Source [Boulevard Voltaire] L’affaire Nadine Morano met au grand jour cette réalité que nous voulons cacher. Aujourd’hui en France, si on appartient à une minorité – raciale, religieuse, sexuelle ou autre -, on peut se permettre des écarts comportementaux, des écarts de langage, on peut défier la bienséance, cela sera justifié par les progressistes.
La société française est forte car des règles de savoir-vivre font sa spécificité, règles qui sont appréciées et respectées dans le monde entier.
Le savoir-vivre français met en avant deux éléments, l’attitude personnelle de l’individu d’une part, et l’attitude de l’individu au sein du groupe d’autre part. Ces deux éléments vont démontrer une aisance dans la relation avec les autres et surtout faciliter la communication.
Le savoir-vivre français, c’est un ensemble de codes édictés depuis des siècles à l’initiative de la bourgeoisie et de l’aristocratie. Ces codes empruntaient beaucoup à « l’étiquette » de la cour.
Certes, la Révolution de 1789 a encouragé la fin des codes pour mettre en avant l’anti-politesse, mais Napoléon Bonaparte va vite rétablir l’étiquette sous le Ier Empire.
L’étiquette introduit la notion de bienséance, les bonnes manières comportementales en société.
La maîtrise des codes du savoir-vivre pour avoir le bon comportement en toutes circonstances est le fondement du bien-vivre ensemble. On sera jugé selon notre rapport avec ces codes, aussi bien dans notre vie privée que dans notre vie professionnelle.
En politique, l’étiquette dans les relations officielles est le « protocole », qui désigne les règles de bienséance, les règles diplomatiques et, enfin, les règles de sécurité. Le protocole permet d’apprécier le rapport du représentant d’un État avec le savoir-vivre et, subséquemment, amène à porter un jugement sur l’État représenté.
Il y a quelques jours, à Strasbourg, un eurodéputé anglais est empêché d’entrer au Parlement à cause de sa tenue vestimentaire. L’élu, d’origine somalienne, va, dans la foulée, diffuser sa provocation sur les réseaux sociaux, avec des photos le montrant, installé devant le Parlement européen, et un message fort résumé en cette phrase : l’entrée au Parlement lui est interdite parce qu’il est NOIR…
Dans la polémique entre Sibeth Ndiaye et Nadine Morano, il faut retenir deux faits.
Tout d’abord, la tenue vestimentaire de la porte-parole du gouvernement lors de la cérémonie du 14 Juillet. Ensuite, la déclaration de la porte-parole, parlant des homards, avec l’allusion au kebab.
La réaction de Nadine Morano sur les réseaux sociaux rappelait que Sibeth Ndiaye est « Sénégalaise bien née ». Est-ce faux ? Non, quand on sait que ses parents ont eu les moyens de lui offrir ce que beaucoup de jeunes Africains ne peuvent avoir et finissent par prendre le risque de traverser la Méditerranée.
Nadine Morano souligne aussi que Sibeth Ndiaye est naturalisée depuis trois ans… Pourquoi rappelle-t-elle cette ancienneté ?
Tout simplement parce que les personnes récemment naturalisées doivent démontrer à l’officier en charge de l’instruction de leur dossier de naturalisation un niveau de culture et de maîtrise des us et coutumes de la France. La gastronomie est l’un des patrimoines reconnus dans le monde entier, le kebab est loin d’en faire partie !
Enfin, Nadine Morano évoque l’indignité de la fonction de porte-parole au regard des tenues vestimentaires.
Sur ce point, personne n’a jusque-là jamais reproché à Sibeth Ndiaye ses tenues ès qualités de voix du gouvernement, mais le 14 juillet est le jour où l’étiquette prend toute son importance.
Les militaires qui doivent défiler sur les Champs-Élysées prennent le temps pour être en tenue impeccable. Lorsqu’on a la chance, comme Sibeth Ndiaye, d’être installée sur l’estrade officielle, on se doit de renvoyer aux personnes qui vont défiler un minimum de respect. C’est ça, le savoir-vivre.
La France a connu beaucoup de femmes noires ministres. On peut citer, entre autres, George Pau-Langevin, Ericka Bareigts, Christiane Taubira, Laura Flessel mais aussi Rama Yade (naturalisée comme Sibeth Ndiaye). Mais jamais des problèmes liés à la bienséance n’ont été évoqués pour ces dames, jamais.
Être ministre de la France est un honneur, c’est être un modèle pour les jeunes et un ambassadeur à l’étranger. Quand on est issu des « minorités visibles », c’est une charge morale qu’on nous confie, car on doit être le modèle de la France ouverte à tous pour nos communautés et un modèle de l’accès de notre communauté dans l’élite nationale.
Il n’y a donc pas de reproche à faire à Nadine Morano, elle a dit ce que beaucoup de Français pensent.
Sibeth Ndiaye devrait s’interroger sur la façon de jouer son rôle d’ambassadrice.
Empêcher le débat en brandissant chaque fois le racisme est mauvais pour notre société et pourrait, un jour, fragiliser le roman national.
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