Jean-Marie Bockel revient sur l'engagement et la mort de son fils au Mali

Pour La Vie, le sénateur Jean-Marie Bockel raconte son fils Pierre, l’un des 13 militaires morts au Mali. L’héritier d’une lignée familiale marquée par le sens de l’engagement et par la foi.

La douleur d’un père. Dans son bureau exigu de l’agglomération de Mulhouse où il exerce encore des fonctions de conseiller communautaire, le sénateur centriste Jean-Marie Bockel, 69 ans, a l’air perdu. Celui qui a touché de près les sommets de la République, plusieurs fois ministre sous François Mitterrand (Commerce) et Nicolas Sarkozy (Francophonie, Anciens combattants, Justice), député pendant quatre ans, maire de Mulhouse durant 21 ans, ne sait pas trop par où commencer. Comment l’officier de réserve peut-il honorer la mémoire de son fils Pierre-Emmanuel, 28 ans, lieutenant de l’armée de terre ? Que dire alors que le dernier de ses cinq enfants fait partie des 13 militaires de la force Barkhane tués au Mali le 26 novembre, au cours d’une opération menée contre des djihadistes du Sahel ?

C’est par le scoutisme que, d’une voix blanche, Jean-Marie Bockel commence à décrire celui que tout le monde surnommait « P-E ». Son fils semble s’y être épanoui. Il y a puisé bien des forces et des valeurs. Passé par tous les échelons du mouvement éducatif catholique, il a encadré des louveteaux. « Pierre était humble et modeste. Il avait la carrure des bons chefs, à savoir ceux qui ne veulent pas l’être », nous dit Jean-Marie Bockel. Puis l’ancien maire de Mulhouse nous montre un article de la presse locale, dans lequel les amis de son fils témoignent de sa bonté et de son attention aux autres. Comme souvent dans le scoutisme, la petite bande, formée chez les louveteaux, est restée soudée. En 2010, « le club des cinq », s’était retrouvé dans un camp en Tanzanie dans le but de construire un hôpital psychiatrique et depuis a continué d’échanger. « Il était fidèle en amitié, de la même manière qu’il était très proche de son frère et ses trois sœurs », témoigne son père, qui montre ses derniers messages sur la boucle WhatsApp familiale : « Je vous adore, vous êtes assez énormes. »

Lieutenant du 5e régiment d’hélicoptères de combat, situé à Pau, Pierre Bockel pilotait l’un des deux engins qui sont accidentellement entrés en collision au-dessus du Mali, dans la zone dite des trois frontières. L’air était sa passion. Dès 15 ans, le jeune homme obtint son brevet de pilote. Il intègre le cursus militaire et aéronautique : l’école des pupilles de l’air à Grenoble, Saint-Cyr Coëtquidan, l’école de l’aviation légère de l’armée de terre (Ealat) de Dax. Le voici qualifié pour piloter les hélicoptères PUMA… Le désert du Sahel était sa quatrième « opex » dans la région. Le goût d’en découdre ? On est loin du compte. « C’était un garçon très calme, très pacifique. Son engagement militaire visait la paix et le maintien de notre sécurité, pas la guerre. Il était convaincu de sa mission. Il croyait en l’aide au développement. Il s’interrogeait sur l’avenir de la présence française au Mali. Il voulait avant tout servir notre pays. Il avait une certaine idée de la France. Cela fait partie de la culture familiale », explique Jean-Marie Bockel avant de marquer une pause, alors que sa voix se met à trembler.

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