Le journal « La Croix » titre le 6 février sur les OGM. Cultivera-t-on des OGM en France ? La Commission européenne, en l’absence de décision des États membres, a autorisé la commercialisation et la mise en culture de trois OGM : deux maïs et une pomme de terre. Les États peuvent s’opposer à la mise en culture en justifiant cette opposition. Le dossier fourni par la France n’a pas été jugé suffisant. S’appuyant sur la décision européenne, Monsanto (producteur du maïs Mo 810, cultivé en France jusqu’en 2007) a saisi le Conseil d’État qui a annulé la clause de sauvegarde française. Il est donc juridiquement possible de cultiver le Mo 810 en France jusqu’à ce que l’émission d’une nouvelle clause de sauvegarde l’interdise.
Des études scientifiques ont été menées depuis maintenant 20 ans concernant les effets des OGM sur les hommes et les animaux ; elles n’ont révélé aucun effet néfaste. Actuellement, en France, l’alimentation animale utilise du soja OGM importé sans qu’aucun effet particulier ne soit apparu. Notons, au passage, que 75% des surfaces cultivées en soja dans le monde le sont en OGM[1].
Les cultures OGM couvrent 148 millions d’hectares et ne cessent de progresser. Elles concernent principalement le soja, le coton, le maïs et le colza. 90% de la demande en maïs concerne des semences OGM. Les principaux pays utilisateurs d’OGM sont les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, la Chine et l’Inde. En Afrique, l’Afrique du Sud cultive 2,2 millions d’hectare et le Burkina-Faso y consacre maintenant une part importante de ses surfaces en coton. L’utilisation des OGM, dans ces pays, réduit la consommation d’herbicides et d’insecticides.
Les détracteurs des OGM invoquent le principe de précaution : ils estiment que les études menées sur la nocivité potentielle des produits l’ont été sur des durées trop courtes pour que l’on mesure avec certitude leurs effets. Ils craignent leur dissémination et la pollution des cultures non OGM et BIO à leur proximité. Ils avancent aussi que les OGM rendent les agriculteurs dépendants des semenciers : en fait, dans nos pays, pour les cultures non OGM, c’est déjà le cas, les semis se faisant le plus souvent sans recours aux récoltes précédentes.
Bien que la France refuse officiellement la culture d’OGM, notre pays se prépare à leur diffusion : des textes réglementaires sont en cours d’élaboration concernant les obligations auxquelles devront se soumettre les utilisateurs d’OGM. Les associations anti OGM les considèrent comme très insuffisants.
L’INRA a maintenu, malgré les actions des faucheurs, des expérimentations « indispensables pour l’avenir afin d’évaluer les OGM proposés par les multinationales ou pour développer une capacité d’innovation face aux incertitudes climatiques et sanitaires.[2] » Les semenciers français continuent la recherche : Limagrain, 4ème semencier mondial, développe ses recherches de laboratoire en France mais doit faire ses essais à l’étranger (Espagne, États-Unis). Notons que Limagrain est une coopérative d’agriculteurs…
Retrouvez tous les articles de la présidentielle sur l'environnement dans le dossier :
[1] OGM.org
[2] Entretien de Marion Guillou, PDG de l’INRA, aux « Échos » le 17 août 2010, suite à la destruction de pieds de vigne OGM en expérimentation légale en Alsace.
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Il n'est pas inutile de savoir la position de l'Eglise sur les OGM :
Voir le commentaire en entierL’Académie pontificale des sciences a organisé, du 15 au 19 mai 2009, une semaine d’étude sur les plantes transgéniques, pour la sécurité alimentaire dans le contexte du développement. Les 35 experts venus de tous horizons, dont 5 académiciens, ont fait, pendant ce séminaire, un tour d’horizon de plus de 1000 documents relatifs à l’application et la diffusion des biotechnologies dans le monde, et discuté de leur impact sur le développement des nations et des peuples. La revue « Study Week » a publié les conclusions de ce séminaire. On peut notamment y lire : « il n’y a rien d’intrinsèque dans le recours à l’ingénierie génétique pour l’amélioration des cultures qui rendrait dangereux les plantes elles-mêmes ou les produits qui en sont dérivés ». Les conclusions poursuivent, citant le physicien Nicola Cabibbo : « Plus d’un milliard de personnes (…) sont actuellement sous alimentées, une condition qui requiert le développement urgent de nouveaux systèmes et technologies agricoles ». Elles suggèrent alors que « l’utilisation appropriée de l’ingénierie génétique et d’autres techniques modernes dans l’agriculture contribue à faire face à ces défis ».
Sur un plan plus éthique, l’Eglise exprime clairement que l’intervention de l’homme sur les caractéristiques génétiques des espèces animales et végétales n’est pas contraire au plan de Dieu sur la création : le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise parle de la « licéité des techniques biologiques et biogénétique » (Comp. n°473). En effet, « La vision chrétienne de la création comporte un jugement positif sur la licéité des interventions de l’homme sur la nature, y compris aussi sur les autres êtres vivants, et en même temps, un fort appel au sens des responsabilités » (Comp. n°473).
On pourra lire avec intérêt un article faisant le tour de la question sur le site "ordinatissima.com" à l'adresse suivante
http://www.standelarminat.com/ordinatissima/index.php?option=com_content&view=article&id=24%3Aquelle-est-la-position-de-leglise-sur-les-plantes-ogm-&catid=10%3Alecologie-sociale&Itemid=1