Article rédigé par Philippe de Saint-Germain, le 29 mai 2009
Mgr Dubost, était cette semaine l'invité d'Élodie Chapelle sur Radio Notre-Dame. À quelques jours de la fête de la Pentecôte qui prend ses racines dans la fête juive des Semaines où l'on célèbre Dieu faisant à Israël le don de la Torah et de la Révélation, réfléchir aux commandements était donc particulièrement approprié.
L'évêque d'Évry-Corbeil-Essonne ouvre l'émission en soulignant l'intuition de sa dernière publication Choisis donc la vie, prier les dix commandements (Desclée de Brouwer) : savoir que Dieu aime la vie et qu'il nous appelle à la vie. Les commandements ne sont pas des contraintes mais aident à vivre l'absolu de Dieu dans le relatif des relations des hommes et des femmes . Ils sont cette loi naturelle , ces droits de l'homme , ce qui est attaché à la dignité humaine et qui doit être respecté quoi qu'il arrive. Les commandements, c'est ce qui atteint le fondement de l'homme et de la société , la dignité de Dieu que l'on respecte. S'arrêtant longuement sur le troisième commandement, sur la question du sabbat, la réponse se fait développée en ces temps de périls sur le dimanche.
Mgr Dubost rappelle l'ancrage biblique du dimanche avec un paradoxe : Les dix commandements sont placés au livre de l'Exode à un moment où les gens ne travaillent pas et où ils ont leur nourriture en prenant la manne, et leur eau en puisant aux sources. Non seulement, ils ne travaillent pas mais on peut dire que la seule mention directe au travail dans les dix commandements, c'est de ne pas travailler !
L'étonnant du commandement ( Observe le jour du sabbat pour le sanctifier , Deut 5, 6-21), c'est que le respect de ce jour va bien au-delà du dimanche . Je suis tout à fait partisan du respect du dimanche, mais ce que rappelle le sabbat à l'homme et à la femme c'est ceci : "Tu n'es pas Dieu, ne te prends pas pour Dieu, tu dois participer à la création certes, tu es gérant de la terre certes, mais cette terre vient de quelqu'un d'autre, et tu dois montrer dans ta vie, dans ton corps, dans ta manière d'être que tu n'es pas à l'origine de tout". En amont de ce commandement, le fait que l'homme doive reconnaître qu'il n'est pas l'auteur de tout, qu'il a une origine, qu'il a reçu des choses, qu'il arrive dans un monde déjà fait. S'ajoutent à cette explication simple, les raisons théologiques où le sabbat est institué pour faire comme Dieu .
L'évêque d'Evry insiste sur l'importance de la prière et donne en dernier lieu une analyse plus mystique :
Le sabbat – les juifs aiment beaucoup parler de la fiancée du sabbat – c'est le temps où la terre (et l'homme a cette fonction sacerdotale d'offrir la terre) doit rencontrer Dieu, et doit signifier son amour à Dieu. De là, nous plaçons notre volonté de culte notre volonté de nous réunir un jour par semaine ; (nous ne nous réunissons pas le sabbat mais le dimanche ce qui n'est pas tout à fait pareil). "Cette fiançaille" dit qu'"il y aura une unité du monde à venir". Les six autres jours de la semaine sont là pour faire advenir autant qu'il dépende de nous, ces épousailles de Dieu et de l'humanité ; il me semble que le sabbat n'est pas simplement un signe de la création passée mais signe du futur et qu'il m'invite à regarder ma vie telle qu'elle est, c'est-à-dire ouverte à un avenir d'unité du monde qui devrait m'ouvrir à une sorte d'écologie chrétienne.
Invitant à relire les épîtres de Paul, l'évêque de villes nouvelles termine son commentaire sur le sabbat en avançant un conseil sage : Il faut que nous, les urbains, nous prenions le temps de l'admiration ; le sabbat, c'est une invitation à admirer la beauté de la création, admiration de la nature mais aussi admiration des hommes, des femmes, de la construction. La finale se fait lyrique : Si tous les chrétiens du monde prenaient le temps de l'admiration... H.B.
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