Finkielkraut a t-il eu le mot de trop ?

Source [La Revue des deux Mondes] Toutes les opinions sont-elles bonnes à dire ?  

Premier roman de Milan Kundera, publié en Tchécoslovaquie en 1967, La Plaisanterie raconte la déchéance et le destin brisé de Ludvik, jeune étudiant dont la vie bascule à cause d’une carte postale adressée à sa petite amie. Pour avoir fait du second degré et manié l’ironie (« L’optimisme est l’opium du genre humain. L’esprit saint pue la connerie. Vive Trotsky ! »), le héros est exclu du Parti, de l’université puis incarcéré dans un camp de travail.

Même ses amis, transformés en procureurs, lui reprochent son ton badin et sa désinvolture. Sa légèreté ne convient pas à l’esprit du temps, celui du progrès et du renouveau de l’homme, enfin libéré des turpitudes petites-bourgeoises. On ne rit pas de ces choses-là. On ne peut pas rire de tout. Et d’ailleurs ce n’est pas drôle.

 

Telle était la thématique de « La grande confrontation », débat télévisé qui réunissait, le mercredi 13 novembre autour de David Pujadas sur LCI, des intellectuels, des élus et des militants associatifs. Ironie de l’histoire, démonstration fut faite en direct que tel n’était pas le cas. Évoquant l’affaire Polanski, la militante féministe Caroline de Haas a accusé à plusieurs reprises au cours de l’émission Alain Finkielkraut de minimiser la gravité du viol. Excédé, le philosophe lui a alors répliqué :

« Violez, violez, violez ! Voilà je dis aux hommes : violez les femmes ! D’ailleurs je viole la mienne tous les soirs. »
« Vous n’avez pas le droit de dire ça, monsieur Finkielkraut », réplique Caroline de Haas. Ce n’est pas drôle.
« Mais c’est du second degré », précise David Pujadas.
« Non ce n’est pas du second degré, ce n’est pas drôle », insiste Caroline de Haas.

Quelques heures plus tard, la polémique enflait sur les réseaux sociaux où une séquence tronquée de l’émission suggérait qu’Alain Finkielkraut faisait une apologie du viol conjugal. Défense de rire…

Dans la foulée, le collectif Nous toutes, où milite Caroline de Haas, encourageait les internautes à saisir le CSA (ce dernier a confirmé avoir été saisi par des téléspectateurs), et accusait dans un tweet l’académicien : « Vous banalisez le viol. Vous insultez toutes les femmes victimes de viol conjugal. »

Le parti socialiste annonçait également avoir saisi le CSA et quatre députés de la France insoumise, Mathilde Panot, Danièle Obono, Ugo Bernalicis et Bénédicte Taurine, saisissaient à leur tour le Procureur de la République de Paris « pour provocation à la haine ». Une pétition demandait enfin l’éviction définitive d’Alain Finkielkraut de l’antenne de France Culture.

Retrouvez l'intégralité de l'article en cliquant ici