" Le temps présent est gros de l'avenir. "

Leibniz

 

" C'est ainsi que le monde s'achève

C'est ainsi que le monde s'achève

C'est ainsi que le monde s'achève

Pas dans un bruit mais dans un murmure.

"

T.S. Eliot

 

ANCIEN CONSEILLER privé de Nixon et de Reagan, éditorialiste, journaliste, polémiste, Pat Buchanan, s'est présenté aux dernières élections présidentielles américaines sous les couleurs du Parti de la Réforme. L'homme est atypique, on lui trouverait difficilement un profil équivalent en France. Catholique pratiquant d'origine irlandaise, il s'adresse essentiellement à un électorat protestant et anglo-saxon. À la fois libéral et protectionniste, patriote convaincu mais opposé à l'expansionnisme militaire de son pays, Buchanan est un ennemi acharné de l'avortement mais défenseur de la peine de mort et du port d'arme, contre la police du fisc mais pour celle des frontières. Il n'en délivre pas moins un message cohérent et structuré qui trouve bien sa place originale dans une Amérique anesthésiée par le langage consensuel et fort peu différencié des partis de l'Éléphant et de l'Âne. Dans cette fable de La Fontaine des bords du fleuve Potomac, le serpent crotale (animal fétiche de " Pat ") pourrait peut-être un jour donner la morsure fatale aux deux autres compères...

" Pat, nous ne reconnaissons plus le pays dans lequel nous avons grandi ! ", cette phrase, maintes fois entendue durant la dernière campagne présidentielle américaine, Buchanan l'a mis en exergue au début de son livre, comme pour témoigner d'un malaise constant ressenti au sein de toutes les couches de la population. Nul doute à ses yeux : les États-Unis ont subi une révolution sociale, morale et culturelle sans précédent qui remonte au début des années soixante. Son résultat le plus brutal et le plus flagrant à été le bouleversement démographique qui a radicalement modifié la structure ethnique du peuplement américain en moins de quarante ans. En 1960, seulement 16 millions d'habitants des États-Unis n'étaient pas d'origine européenne (dont une majeure partie de descendants d'esclaves noirs depuis longtemps établis sur le sol américain) ; aujourd'hui ils sont 80 millions (dont 30 millions nés hors des USA) sur un total de 282 millions. Comme l'observe l'auteur avec la gravité d'un Caton l'Ancien, jamais pays n'a connu dans son histoire une mutation démographique de cette envergure et en un si court laps de temps, tout en demeurant cependant la même nation.

Or ce qui peut être observé aux États-Unis peut l'être dans le reste du monde occidental qui vit aujourd'hui une sorte de mort lente. Il y a quatre-vingt ans, l'allemand Oswald Spengler avait déjà, dans un livre emblématique , analysé un certain nombre de signes inquiétants de déclin, après avoir été le témoin impuissant de la première grande guerre civile européenne. Buchanan, lui, ne théorise pas sur des signes ou des intuitions mais sur des faits et des chiffres.

 

Immigration, problème ou solution

 

En 1900, l'ensemble des peuples occidentaux représentait plus du tiers de la population mondiale, en 1960 la proportion tombait à ¼, puis à 1/6e en 2000. Si la tendance se poursuit, nous ne serons plus qu'un dixième en 2050, de telle sorte que l'on peut réellement parler d'espèce en voie d'extinction. Ainsi, selon des statistiques très officielles des Nations unies , la population de l'Europe devrait passer de 730 millions à 600 millions d'ici cinquante ans du fait de son très faible taux de fécondité, et ce malgré l'allongement considérable de la durée de vie. Les deux nations les plus peuplées sont particulièrement en péril. D'une part l'Allemagne dont le nombre d'habitants devrait baisser de 82 millions à 58 millions (dont 1/3 aura plus de 65 ans), d'autre part la Russie dont les effectifs devrait passer de 147 millions à 114 millions avec un taux de fécondité moyen de 1,3 enfant par femme.

À coté de cela, le même rapport des Nations unies projette, pour la moitié du XXIe siècle, 1,5 milliard d'Africains, 500 millions de Moyen-orientaux, 1,5 milliard de Chinois, 1,5 milliard d'Indiens... Pour les experts mondialistes, la solution aux maux de la dépopulation s'impose d'elle même : afin de conserver un rapport de 4,8 actifs pour un retraité, l'Europe devra admettre sur son territoire 1,4 milliard de nouveaux immigrants, pour la plupart issus d'Afrique noire ou du Maghreb. Buchanan conclut non sans un certain cynisme que " soit les Européens relèvent le taux de leurs cotisations sociales et diminuent drastiquement le montant des retraites et des prestations de santé, soit l'Europe devient un continent du tiers monde ".

Reste l'alternative : une prise de conscience massive des enjeux et donc un regain de la fécondité des Européens de souche. Tout en reconnaissant que rien n'est écrit d'avance (cf. l'effondrement du bloc de l'Est sur lequel bien peu pariaient), Patrick Buchanan reste sceptique, estimant qu'aucun signe de redressement n'est perceptible sur le vieux continent et que si rien ne se joue immédiatement il sera demain trop tard... Avec un taux moyen de fécondité de 1,4 enfant par femme, l'avenir de l'Europe est donc très lourdement hypothéqué, d'autant que, la nature ayant horreur du vide, ceci risque de se doubler de vagues migratoires comme jamais nous n'en n'avons connu depuis les origines.

Sachant, toujours selon le fameux rapport de l'ONU, que les Européens en âge de travailler passeront de 494 millions à 365 millions en l'espace de 50 ans, la pompe aspirante de l'immigration est déjà largement amorcée, avec d'ailleurs les encouragements officiels des grandes organisations patronales et des technocrates de la Commission européenne, ainsi que la bienveillance des gouvernements qui ont baissé les bras malgré leur apparente volonté d'agir. C'est ainsi qu'au minimum 500000 nouveaux immigrants plus ou moins légaux entrent dans l'UE chaque année, soit l'équivalent de la population d'une grande capitale régionale. Se référant explicitement au Camp des saints de Jean Raspail, paru au début des années 70 , Buchanan prophétise que " le problème de l'immigration deviendra de plus en plus explosif " et annonce la montée irrésistible de mouvements politiques aux programmes nationalistes. Le fait qu'il existe à l'heure actuelle quatorze partis de ce type en Europe, avec un score électoral oscillant entre 10 % et 30 % lui donne raison. N'oublions pas que l'Afrique, dont la population égalait il y a encore quelques années celle de l'Europe, devrait en représenter le triple d'ici 50 ans ; on peut donc s'attendre qu'avec les guerres tribales, la famine, le sous-emploi et les maladies, la plupart des Africains décident de s'exiler encore plus vers les terres promises de l'hémisphère nord " où coulent le lait et le miel ".

 

Cadavre ambulant

 

Si Buchanan voit notre continent comme un " cadavre ambulant " (dead man walking), qu'en est-il son propre pays ? Honnête parce que réaliste, il n'est pas plus enthousiaste même s'il estime que le cours des choses peut encore être inversé du fait du relatif dynamisme de son peuple. Par essence nation d'immigrants, ayant d'ailleurs massacré la majorité des indigènes amérindiens au long de son histoire, les États-Unis ne présentent pas les mêmes caractéristiques que l'Europe. Cela n'empêche pas " Pat " de constater que le melting pot ne fonctionne plus en raison d'une immigration massive et incontrôlée qui peut-être considérée, dans sa composante latino, comme une pure et simple reconquête de l'espace américain par les descendants des Indiens et des Mexicains rejetés au-delà du Rio Grande lors des guerres de conquête du XIXe siècle.

Trois chiffres sont particulièrement révélateurs : en 1960, la population des États-Unis d'extraction européenne s'élevait à 90 % du total, en 1990 la proportion tombait à 75 % ; pour 2020, soit une génération plus tard, on s'attend à ce qu'elle tombe à 60 %. Signe des temps, l'âge moyen d'un hispano-américain se situe autour de 25 ans alors qu'il est de 42 ans pour un WASP. Tout catholique qu'il est, Buchanan se sent plus proche d'un descendant de luthérien allemand ou de méthodiste écossais que d'un Américain d'origine mexicaine pourtant adepte fervent de l'Église de Rome. Pour Buchanan, la culture ou la langue priment sur la religion, ce qui rendrait impossible l'assimilation massive à la communauté nord-américaine. Il en veut pour preuve l'arrivée pour la plupart illégale des Latinos qui ont un comportement souvent délictueux et ne désirent pas plus apprendre l'anglais que l'histoire de leur nouveau pays.

Mais tout est une question de quantité. Buchanan dresse un parallèle entre ces communautés hispano-américaines et les populations immigrées musulmanes d'Europe qui toutes deux agissent plus en colonies de peuplement agressives qu'en immigrants pacifiques désireux d'adopter les us et coutumes des pays d'accueil. Les États-Unis ne se reconnaissant déjà plus dans leurs valeurs, leur histoire ou leurs héros, on est en droit de s'interroger si l'arrivée annuelle de plus d'un million d'immigrés par an, dont 1/3 savent tout juste lire et écrire, est une situation de nature à reforger les liens d'une nation qui se défait ? Pour l'ancien conseiller des présidents républicains, le phénomène est d'autant plus inquiétant qu'il contrevient à la Constitution qui prévoit la protection des droits fondamentaux des citoyens américains .

 

L'école de Francfort

 

Comment en est-on arrivé là ? Comment une nation fière, soudée autour de fortes valeurs civiques, religieuses et patriotiques a pu se muer en cet empire décadent aux forces centripètes, rongé par le communautarisme, le relativisme et le vice ? Pat Buchanan, qui aime appeler un chat un chat, dénonce dans un de ses chapitres les plus toniques ce qu'il nomme le " catéchisme de la révolution ", corpus idéologique de doctrines diverses, mais ayant une origine culturelle commune, dont l'objectif plus ou moins avoué est la désagrégation de la morale traditionnelle héritée de la Bible et des Pères fondateurs.

Tout commence en 1923 lorsque le communiste hongrois George Lukacs fonde à Francfort un Institut d'études marxistes à l'intérieur même de l'Université. Constatant que la révolution bolchevique n'a pas réussi à embraser le monde, l'Institut propose un changement de stratégie radical : l'ennemi ne doit plus seulement être le capitalisme mais la civilisation occidentale elle même, jugée réactionnaire et donc ressentie comme une entrave majeure à la révolution des esprits, laquelle doit précéder celle des institutions. Viennent alors se greffer autour de Lukacs d'autres intellectuels en rupture de bans, à la fois marqués par la pensée de Marx mais aussi par celle de Freud : Horkheimer, Adorno, Fromm, Reich ainsi qu'un jeune étudiant exalté qui fera par la suite beaucoup parler de lui, Herbert Marcuse. L'École de Francfort était née et avec elle la " Théorie critique ", inspiratrice en ligne directe du mouvement political correctness qui empoisonne depuis plus de quinze ans la plupart des campus universitaires et des grands médias.

Chassés d'Allemagne en 1933, la plupart des membres de l'aréopage fuient vers les États-Unis, recueillis par quelques universités progressistes de la côte Est ; le temps de la guerre et d'une gestation de vingt années, et leur doctrine se dispersera comme une traînée de poudre sur l'ensemble des campus. La guerre du Vietnam, l'engouement pour les drogues, le désœuvrement et l'ennui d'une partie de la jeunesse ainsi que la généralisation de la télévision seront les facteurs amplifiants du phénomène.

Buchanan livre des exemples inquiétants du legs de cette pensée contestataire des années 60, devenue dominante et quasi institutionnelle auprès des élites de gauche du pays ; à ses yeux " l'Amérique est devenue un État idéologique, une tyrannie douce où la nouvelle orthodoxie est appliquée non par la police mais par les inquisiteurs de la culture de masse ". Dans cette Amérique marxisée, n'en déplaise à ceux qui ne voudraient y voir qu'un pays rétrograde obnubilé par la loi du marché, le " prolétaire " n'est pas l'ouvrier sidérurgiste ou le petit fermier mais la victime de l'oppression morale occidentale et chrétienne, à savoir au choix, le jeune, la femme, le noir, l'Indien, l'aliéné, le drogué, l'homosexuel, la baleine etc. Tout ceci pourrait sembler caricatural si Buchanan ne donnait de multiples exemples de cette inversion des valeurs, allant du grotesque au révoltant. Grotesques les directives scolaires qui imposent de retirer des programmes les références à l'histoire de la fondation des États-Unis, pour les remplacer par l'étude des coutumes du royaume du Mali ou de l'Empire aztèque, grotesque l'obligation de retirer des édifices publics de certains États du sud le drapeau confédéré sous prétexte de " racisme "...

Révoltante l'instauration de la catégorie dite de " crimes de haine " visant à accorder des circonstances atténuantes ou aggravantes selon la couleur ou l'inclinaison sexuelle de la victime : l'assassin blanc d'un voyou noir risquera ainsi beaucoup plus qu'un homosexuel coupable de meurtre avec sévices sur un adolescent hétérosexuel ; du pur déni de justice ! Comme le résume l'auteur en une phrase lapidaire, les " crimes de haine " sont " le moyen utilisé par les élites culturelles pour traquer racialement (sic) les mâles blancs et hétérosexuels ". Buchanan ne craint pas de provoquer en s'interrogeant : pourquoi les Afro-Américains (dénomination politiquement correcte des Noirs — 13 % de la population), qui sont à l'origine de la moitié des meurtres commis, sont-ils excusés pour des questions de discrimination alors qu'il s'agit tout de même d'une communauté libérée de l'esclavage il y a prés de 150 ans et qui dispose de subventions considérables par rapport à la moyenne des autres citoyens ?

 

Égaux devant Dieu

 

Que l'on ne se fourvoie toutefois pas sur les intentions de Buchanan. Il ne fait aucun doute pour lui que tous les hommes sont égaux devant Dieu, qui leur a donné le même droit à la vie, à la liberté et à la propriété ; mais il pense, tout comme les Pères fondateurs de 1776, lesquels étaient encore très marqués par la pensée classique, qu'il existera toujours une hiérarchie naturelle entre les hommes, dont les fondements ne sont pas la race, mais la vertu et le talent.

Les citoyens des États-Unis sont donc égaux devant Dieu, mais croient-ils seulement en lui ? Symptôme de décadence maintes fois relevé par les historiens et les moralistes, la perte du sens religieux caractérise l'Amérique contemporaine. Selon un sondage national, seulement 42 % des citoyens déclarent que le christianisme est la seule vrai foi alors qu'un siècle auparavant, en 1892, la Cour suprême énonçait d'une manière solennelle que les États-Unis étaient une nation chrétienne. Pour Buchanan, cette déchristianisation est le fruit d'un complot ourdi par les libéraux et les progressistes afin de miner l'un des fondements culturels de la nation et accélérer sa décadence : " Si l'on tue la foi d'une nation, son peuple cesse de se reproduire et les armées étrangères ou les immigrants pénètrent le territoire et remplissent les espaces vacants. " Phénomène assez facilement vérifiable puisque, chaque année, les américains pratiquent légalement plus d'un million d'avortements tout en laissant entrer sur leur sol le même nombre d'immigrants... Le modèle de la vertueuse Amérique puritaine, avec ses familles rurales nucléaires de cinq enfants minimum tend à s'étioler, pour ne plus représenter à peine qu'un quart des familles, alors que la famille monoparentale devient de plus en plus la norme : aujourd'hui, un enfant blanc sur quatre naît hors mariage, statistique qui monte à trois sur quatre chez les membres de la communauté noire. Comme le disait T.S. Eliot, si le christianisme va, c'est l'ensemble de notre civilisation qui s'en va.

 

Populisme offensif

 

Rongés par la political correctness, attaqués dans ses racines religieuses par les pouvoirs exécutifs et judiciaires ainsi qu'une majeure partie des médias et des cercles intellectuels radicaux, abrutis par la veulerie télévisuelle et un hédonisme ambiant délétère, minés par le mal de vivre et la criminalité (six millions de drogués et deux millions de prisonniers), les États-Unis ont-ils les moyens de se ressaisir ? Oui dit Buchanan, si la droite populaire chrétienne cesse de se défendre et passe à l'offensive. Qu'elle ne se contente plus de vouloir conserver des lambeaux de l'ordre ancien mais " qu'elle devienne contre-révolutionnaire en renversant la culture dominante ". Trop longtemps obnubilée par le péril communiste et la lutte contre la fiscalité, la droite classique américaine s'est laissée dépasser sur le front social, culturel et éthique par des agitateurs révolutionnaires devenus maîtres dans l'exploitation des médias, notamment à l'égard de la jeunesse.

Buchanan se situe donc sur un terrain résolument " populiste ", considérant par là qu'il n'y a pas d'un côté une Amérique pauvre qui vote démocrate et une Amérique riche qui vote républicain, mais des élites professionnelles bureaucratiques qui pratiquent le clientélisme électoral auprès de minorités bien ciblées et une " majorité intimidée " encore attachée aux valeurs traditionnelles de l'Amérique profonde. C'est cette dernière catégorie qu'il s'agit de convaincre en lui montrant qu'elle détient encore une grande force politique. À l'image des fondateurs et des pionniers, les Américains doivent redevenir des rebelles pour mettre à bas les nouveaux tyrans et reconquérir le terrain abandonné à l'adversaire. Pour ce grand dessein national, il faut des mesures courageuses de rupture :

- Natalité et famille : salaire pour les mères au foyer, déductions fiscales pour les employeurs de pères de familles nombreuses, suppression des droits de succession, restriction du recours à l'avortement,

- Immigration et assimilation : expulsion de tous les clandestins, limitation de l'immigration légale à 250 000 personnes /an, préférence nationale pour les emplois, apprentissage obligatoire de l'anglais dés la maternelle,

- Souveraineté nationale : suppression des financements au FMI et à la Banque mondiale, abolition de l'OMC et retour aux traités bilatéraux, limitation des pouvoirs de l'OTAN et retrait total des troupes US de l'Europe,

- Culture et politique : limitation des pouvoirs de la Cour suprême, révision des programmes scolaires, boycott citoyen des entreprises contraires aux bonnes mœurs, recours plus systématique au referendum sur les sujets de société, suppression des subventions fédérales aux associations subversives, abolitions du monopole de l'éducation nationale, recours à la censure.

On trouvera de ce côté ci de l'Atlantique qu'il s'agit d'un programme réactionnaire et autoritaire bien difficile à appliquer. C'est mal connaître le pays de Buchanan : il s'agit encore d'un véritable régime démocratique, capable de se mobiliser par les urnes et de se remettre en cause. Jamais l'ostracisme et l'intolérance manifestés unilatéralement entre les deux tours de la présidentielle française n'eussent été imaginables dans la patrie de Washington. Ceci doit nous inciter, nous Français et Européens, que Buchanan considère déjà comme des cadavres ambulants en marche vers la sortie de l'Histoire, à méditer sur la manière de tenir les rênes de notre destinée. S'il est vrai que le devenir de l'Occident est lié à celui du christianisme, comme le pape ne cesse de le suggérer en intervenant chaque fois que possible à propos de la " nouvelle Europe ", l'instant est critique. Sur les bords de la Seine, de la Spree ou de la Volga, la jeunesse consomme aujourd'hui plus de stupéfiants qu'elle ne communie à la sainte hostie.

 

J.-D. M