Aujourd’hui, l’aventure du mariage est accueillie par les couples avec une frilosité grandissante. L’Église ne doit pas renoncer à leur présenter un défi stimulant et exigeant tout à la fois, car elle dispose d’une richesse unique : la conception catholique du mariage en tant que sacrement de la foi
Le mariage est une aventure. Ses éléments constitutifs que sont la liberté de consentement, incluant l’indissolubilité et la fidélité, et l’ouverture à la fécondité doivent être présentés d’une manière positive. Si, de nos jours, on parle beaucoup des échecs de nombreux mariages, on évoque toutefois très peu ce qu’il faudrait faire pour les éviter. C’est pourquoi, l’Église est appelée à être une Mère et une Éducatrice[1], qui se tient avec bienveillance et douceur aux côtés des hommes et des femmes de notre temps, pour les aider à faire face aux différents défis auxquels ils sont confrontés pendant leur vie, en particulier dans le cadre du mariage. D’où l’importance que l’Église attache à la préparation au mariage et à l’accompagnement des conjoints, car une telle décision, qui engage toute la vie, ne saurait être considérée, ni vécue, comme un saut dans l’inconnu, mais, au contraire, il importe qu’elle soit être prise après mûre réflexion, et comme le fruit d’une décision vraiment libre.
Un enjeu considérable pour notre temps
Dans la société contemporaine, le mariage se heurte à un grand nombre de difficultés. D’une part, « l’homme et la femme du monde postmoderne courent le risque permanent de devenir profondément individualistes »[2]. D’autre part, il leur est proposé des formes diverses de vie commune, que la société reconnaît comme légitimes. La conséquence d’une telle mentalité, marquée par le refus de s’engager et le manque de relations interpersonnelles, est très grave : elle constitue un obstacle à l’existence même du mariage en tant qu’institution. De plus, beaucoup de nos contemporains voient d’un mauvais œil les tentatives de remettre au goût du jour la notion d’une union conjugale solide pour cette simple raison : ils ont assisté à l’échec de nombreux mariages dans leur propre entourage, c’est-à-dire dans leurs familles et parmi leurs amis. Ils en viennent donc à exclure le mariage pour eux-mêmes, car ils ne désirent pas s’exposer à un tel risque. D’autres encore acceptent de se marier sans avoir pris une décision vraiment libre et consciente des obligations inhérentes à l’union conjugale. En effet, ces personnes ont souvent fait l’expérience de la vie commune, qui est considérée de nos jours comme une pratique plus ou moins obligatoire pour les couples. Ils continuent alors à vivre ensemble dans le mariage sans pour autant être conscients de la différence entre leur vie précédente, marquée par la cohabitation, et celle d’époux, unis par le lien conjugal.
Le monde virtuel constitue aussi un grand défi pour nos contemporains. De nos jours, une grande partie de la vie sociale est liée aux médias, et elle est donc influencée par les normes qui prévalent dans les moyens de communication sociale. « Cela permet de sélectionner ou d’éliminer les relations selon notre libre arbitre, et il naît ainsi un nouveau type d’émotions artificielles, qui ont plus à voir avec des dispositifs et des écrans qu’avec les personnes et la nature »[3]. Cette nouvelle réalité modifie aussi profondément la communication entre les hommes. En effet, si les relations interpersonnelles sont uniquement basées sur des dialogues en ligne (« bavarder » ou « chatter »), de brefs messages envoyés par le moyen d’internet (ou « tweet ») ou d’autres semblables, elles ont toutes les chances de se conclure d’une manière peu enthousiasmante. Dans ce cas, on est donc « connecté en réseau » au lieu d’établir une vraie relation. De fait, même s’il s’agit bien d’une rencontre, celle-ci demeure néanmoins illusoire, car la familiarité entre ces personnes, qui sont « virtuellement connectées en réseau », n’est qu’apparente ; la relation entre elles demeure donc très limitée, et elle ne peut absolument pas remplacer la rencontre personnelle.
Pourtant, il faut noter que les adolescents et les jeunes adultes expriment leur désir de ces relations véritables et fidèles, basées sur l’amour et la loyauté, qui existaient auparavant. Ils sont aussi plus ou moins conscients qu’on ne vit qu’une fois, et que le temps qui passe ne revient jamais. Enfin, leur existence est marquée par le fameux carpe diem du poète romain Horace, qui est plus que jamais d’actualité. Alors, pour réussir leur vie, ils sont à la recherche d’idéaux, de principes, de lignes directrices… Ils sont donc à la recherche d’exemples concrets de mariages réussis, qui constituent, à leurs yeux, un fabuleux trésor.
[1] Cf. Saint Jean XXIII, Encyclique Mater et magistra, 15 mai 1961.
[2] Pape François, Encyclique Laudato si, 25 mai 2015, n. 162.
[3] Ibidem, n. 47.
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