Le général Tauzin revient sur le génocide rwandais

Source [Boulevard Voltaire] Le général Didier Tauzin réagit au micro de Boulevard Voltaire au récent rapport Duclert publié sur le génocide des Tutsis par les Hutus en 1994 au Rwanda.

Les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda évoluent. Le rapport Duclert est censé faire la lumière sur les atrocités commises au Rwanda et sur les éventuelles responsabilités françaises. Vous avez été le patron de l’opération Chimère et de l’opération Turquoise. Vous aviez publié en 2011 un livre intitulé Rwanda : je demande justice pour la France et ses soldats ! Vous avez pu prendre connaissance de ce rapport Duclert. Reflète-t-il la réalité de ce qui s’y est passé ?

Très partiellement, mais nous sommes sur une bonne voie puisqu’il est enfin dit que la France n’est pas coupable de génocide au Rwanda. Il est enfin dit que la responsabilité de la France est autre. C’est une mauvaise appréciation de la situation du pays et des ennemis en particulier antagonistes. Il y a des intérêts partisans électoraux très différents de la réalité du terrain qui ont perturbé la politique française. Je suis satisfait pour cette raison. Ceci étant, on est loin de la réalité. Il faut tout de même penser à quelqu’un comme Boutros Boutros-Ghali qui était à l’époque secrétaire général de l’ONU. Il était aux premières loges concernant cette affaire. Il avait écrit à peu près textuellement que la responsabilité du génocide rwandais était d’abord celle de Kagame, mais aussi celle des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de quelques autres pays. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé.

La France serait une sorte de bouc émissaire dans ce sinistre épisode…

La France est évidemment un bouc émissaire dans cette affaire pour de multiples raisons. Alors qu’elle était la deuxième puissance mondiale en 1975, elle est devenue un lilliputien mondial à tout point de vue, économique et politique. Nous sommes sous la coupe des États-Unis, de l’OTAN et  des idéologues français qui préfèrent leur parti à leur patrie.

Depuis plusieurs années, on a l’impression que le gouvernement rwandais de Paul Kagame joue avec ce génocide pour faire pression sur la France. Ce rapport permet-il de sortir de cette situation néfaste pour la France ?

 

Pour l’instant, il ne va pas assez loin. La France n’est pas coupable du génocide. Elle a des responsabilités par les échanges pour diverses raisons. On n’en est pas à 800 mille morts, mais à 12 millions de morts. Ce n’est pas suffisant pour faire la lumière complète sur cette affaire.

Un autre point m’intéresse beaucoup. Pardonnez-moi de changer un peu de sujet. Nulle part, je n’ai vu incriminer l’armée française et les soldats. Alors, que depuis 1994, nous avons subi des quantités de campagnes de calomnies, tout d’un coup on ne trouve plus rien quant à notre rôle dans cette affaire. Ceci étant, il serait temps maintenant d’aller plus loin. Il ne faut pas oublier que le président de la République est le chef des armées. Le moral des troupes est un facteur essentiel pour la réussite des armées en opération. Au nom de lui-même et de ses prédécesseurs, il est de son devoir de laver l’honneur de la France, des armées françaises et de chaque soldat français ayant servi là-bas.

Pour compléter vos propos, il faut rappeler qu’en 2008, le gouvernement rwandais avait sorti le rapport de la commission Mucyo. Cette commission accusait textuellement la France d’avoir formé des milices dans le cadre de ce génocide et que les soldats avaient pris part à des massacres et des viols. A l’époque, les accusations étaient allées très loin.

Ces accusations ont été complètement balayées par des chercheurs français comme Charles Onana.  Après avoir été très favorable à la thèse concernant les massacres, une journaliste canadienne s’y est très largement opposée. Elle aussi a compris. Il faudrait aller plus loin que le rapport Mucyo qui est une pâle copie de ce qu’étaient les rapports du KGB autrefois.

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