Les événements qui se sont produits à Brasilia dimanche font écho à ceux qui eurent lieu il y a deux ans à Washington. Un chahut au sein de bâtiments publics par des électeurs mécontents, animés d’un fort sentiment d’injustice. L’action provoque le raidissement de la classe politique en place et discrédite le sortant.
Samba à Brasilia
Dimanche, des centaines de manifestants brésiliens sont venus faire entendre leur colère aux abords de bâtiments officiels de la capitale Brasilia : le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès. Les individus, hommes et femmes, majoritairement vêtus de la tenue de l’équipe de football nationale, ont pénétré dans les locaux commettant chahut et dégradations. Une partie des forces de police a eu une attitude d’apparence assez conciliante avec les manifestants. Cette manifestation fait suite à l’élection du président de gauche Lula face au sortant de droite Jair Bolsonaro. Une élection serrée (50,90 % contre 49,10 %) et contestée par une partie des soutiens de l’ancien président. Aucun mort n’a été à déplorer malgré les centaines d'arrestations.
L’évènement a été largement repris dans la presse occidentale et le président Lula en a profité pour tancer la menace « fasciste ». Et les organes de presse alignée d’évoquer un « assaut », Le Monde s’illustrant même en évoquant une « attaque sans précédent pour la démocratie brésilienne ».
Déclin à tous les étages
Les débordements ont immédiatement été mis en parallèle avec les incidents du Capitole à Washington en 2020, qui, eux, avaient tout de même fait cinq morts. En effet, comme pour le cas étasunien, les manifestants s’estiment lésés par un scrutin qu’ils envisagent truqué. Comme aux États-Unis, les manifestants sont biberonnés aux théories assez aléatoires qui ont cours sur internet, à l’image de « QAnon » aux États-Unis. Enfants perdus d’un chef d’État défait, ils pensent faire vaciller le pouvoir avec leur manifestation mais participent en réalité de la légitimation du président mal-élu. En laissant faire de telles agitations, le pouvoir en place psychiatrise l’opposition en exhibant ses éléments les plus marginaux.
Comme aux États-Unis, enfin, cet épisode illustre la rupture de confiance dans les institutions et la fracture entre des populations irréconciliables au sein d’un même pays.
La vacuité mentale des opposants accompagne le déclin d’élites corrompues dans un étrange ballet suicidaire de grands États. Aux putschs et à leurs coups d’éclats guerriers ont succédé des petits coups de force fomentés sur les réseaux sociaux. Moins mortels, ceux-ci n’en témoignent pas moins d’un déclassement de la pratique politique.
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