Source [Boulevard Voltaire] : Une minute et trente et une secondes. C’est le temps qu’il a fallu au Français Benoît Saint-Denis pour « éteindre » son adversaire, l’Américain Matt Frevola, ancien combattant comme lui, dans l’enceinte du Madison Square Garden, en ce jour combien symbolique du 11 novembre. Le Français de 27 ans (que Boulevard Voltaire avait rencontré il y a un an) qui a d’abord été opérateur au 1er RPIMa, l’un des trois régiments de forces spéciales de l’armée de terre, n’en finit pas d’étonner. « Ce Français vient d’ailleurs », disaient les commentateurs, le souffle coupé, tandis que le champion faisait le tour du ring devant son adversaire défait, comme pour défier une salle initialement très hostile. Entré sous les huées du public, Benoît Saint-Denis a pourtant conquis l’auditoire en prononçant quelques mots après le combat. « Vous pouvez me huer autant que vous voulez. Mais moi, je vous aime, New York. Et je vous remercie de nous avoir sauvés durant la Première et la Deuxième Guerres mondiales. Ce qui est important n’est pas seulement ce qui se passe dans la cage. Aujourd’hui, c’est Veterans Day et je suis très fier d’avoir servi mon pays. » La salle est patriote, c’est aussi inimaginable ici que naturel en Amérique : le public applaudit. Il les a conquis. Après tout, un champion est un champion, fût-il originaire de ce pays de France que les Américains ne savent pas placer sur la carte et jugent majoritairement faible et décrédibilisé.
Avec cette victoire, « God of war » fait son entrée dans le top 15 des moins de 70 kg, la catégorie la plus relevée de l’UFC. Il peut par ailleurs prétendre à une ceinture, l’objectif de tout combattant de MMA de ce niveau. Celle qui lui plairait le plus, il ne s’en est jamais caché, est celle des « BMF », les « Bad Motherf*ckers », une catégorie réservée aux combattants les plus charismatiques, les plus agressifs, ceux dont la personnalité est la plus forte. On n’y entre que sur invitation, mais Saint-Denis semble avoir le profil. Alors, vient-il vraiment « d’ailleurs », ce Nîmois catholique, fils d’officier de légion ? Mis en cause par des journalistes de bas étage (Loopsider), qui le prenaient pour un nationaliste ultra-violent, Benoît Saint-Denis a dénoncé cet « amalgame gravissime » et a simplement dit qu’il priait pour ces pauvres gens « parce que ce sont des gens qui n’ont pas eu le bonheur de grandir dans la foi ou avec les valeurs nécessaires à une vie épanouie. […] Je ne sais pas comment ils vivent leur vie au quotidien, mais ça ne doit pas être des personnes très heureuses. » La foi, en Dieu et en la France, le combattant français la porte sur sa peau, avec des tatouages de Jeanne d’Arc ou de la croix des Templiers, mais aussi dans sa tête. Il dit avoir appris à aimer encore davantage la France en faisant des recherches historiques, « parce qu'[il] pense qu’il faut être passionné d’histoire pour être patriote ». Les intellos qui pensent que les coups dans la figure rendent idiot en seront pour leurs frais. Symbole de cet alignement entre le corps et l’esprit : le soir du 11 novembre, Benoît Saint-Denis portait un protège-dents tricolore frappé des chiffres « 14-18 ».
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