Article rédigé par Denis Lensel, le 29 avril 2015
La réforme du collège annoncée par l’implacable ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a quelque chose d’effrayant.
Qu’on en juge : éjection de l’enseignement du latin et du grec des programmes officiels des collèges, ces « langues anciennes », déjà amputées jadis par Edgar Faure au lendemain de Mai 68, étant laissées totalement à la discrétion des établissements scolaires chroniquement privés de moyens, suppression des classes européennes et « bilingues » pénalisant en particulier l’apprentissage de l’allemand…
S’attaquant à nouveau aux racines de la langue française, Mme le ministre a quelque chose d’un bulldozer lancé à pleins gaz contre un édifice déjà mal conçu par l’absurde loi Haby du « collège unique » de 1975. Ou même d’un rouleau compresseur qui aplatit les différences…
Fragilisé en outre par une démagogie étatique de nivellement par le bas et par des utopies « pédagogistes » qui font fi des contenus à transmettre au détriment de méthodes désastreuses, le collège qui rassemble en France les élèves de la 6ème à la 3ème sans aucune sélection préalable depuis la suppression de l’examen d’entrée en 6ème est devenu au fil des ans un vaste fourre-tout : il recueille les naufragés d’un enseignement primaire sinistré en particulier par la méthode globale d’initiation —hâtive — à la lecture sans compenser solidement leurs lacunes.
Déracinés
Et maintenant, nouvelle vague destructrice, voilà qu’on taille encore davantage dans les programmes scolaires, en dénonçant « un système inégalitaire de reproduction sociale » avec des accents dignes des théoriciens marxistes du XIXe siècle et du XXe siècle. Alors qu’en privant les jeunes Français de leur héritage culturel, on en fait des orphelins et des déracinés, à la merci de l’endoctrinement démagogique qu’on leur dispense en même temps, d’autant plus facilement qu’on les a privés de plus en plus de tout moyen de connaître leur histoire et leur culture, et donc de tout esprit critique véritable.
Triste entreprise, sous le signe d’un curieux « genre » qu’on inculque parallèlement aux enfants dès le plus jeune âge, désormais sans contrepoison ni défense immunitaire… En route vers un « Meilleur des mondes » où on incite chacun à jouir de l’instant présent, mais surtout pas à réfléchir. L’État s’en chargera pour vous, jeunes gens… Demandez le programme, on vous le donnera, de la maternelle à l’université, et surtout, ne le discutez pas !
Denis Lensel
***