Source [Causeur] : Selon le président du groupe LR au Sénat, entre le « en même temps » et le « quoi qu’il en coûte », le macronisme est dans une impasse. Les élections législatives en sont la preuve. Certes, depuis le quinquennat Sarkozy et ses promesses non tenues, la droite a déçu. Mais elle seule incarne aujourd’hui une alternative crédible.
Causeur. Après les législatives, beaucoup de gens se réjouissent que l’Assemblée reflète la pluralité des opinions en France. Est-ce votre cas ? Pensez-vous que le pays est ingouvernable ?
On ne peut pas à la fois se lamenter sur le manque de représentativité du monde politique et déplorer que l’Assemblée nationale représente la diversité politique du pays. C’est d’ailleurs un démenti sévère pour les adversaires du scrutin majoritaire : la preuve est faite que même sans proportionnelle, une élection peut être réellement représentative. Maintenant, il est clair que l’absence de majorité large pose des questions de gouvernabilité. Mais je crois que la Ve République a montré par le passé qu’elle était assez souple pour s’adapter. Pensons à la cohabitation.
Tout le monde se désole que la France soit divisée, mais n’est-ce pas le lot de toute société humaine ? Le problème n’est-il pas plutôt que la politique ne parvienne plus à représenter et à civiliser ces conflits, d’où l’abstention ?
La démocratie, c’est le clivage. Mais pas n’importe lequel. En voulant abolir le clivage droite/gauche, Emmanuel Macron a laissé un vide pour des clivages autrement plus brutaux : entre les classes sociales, les territoires, les générations ou même les origines. La carte des votes montre une France dans laquelle les Français semblent face à face : jeunes contre plus âgés, habitants des villages contre habitants des quartiers, favorisés des centres-villes contre oubliés de la France périphérique. Emmanuel Macron voulait mettre fin à l’assignation à résidence et il n’a fait qu’assigner les Français à leurs différences. En leur déniant parfois toute ressemblance. Je me souviens d’un Emmanuel Macron qui à Marseille, en 2017, ne voyait que des Comoriens, des Maliens, des Algériens. Et qui ne voyait pas non plus de culture française. Cinq ans après, nous ne voyons plus que les fractures françaises. Pour soigner ces fractures, la classe politique doit d’abord parler aux Français comme à un peuple. Un peuple avec ses désaccords, mais qu’il revient à la politique de canaliser. J’ai été profondément choqué qu’à l’Assemblée nationale, certains refusent de serrer la main à d’autres. Comme vous, chère Élisabeth Lévy, j’aime cette démocratie à fleurets mouchetés où l’on s’affronte sur le terrain des idées. Mais je n’aime pas cette démocratie à couteaux tirés dans laquelle le sectarisme est en train de nous entraîner. Quand l’adversaire politique se change en ennemi, c’est bien plus qu’un recul de civilité : c’est un recul de civilisation.
Retrouver l'intégralité de l'article en cliquant ici
- Sonia Mabrouk: dernier appel avant la catastrophe
- Campagne à la découpe
- Pourquoi Sarah Knafo est-elle si peu invitée da...
- Tombera… Tombera pas?
- Boualem Sansal: ses propos sur le Sahara que l’...
- Une vague bleue
- SNCF: l’exemplaire ponctualité
- Harcèlement scolaire: ce que Gabriel Attal peut...
- Poitiers, Rennes, Marseille… la France orange m...
- L’Eglise catholique, piñata favorite de la gauche