’un orateur qui ne risque ni la faillite ni le chômage ?
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