[Source : Magistro]
Nous baignons tous, du matin au soir, dans l’illusion présidentialiste. De fait, l’Elysée est l’arbre qui cache la forêt d’une réalité infiniment complexe et le grand guignol médiatique ne doit pas occulter la réalité : un président sans majorité à l’Assemblée nationale – qui vote les lois – est privé de tout pouvoir réel. La période électorale qui entre dans ses deux derniers mois est sans aucun précédent dans l’histoire de la Ve République : totalement incertaine. Pourtant, le spectre des scénarios possibles n’est pas indéfini :
La victoire aux présidentielles de M. Macron, donnée aujourd’hui comme l’hypothèse la plus probable par les médias et les sondages. Elle traduirait le triomphe d’une image, d’un reflet, d’un enfumage à grande échelle, d’une chimère adossée au néant. Les socialistes l’ont rejeté (exclusion en cas de parrainage) et les Républicains ne le considèrent pas comme un des leurs. M. Macron, sans majorité possible, tente aujourd’hui de susciter ses propres candidatures aux législatives. Mais il est irréaliste de lancer dans la nature 600 candidats sans la moindre implantation locale et d’espérer leur victoire contre les partis établis. Nous aurions alors deux hypothèses : soit un éclatement de l’Assemblée nationale, sans majorité possible, signifiant le retour à une France totalement ingouvernable des dernières années de la IIIe et de la IVe ; soit, dans la logique de l’alternance, une nette victoire des Républicains, impliquant la nomination d’un Premier ministre républicain qui prendrait en main le gouvernement du pays, dans un contexte bien différent des précédentes cohabitations où le chef de l’Etat avait l’avantage de l’antériorité et de l’expérience.
Une victoire de Mme le Pen, improbable mais possible si elle était opposée au second tour à M. Hamon (ou M. Mélenchon). La présidente se trouverait alors, presque à coup sûr, face à une Assemblée législative droite/gauche profondément et unanimement hostile. Tout premier ministre nommé par elle serait aussitôt renversé. L’Elysée ne pourrait pas engager la moindre réforme ni prendre aucune décision en l’absence de majorité et de gouvernement stable. Nous entrerions dans une période d’impuissance générale, de fuite dans la polémique stérile et la communication à outrance, un désordre indescriptible et d’une durée indéterminée. Une victoire de M. Hamon, à la suite d’une confrontation gagnante avec Mme Le Pen : rien ne permet de l’exclure à coup sûr. Nous entrons là aussi dans une logique de crise. Il est fort improbable qu’il obtienne une majorité absolue pour réaliser les promesses irréalistes sur lesquelles il a gagné les primaires socialistes dans une surenchère démagogique.
Le parti socialiste se scinderait et le pays, sans gouvernement, déchiré par le spectre de son programme inapplicable, sombrerait dans le chaos. Une victoire de M. Fillon, malgré tout la plus vraisemblable, suivie d’une "vague bleue" à l’Assemblée nationale. Ce scénario est le seul qui préserve la possibilité d’un système de "majorité présidentielle" permettant au chef de l’Etat de faire prévaloir sa volonté et d’appliquer une politique cohérente. Mais au-delà, les conditions de son élection n’auront, quoi qu’il arrive, rien de triomphal et son autorité personnelle en sera affectée dès le départ. Tout l’enjeu pour lui sera d’éviter de s’enfermer dans une logique de l’impuissance narcissique qui a miné le mandat de M. Hollande et d’essayer de construire un pouvoir de nature plus partagée et collective autour d’un Gouvernement d’action et de volontarisme. Une autre issue : émergence fulgurante d’une autre personnalité républicaine ou assimilée – M. Dupont-Aignan, Mme Alliot-Marie, M. Guaino – ou tout autre personnage issu du monde politique de la société civile, prospérant soudain sur les ruines de la politique française. Qui sait ?Quoi qu’il arrive, il me semble qu’après 2017, rien ne sera plus comme avant. Nous sommes dans une phase de transition, qui rend la période actuelle si étrange, incertaine, désagréable. Un régime, un système de pouvoir est en train d’agoniser et nous entrons dans l’inconnu…
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Vous oubliez François Asselineau, qui , malgré l'omerta des médias, ne cesse d'engranger de nouvelles adhésions à son parti l'Upr,,fondé en 2007. Bientôt 16000 membres. Extrêmement sérieux et compétent.. Voir https://www.upr.fr/programme-elections-presidentielles-france