[Albert] Réarmement démographique : pour que la France reste la France !

Source [JDD] : CHRONIQUE. Le 16 janvier, Emmanuel Macron a défendu un « réarmement démographique », en proposant un plan de lutte contre l’infertilité et un « congé naissance » de six mois. Un volontarisme louable s’il permettait à la France de rester la France, considère notre chroniqueur Jean-Marc Albert.

L’exception française n’aura donc pas tenu devant la tendance européenne à la dénatalité. Ce retournement de conjoncture déjoue les discours prophétisant l’explosion de la « bombe P » au mitan du siècle. La démographie reste imprévisible. Ainsi aucun scientifique n’anticipa le Baby-boom. Aujourd’hui, notre pays, frappé par une baisse des naissances inédite depuis 1945, s’inquiète pour ses retraites. Mais donner la vie n’est pas réductible à une variable comptable mais une manière d’être au monde, de transmettre et de se survivre. L’État croit faciliter le chemin de la naissance mais il appartient à chacun de l’emprunter, ou d’y renoncer, en fonction de choix intimes et de l’idée qu’il se fait la civilisation.

 

La génération a toujours été un mystère. Chaque société avait à l’esprit que la vie, parce qu’elle implique, outre la conception d’un homme et d’une femme, le divin, sous quelle que forme, était un don miraculeux.

L’hygiénisme et la crainte d’un déclin de l’espèce humaine font naître au XVIIIe siècle une obsession populationniste. Contre l’évidente vitalité de la natalité française, l’inquiétude est palpable jusque dans la littérature prescrivant l’art de faire de « beaux enfants ». Convaincue qu’« on naît moins sous le despotisme », la Révolution politise la fécondité en s’immisçant dans l’intimité des couples. Dès lors, tous les régimes, de droite comme de gauche seront natalistes jusqu’au Code de la Famille du Front populaire. Mais il fallut que Vichy reprenne la politique nataliste de ses prédécesseurs pour que l’incitation à la vie ne devienne réactionnaire.

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