Source [20 minutes] Prévu samedi, le mouvement des gilets jaunes continue d'inquiéter l'exécutif et de déstabiliser les partis d’opposition. 20 Minutes a interrogé Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’lnstitut d’études politiques de Rennes, sur la sociologie de ce mouvement social né sur les réseaux sociaux.
Avant que l’on parle d’un « mouvement », il y a d’abord eu plusieurs initiatives locales et citoyennes en différents points du territoire, sur les réseaux sociaux, dès la mi-octobre. Que révèle la genèse de ce mouvement ?
C’est un mouvement ascendant et protéiforme, qui n’est pas porté par une institution. Il a eu une construction localisée, dont le seul lien semble être un gilet jaune et une ou deux revendications convergentes, dont la protestation contre la hausse du prix du carburant. Mais on voit que selon les comités locaux ou les régions, il peut y avoir une agrégation de revendications assez différentes. La hausse du prix du carburant n’a peut-être été qu’une goutte d’eau dans un ensemble de frustrations liées à la situation économique et sociale d’une partie de la France qui continue de souffrir d’un déclassement, et qui dit aujourd’hui son ras-le-bol fiscal.
Pour l’instant, ce mouvement est en voie d’institutionnalisation. Son épreuve du feu aura lieu le 17 novembre. Va-t-il trouver une forme de coordination, un leadership va-t-il apparaître ? Si non, le risque d’épuisement peut arriver assez vite, à moins que l’on assiste à une forme nouvelle de mobilisation sociale, vraiment horizontale, sans leadership, sans organisation. Cela poserait un vrai problème à l’exécutif : avec qui négocier, et sur quoi ?
Que révèle ce mouvement en matière de fractures sociales, spatiales et territoriales ?
Il est porté par une France qui se construit autour du déplacement lié à l’éloignement d’un certain nombre de services et autour du déplacement domicile-travail, plus important que dans les grandes villes. Il s’agit de la France rurale et périurbaine, la France des villes moyennes et petites, qui travaille loin de son domicile, qui vit loin des services publics. Les gilets jaunes semblent majoritairement issus des classes populaires et des classes moyennes basses, il s’agit de commerçants, d’artisans ou de travailleurs pauvres. Ils sont plus sensibles à la hausse de la fiscalité et du prix du carburant, ainsi qu’à la baisse de leur pouvoir d’achat, qu’ils jugent déjà peu mirobolant.
C’est aussi la France qui, dans certaines régions, connaît des crises agricoles ou la désindustrialisation. Ce n’est pas la France mondialisée et connectée à l’Europe qui va manifester samedi.
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